TRANSITION – Un groupe d’habitants travaille actuellement à monter une coopérative pour installer des panneaux photovoltaïques sur les toits de Toulouse. Rencontre avec l’un des porteurs du projet Citoy’enR.
Se regrouper pour produire de l’énergie made in Toulouse. Telle est l’idée actuellement développée par l’association Citoy’enR. Une dizaine de bénévoles travaillent depuis deux ans à la création d’une coopérative qui produira de l’énergie propre. Les Toulousains pourront investir leur épargne en y achetant des parts sociales. L’argent ainsi placé servira à financer l’achat et l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits de la métropole.
«Nous allons créer des parcs solaires de 60 à 70 m² qui pourront couvrir la consommation d’électricité de trois foyers pendant un an. À l’échelle individuelle, investir 50 euros permettrait de produire plus de 100 kilowatts-heure (kWh) par an pendant vingt ans, soit la consommation annuelle d’un ordinateur de bureau tous les ans sur la période», explique Benjamin Toullec, l’un des porteurs de cette initiative unique à Toulouse. L’énergie produite ne sera pas consommée directement mais réinjectée dans le réseau et rachetée par EDF à un tarif préférentiel. Les sommes généées serviront à financer des projets pédagogiques et seront reversées aux membres de la coopérative : «Les taux de rémunérations seront équivalents aux livrets d’épargne classique, sauf que l’on sait à quoi sert notre argent», précise Benjamin Toullec.
« Cela permet de savoir d’où vient l’énergie que l’on consomme »
Un système gagnant-gagnant qui, aux yeux du trentenaire, permet « de savoir d’où vient l’énergie que l’on consomme.» Pour donner à voir l’impact potentiel de ce projet, il s’est amusé à un rapide calcul. Sachant que l’épargne moyenne d’un habitant de Midi-Pyrénées est de 21 000 euros, si l’ensemble des habitants de la région investissait 1/7e dans ce type de projets, il estime que Toulouse pourrait être autosuffisante en énergie électrique.
Pour Benjamin Toullec, participer à Citoy’enR est un pas de plus dans son engagement dans l’écologie. Il est en effet déjà bénévole dans les mouvements Toulouse en transition et Alternatiba. Grâce à ce nouveau projet, cet ingénieur en mécanique spatiale met à profit ses compétences. Car si les volontaires sont aidés dans leur démarche par l’incubateur Première brique et par la coopérative Enercoop qui leur fournit des conseils techniques, ils doivent aussi mettre les mains dans le cambouis. «Entre les aspects administratifs, économiques et juridiques, nous avons presque deux boulots», dit-il en souriant.
Leur investissement paye puisque plusieurs collectivités se disent prêtes à mettre à disposition leurs toits. Parmi elles, Toulouse, Saint-Orens, Tournefeuille et Aucamville. L’objectif est aussi de les convaincre d’investir, car l’épargne citoyenne seule ne suffira pas. «Nous sommes plutôt confiants car les communes sont de plus en plus tenues de produire de l’énergie renouvelable avec les plans Climat ou les Agenda 21. Or elles ont aussi de moins en moins de moyens financiers pour le faire. » En tout, une douzaine de sites publics ou privés sont déjà identifiés pour accueillir des panneaux solaires. Avec l’objectif d’installer les premiersau deuxième semestre 2017, et contribuer à la transition énergétique de la métropole. «En Allemagne, 50 % de l’énergie renouvelable est produite grâce à ce type d’initiatives citoyennes», se réjouit Benjamin Toullec.
Commentaires