EMBALLEMENT. Le plastique est partout. Présent en milliers de particules dans l’eau ou dans la bière que nous buvons, piégé dans chaque litre des glaces de l’Arctique ou enfoui dans la fosse des Mariannes, à 11 000 mètres de profondeur. En 65 ans, l’Homme a produit 6 milliards de tonnes de déchets plastique, dont il ne sait comment se défaire. Parce qu’il limite la dispersion de ces matières dans l’écosystème et diminue de fait leur production, le recyclage est un enjeu majeur. Citoyens, entreprises, collectivités, chacun est appelé à changer ses habitudes pour donner une nouvelle vie au plastique. Et préparer un avenir fantastique.
© Rob SinclairDans l’inconscient collectif, le danger du plastique est désormais incarné par ce fameux septième océan constitué de déchets flottants. Pourtant, ce dernier ne représente que 2 à 3 % de l’ensemble du plastique consommé annuellement et dont la grande majorité est enfouie dans les décharges. Si la partie visible de l’iceberg s’avère efficace pour sensibiliser l’opinion, elle ne suffit pas à mesurer le risque qui nous guette. « Outre l’aspect inesthétique, encore faut-il comprendre pourquoi le plastique pose problème. Ces déchets qui vont se dégrader en microparticules en une centaine d’années pénétreront ensuite dans nos organismes. Avec des conséquences sur la santé que l’on ignore encore », alerte Nathalie Gontard, directrice de recherche à l’unité Ingénierie des agropolymères du centre Inra de Montpellier.
En France, à l’occasion de l’annonce du Plan Climat, le gouvernement faisait part de sa volonté de diviser par deux les déchets mis en décharge et surtout de recycler 100 % des plastiques sur tout le territoire d’ici 2025. On en est actuellement très loin. Et malgré les engagements pris pour mettre en place des consignes sur les bouteilles et l’opportunité donnée aux entreprises de réincorporer du plastique recyclé dans leur mode de production, de nombreux acteurs de l’environnement doutent très fortement de la possibilité d’atteindre cet objectif. Aujourd’hui, ce sont autour de 25 % des plastiques qui sont effectivement recyclés et un tiers qui finissent à la décharge. De plus, la demande continue, elle, d’augmenter pour répondre aux besoins de l’agroalimentaire, de l’automobile ou encore du BTP.
Pour Nathalie Gontard, l’objectif n’est tout simplement pas le bon : « Il faut absolument améliorer le recyclage, c’est un fait. Mais communiquer sur l’objectif 100 % est une grosse erreur. C’est comme si en cas d’inondation, on se précipitait sur les serpillières alors que le premier réflexe doit être de fermer le robinet ». Car le plastique fait partie des matériaux difficilement recyclables. Moins de 50 % des différentes sortes existantes sur le marché le sont et à l’inverse du verre, il est impossible à recycler à l’infini. « Le plastique est un polymère qui se dégrade à chaque fois qu’on le recycle. Donc, c’est certes mieux que rien, mais on ne fait que retarder le problème. Et surtout pendant ce temps, on ne prend pas les mesures qui s’imposent en amont. Il n’y a qu’en limitant la consommation que l’on pourra réellement construire une économie circulaire », affirme la spécialiste en sciences de l’aliment et de l’emballage.
Le défi de la recherche consiste donc désormais à trouver des alternatives à ce matériau qui a révolutionné notre quotidien à partir des années 1960. Léger, peu coûteux, il représentait alors un progrès majeur dans la sécurité alimentaire. Aujourd’hui, de nombreux acteurs appellent directement à se débarrasser de nos habitudes pour moins puiser dans les matières premières non renouvelables dont il dérive, notamment le pétrole.
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