En transformant les déchets en chaleur, l’usine d’incinération du Mirail alimente plusieurs quartiers de Toulouse en chauffage et en eau chaude. Ce réseau urbain, nourri essentiellement d’énergie renouvelable, est l’un des premiers du genre en France.
En ce début du mois de novembre, comme chaque année, les Toulousains se précipitent sur leur thermostat pour relancer le chauffage, laissé au repos depuis l’hiver dernier. Dans le quartier du Mirail, les radiateurs installés dans les immeubles commencent à tiédir et la température des appartements augmente peu à peu. Mais ici, l’eau chaude qui circule dans les tuyauteries a ceci de particulier qu’elle est issue d’énergie renouvelable. Et c’est le cas dans plusieurs bâtiments publics, copropriétés, ensembles de logements sociaux, bureaux, etc.
Aux abords de l’avenue Eisenhower, la cheminée fumante du centre de valorisation des déchets urbains atteste d’une activité maximale. Plus connu sous le nom d’incinérateur du Mirail, il recueille les ordures ménagères de la Ville rose, de Blagnac, de Villeneuve-Tolosane et de Cugnaux. « Soit 150 000 tonnes de détritus par an », souligne Pierre Trautmann, adjoint au maire de Toulouse en charge de la commande publique. Gérée en délégation de service public par la Société thermique du Mirail (Setmi), l’usine est également le point de chute des ordures émanant des déchetteries, des déchets industriels banals ainsi que de collectes issues d’autres contrats que celui conclu entre la Setmi et Toulouse Métropole. 280 000 tonnes au total chaque année.
« 20 Gigawatts par heure sont ainsi produits »
Tous sont jetés dans une fosse qu’un grappin vient survoler régulièrement. Cette énorme pince plonge dans la cavité pour en sortir des amas de déchets qu’il déverse ensuite sur des trémies. Lentement, ces tapis roulants amènent les ordures inertes vers leur dernier usage, l’incinération. Ils les répartissent pour les envoyer dans quatre fours, d’une capacité de 10 à 11 tonnes chacun, susceptibles de brûler 1 000 tonnes de déchets par jour. La chaleur émanant de ces fourneaux, entraîne une turbine qui la transforme en électricité. « 20 gigawatts-heure sont ainsi produits », précise l’élu. Ils permettent, dans un premier temps, d’assurer l’autoconsommation du centre de valorisation en électricité et en chaleur, puis d’injecter celle qui alimentera tout le réseau urbain de chauffage.
En tout, ce sont 40 kilomètres de canalisations qui serpentent sous les quartiers du Mirail, de Bagatelle, de la Cartoucherie, de Bellefontaine et de la Reynerie pour apporter le chauffage à leurs habitants. Mais aussi au Cancéropole, à l’hôpital Marchant, à des gymnases, à la faculté Jean-Jaurès, à Tisséo… « 158 abonnés sont actuellement comptabilisés sur le réseau de chauffage urbain », énumère Pierre Trautmann. Mais ce nombre est voué à augmenter puisqu’un second réseau verra le jour l’été prochain. « 36 kilomètres de canalisations supplémentaires pour alimenter les quartiers de Rangueil, Empalot, Niel, Saouzelong, Saint-Exupéry, Toulouse Aerospace et Malepère », précise Toulouse Métropole.
« Une solution de chauffage plus économique et plus respectueuse de l’environnement »
Un réseau de chaleur vertueux qui permet à la collectivité de maîtriser sa consommation d’énergie, tout en proposant à ses habitants une solution de chauffage plus économique et plus respectueuse de l’environnement », déclare Valérie Patron, directrice régionale de Dalkia Sud-Ouest, qui a remporté la gestion en délégation de service public du second réseau, baptisé Plaine Campus. « Économique parce que ce mode de production de chauffage nous donne la possibilité d’afficher un prix d’amorce de 49 euros du mégawatt-heure. C’est un des moins chers de France », certifie Pierre Trautmann.
Et écologique car « plus de 50% de la chaleur générée provient d’énergie renouvelable », poursuit-il. Quand le réseau Plaine Campus sera achevé, le taux de performance de l’usine dépassera les 65% (45% pour l’instant), ce qui donnera accès à des baisses de taxes. « Elles seront répercutées sur le consommateur dont les impôts collectés pour le traitement des ordures diminueront », garantit l’élu.
Pour assurer une telle performance et un bon rendement, tout le secret réside dans la répartition des déchets à incinérer durant l’année : « Nous avons besoin de plus de puissance en hiver, lorsqu’il s’agit d’alimenter tout le réseau en chauffage et en eau sanitaire », observe Pierre Trautmann. Ainsi, des échanges d’ordures ont lieu avec le centre de valorisation des déchets de Bessières et des réserves sont aussi constituées. Les détritus recueillis l’été sont compactés et entreposés en balles pour être brûlés en hiver et générer la chaleur nécessaire à l’approvisionnement de l’équivalent de 18 000 logements anciens ou 25 000 logements répondant aux dernières normes thermiques. Le trop-produit par l’incinérateur étant dissipé dans l’air. Lorsque l’usine du Mirail sera raccordée au second réseau, c’est l’équivalent de 15 000 logements neufs supplémentaires qui seront également desservis.
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