Ce 21 juin, à condition de trier parmi les propositions plus ou moins heureuses qui font la joie de la Fête de la musique, certaines des notes qui envahiront les rues nous feront assurément nous sentir bien. S’il est entendu que l’art procure du plaisir, rien d’étonnant à ce qu’il s’immisce de plus en plus dans les différentes thérapies. Danser pour lutter contre Parkinson, jongler pour retrouver l’équilibre, écouter de la musique pour prévenir l’épilepsie, peindre pour exprimer ses troubles… Le JT délivre cette semaine une ordonnance 100% artistique.
C’est en nous. Des apaisantes peintures rupestres des grottes préhistoriques à la puissance curative de la lyre de David dans l’Ancien Testament, en passant par les danses enivrantes des chamanes, « l’Homme s’est toujours servi de l’art pour aller mieux », résume Irina Katz-Mazilu, l’ex-présidente de la Fédération française des art-thérapeutes (FFAT).
Elle distingue la démarche réceptive, qui correspond à la contemplation d’une œuvre d’art, de la démarche active, qui consiste à l’élaborer : « La créativité sollicite en même temps le corps et le cerveau. Le plaisir qui en résulte stimule à son tour d’autres zones cérébrales, qui peuvent être endommagées. »
On fera par exemple appel à la musique contre les troubles de l’attention, la dysphasie, ou la maladie d’Alzheimer, à la danse pour les patients atteints de la pathologie de Parkinson ou au théâtre pour les schizophrènes. Peinture, argile, collage, dessin, écriture ou photographie sont autant d’outils de médiation supplémentaires entre le thérapeute et son patient. En gardant en tête que l’activité reste paramédicale : « L’art-thérapie est une pratique de soins utilisant le processus de création artistique à des fins thérapeutiques. Il n’est pas question de guérison », définit et insiste Irina Katz-Mazilu.
Bien qu’une convention ait été signée il y a déjà une vingtaine d’années entre le ministère de la Culture et celui de la Santé pour faire entrer l’art dans les établissements médicaux, la profession n’est toujours pas réglementée et ne dispose pas de convention collective : « Une reconnaissance protégerait le titre d’art-thérapeute, qui ne pourrait s’obtenir qu’après un certain nombre d’années de formation. Et prémunirait le public des charlatans qui se multiplient avec la mode des thérapies alternatives », sévit Irina Katz-Mazilu.
Cela permettrait aussi un remboursement des thérapies, au moins partiel, par la Sécurité sociale, ce que ne pratiquent aujourd’hui qu’une poignée de mutuelles. Enfin, cela ouvrirait un peu plus à la recherche cette matière, qui a besoin d’être comprise, selon Marie Lelièvre, doctorante en fin de thèse au laboratoire CERPPS (recherche en psychopathologie) et intervenante au D.U Art-Thérapie de l’Université Toulouse II Jean-Jaurès, une des rares formations diplômantes en France. Ses travaux sur l’art-thérapie appliquée aux malades du cancer ont un double objectif : « Apporter la preuve scientifique de son efficacité puis la faire valoir dans le milieu de la santé. » Formée il y a 15 ans, elle constate une forte évolution de la discipline, désormais présente dans la plupart des établissements de soins. « Reste à mieux la connaître, pour mieux s’en servir », conclut-elle.
Commentaires