Le pacte financier proposé par l’État aux collectivités n’en finit pas de provoquer la gronde des élus locaux, dont les principaux représentants ont boycotté la Conférence nationale des territoires. Dans ce concert de critiques, Jean-Luc Moudenc, partisan assumé de la démarche, fait figure d’exception.
DRCréée par Emmanuel Macron pour instaurer une relation de confiance entre l’État et les collectivités locales, la Conférence nationale des territoires, dont la deuxième édition a eu lieu le 12 juillet dernier, n’a visiblement pas atteint son objectif. L’Association des maires de France, l’Assemblée des départements et celle des Régions, ont en effet boycotté l’événement afin de protester contre le pacte financier proposé par l’État à 322 collectivités pour limiter la hausse de leurs dépenses de fonctionnement.
Alors que ce ”contrat de confiance” a regroupé des opposants de tous bords, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de France Urbaine, l’association des grandes villes et métropoles, est l’une des rares voix à défendre la démarche de l’État. « Un accord gagnant-gagnant » qui permet selon lui « de protéger le portefeuille des habitants face à des baisses surprises des dotations de l’État ». Une position vivement critiquée notamment par le maire Les Républicains de Saint-Étienne Gaël Perdriau, accusant Jean-Luc Moudenc d’avoir « vendu les métropoles au gouvernement ».
Au niveau local aussi, la Métropole se démarque. Si le Département de la Haute-Garonne a refusé refusé de signer ce contrat tout comme la Région Occitanie, sa présidente Carole Delga arguant ne pas accepter « cette mise sous tutelle » et ce « retour en arrière sans précédent dans la décentralisation », Toulouse Métropole a fait partie des premiers signataires. Pour Jean-Luc Moudenc, cet accord ne change rien puisque les collectivités seront de toute façon soumises à la limitation de 1,2 % de hausse de leurs dépenses. Mais celles qui ont refusé de signer auront des pénalités plus importantes en cas de non-respect du cadre.
Justement, pour Michelle Bleuse, élue écologiste d’opposition, c’est uniquement par crainte d’être plus lourdement punies que 229 collectivités ont finalement signé le pacte. « Au moins, beaucoup d’entre elles ont signalé leur désaccord avec la méthode employée et dénoncé ce contrat qui n’en est pas un. Jean-Luc Moudenc, lui, s’est empressé de montrer sa bonne volonté avec une délibération très rapide en avril, alors qu’il n’y avait pas d’urgence. On peut forcément y voir une volonté opportune de rapprochement avec la majorité en vue des municipales de 2020 », estime-t-elle.
L’ancien maire socialiste Pierre Cohen, aujourd’hui membre de Génération.s, valide cette thèse mais va plus loin : « Ce n’est pas de l’électoralisme. Cela atteste d’une vraie adhésion de fond à la vision libérale d’Emmanuel Macron dans laquelle la puissance publique n’a plus son rôle à jouer. » De son côté, Jean-Luc Moudenc assure faire ses choix « en toute indépendance, sans être opposant ou soutien systématique du président de la République ».
Commentaires