Le bleu – À 28 ans, le trésorier du FN-31 est devenu conseiller régional le 12 décembre 2015. Benjamin de la future assemblée régionale, il sera à ce titre le secrétaire de séance lors de l’élection de la présidence de la Région. Rencontre avec cette nouvelle génération de militants frontistes qui surfe sur la vague des succès électoraux.
Petite barbe de trois jours et souriant, Quentin Lamotte a l’allure du jeune actif urbain décontracté. C’est au siège départemental du Front national, à Toulouse, que l’interview se déroule. À 28 ans, il est le benjamin de l’assemblée régionale de la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.
Né à Nanterre, il est issu d’une « famille modeste » et « absolument pas » politisée. « On ne parlait jamais de politique à la maison », se souvient-il. Sa mère ne vote pas, « par conviction ». « Elle doit être un peu anarchiste », poursuit-il. Son enfance, il la passe en Indre-et-Loire puis à Poitiers, « à la campagne » dans une fratrie composée de quatre enfants. Ses parents, qui sont aujourd’hui séparés, « ont un élevage de chèvres ». Sa maman est « mère au foyer » et son beau-père est ouvrier agricole.
Après un DUT de gestion des entreprises et des administrations à Poitiers, il traverse la Manche pour une « licence en Angleterre ». En 2009, il pose ses bagages à Toulouse. Il entreprend un master en gestion des risques à l’IAE, lorsqu’il « sort » des études « la crise frappe » le jeune diplômé. « Les seuls secteurs qui recrutaient étaient les banques et les assurances », se remémore Quentin Lamotte. Un stage en banque s’offre à lui, il accepte et devient, à l’âge de 23 ans, conseiller bancaire pour « les artisans, commerçants et professions libérales. »
En 2007, lors du second tour des présidentielles, il ne vote pas. « Je m’en foutais », avoue le jeune homme. Mais en 2010, c’est le déclic, il remarque « qu’il y avait des choses qui n’allaient pas autour [de lui]. » Le citoyen Quentin Lamotte tente de s’informer sur les partis politiques. « Je ne savais même pas faire la différence entre la gauche et la droite », déclare-t-il sans détour. À une réunion du FN, il découvre « des gens normaux ». Bien loin, selon lui, des images que « la télé et les médias [lui] rabâchaient ; celles qu’au FN ils mangent des enfants ou torturent des animaux. » Il s’encarte quelques temps après. En 2013 c’est le début de l’ascension, Julien Leonardelli, alors secrétaire départemental du Front national de la jeunesse, est en passe de devenir le futur patron départemental du FN et pense « au banquier » pour la fonction de trésorier du parti. En 2015, il se lance sur-le-champ de la bataille électorale. Aux élections départementales, il se retrouve au second tour face au PS. Après cette première défaite, il s’investit aux régionales. Avec Louis Aliot, c’est le combo gagnant. Désormais élu de la future Région, il prend la mesure des responsabilités confiées par le pouvoir des urnes. « On se dit qu’on va devoir travailler à la hauteur de l’honneur qui nous a été fait ». « Pour certains électeurs, le FN est leur dernier espoir et je vais mettre toute mon énergie pour me consacrer à eux », explique-t-il
Dans la nouvelle vie de l’élu, des choix s’imposent et le premier concerne sa vie professionnelle. « Pour ne pas mettre en difficulté » son employeur, son « activité salariée » est sur le point de s’arrêter, mais il compte « peut-être monter une activité de courtage ». Autre démarche personnelle à accomplir, celle d’informer sa mère. Depuis 2010, elle n’est pas au courant que son fils est encarté au FN et encore moins qu’il siège désormais au Conseil régional. « Elle va l’apprendre à Noël », explique Quentin Lamotte qui assure ne pas avoir « d’appréhension particulière ». Un sacré cadeau de Noël.
Kevin Figuier
En 3 DATES :
2009 : Arrive à Toulouse
2013 : Nommé trésorier du FN-31
2015 : Elu conseiller régional Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.
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