À Borderouge, le samedi mati, le marché de la place du Carré de la Maourine est incontournable pour qui veut croiser ses voisins au-delà de son palier. Le rendez-vous est fixé au centre de la place, où une table en plastique blanc fait office de point de rencontre…
« Cette table, c’est la seule maison des associations du quartier ! », résume Alain, qui distribue des tracts pour la prochaine Fête des voisins organisée par Animabord, dont il est un membre actif. L’association anime Borderouge depuis 2012 et, comme beaucoup d’autres, n’a pour tout local que cette table en plastique blanc sur le marché de la place du Carré de la Maourine le samedi matin. Le quartier vient à peine de sortir de terre, entre les Minimes, Croix Daurade et les Izards, sur les friches d’anciens champs de maraîchage.
En attendant d’être logé – on parle d’un chantier livré fin 2019, derrière la future mairie – Animabord annonce ici ses nombreux évènements, destinés à faciliter et multiplier les rencontres entre les habitants de ce quartier résidentiel, aux innombrables immeubles neufs. Journée nature, jardins partagés, jeux de pistes, atelier compost… « Il s’agit de rapprocher des gens qui ne se sont jamais vus ou qui se croisent tous les jours, de dynamiser ce quartier en créant du lien social », assure Alain.
C’est aussi le credo du père Boyer, qui se joint tous les samedis matins à la table du marché de la Maourine. Il explique devoir provisoirement donner la messe dans une salle de l’école Sainte-Germaine-de-Borderouge : « Cela m’est égal, je pourrais officier dans un garage ! L’important est de réunir les habitants, pour qu’ils se parlent. J’aime mettre en relation. » Le prêtre, célèbre pour avoir écrit le ”Notre Père des footballeurs”, est membre de nombreuses associations, dont Animabord et la Jeunesse Entente Toulousaine, un centre sportif qui compte 600 licenciés, à quelques centaines de mètres d’ici. « C’est un lieu où l’on fait connaissance avec l’autre, quelle que soit sa culture. Le sport est un moyen formidable de rencontrer son prochain », affirme celui qui, dans quelques jours, assistera là-bas au coup d’envoi de la Coupe du monde des quartiers, une compétition entre footballeurs de moins de 13 ans.
Le vendeur de café et de thé du marché de la Maourine peut se targuer d’être mentionné sur la page Wikipedia de Borderouge. Son stand est stratégiquement situé au centre de la place, devant la table des associations. Lui aussi s’appelle Alain : « Les habitants se rencontrent davantage ici que dans leur immeuble, où leurs rythmes de vie sont souvent incompatibles. Ils viennent discuter le samedi matin, autour d’une tasse. C’est plus rassembleur. » Ce qui se vérifie au nombre des convives, tous voisins, qui sont une bonne dizaine.
Parmi eux, Clotilde est un cas à part : « Dans notre résidence, tout le monde se connaît et les relations sont excellentes. »
Jardin potager et compost collectif, nettoyage festif des parties communes et repas partagés, son immeuble semble être un modèle de bon voisinage. Peut-être est-ce un hasard, mais il ne dépasse pas deux étages, se limite à une cinquantaine d’appartements et affiche un label de haute performance environnementale… « Nos propriétaires ont choisi d’investir dans la ville-nature, où l’habitation doit s’insérer dans la nature plutôt que l’inverse. L’ambiance y est paisible, familiale et chaque voisin sait qu’il peut compter sur l’autre », ajoute la mère de quatre enfants, dont trois sont encore à demeure. À ses côtés, son mari Ibrahima confirme : « Quand je fais mes beignets de banane plantier, il y en a pour toute la résidence ! »
Debout derrière la table, un gobelet de café fumant dans les mains, Mohamed et Carla s’amusent de se retrouver là où ils se croisent régulièrement depuis deux ans, en voisins : « Carla est la première personne avec qui j’ai fait connaissance dans le quartier, le premier jour où j’y ai mis les pieds, ici même », raconte l’ancien Picard. Éducateur spécialisé à la retraite, Mohamed donne de son temps au Café des familles, un autre lieu d’échange et de rencontre à Borderouge, qui facilite le partage entre familles et générations. On peut y suivre des séances de sophrologie, des ateliers de couture ou d’éveil, mais aussi participer à des groupes de discussion autour de la parentalité ou à des vide-greniers familiaux. « On aimerait aller au-delà de ce qui se fait au pied des immeubles… Car tous ces rapports sociaux sont essentiels : sans l’autre, on ne peut pas vivre », conclut-il.
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