ALTERNATIF. En 2011, l’écologiste Patrick Jimena faisait une irruption remarquée dans le monde politique avec sa victoire tonitruante dans le canton de Colomiers. S’il a avalé quelques couleuvres depuis, l’infatigable travailleur de terrain n’a rien perdu de sa fougue.
Par Nicolas Mathé
Attablé dans un café de Colomiers, il ne se passe pas cinq minutes sans que Patrick Jimena apostrophe une vieille connaissance ou qu’on vienne directement le saluer. « J’ai passé toute ma vie ici », sourit-il en guise d’explication. De fait, le regard du conseiller municipal écologiste s’illumine quand il évoque son enfance dans le quartier des Fenassiers, une époque de débrouille, de vie dehors et de copains sans distinctions culturelles ou religieuses : « C’était un contexte difficile mais il y avait de la joie et une richesse insoupçonnée, les contacts étaient directs ». Un milieu modeste qui renforce un ADN déjà solidement constitué par son histoire familiale, celle de républicains espagnols réfugiés en France et engagés dans la foulée dans la résistance. « J’ai toujours baigné dans cette ambiance de déracinement et d’engagement », explique l’élu. Il en hérite le goût des autres et du courage, formules qui reviennent sans cesse dans sa bouche. Le sport fut également un vecteur important. Basketteur plutôt doué, Patrick Jimena fait partie des premiers sélectionnés pour intégrer le sport-études de Castres mais jette l’éponge subitement à 17 ans, supposant que le basket ne suffira pas à donner du sens à sa vie. Commence alors une période d’ouverture au monde faite notamment de voyages. En 1985, il devient éducateur spécialisé et intègre le club de prévention spécialisé de Colomiers, structure dont il deviendra le directeur en 2001. L’ancien meneur de jeu y endosse le costume de « catalyseur d’initiatives citoyennes » et développe une méthodologie pour laquelle il est encore sollicité aujourd’hui. « L’objectif est de créer du vide au centre pour que les citoyens s’emparent de cette place et partir de leurs désirs, de leurs passions pour monter des projets », détaille-t-il.
« J’ai encore du courage pour affronter le système »
De cette période naîtront nombre de services et associations qui ont aujourd’hui pignon sur rue à Colomiers, ainsi qu’un événement disparu qui lui tenait à cœur, le festival Camino, « un Alternatiba avant l’heure où l’on parlait déjà d’économie sociale et solidaire, de monnaie locale, toutes sortes d’alternatives qui émergent aujourd’hui ». Une période également riche en rencontres – Albert Jacquard, Edgar Morin, Pierre Rabhi avec qui il a noué des liens d’amitié – qui nourrissent sa réflexion et le poussent à aller au-delà de son activité associative. En 2010, il prend donc sa carte chez EELV et se lève contre « le système columérin » en se présentant aux cantonales. Sa victoire est un coup de tonnerre dans ce fief socialiste et au sein du Conseil général, il fera partie des élus les plus productifs en termes d’interventions. La suite – une courte défaite aux municipales en 2014, un redécoupage des cantons qui lui fera perdre de peu son siège de conseiller général en 2015 et une éviction de la liste de fusion au second tour des régionales – aurait pu définitivement le dégoûter du monde politique. Mais la foi est intacte. « Bien sûr, le spectacle est souvent désolant mais ça ne fait que quatre ans que je me suis lancé, j’ai encore du courage pour affronter le système », précise-t-il. Pour 2017, il fera tout pour que Nicolas Hulot se présente. En attendant, il est partout où se trame le changement de demain. Chez lui d’abord, dans son habitat léger où il expérimente la permaculture et s’adonne à la guitare, qu’il a un temps pratiqué avec Bernardo Sandoval, mais aussi et surtout dehors pour les Nuits Debouts à Toulouse et Colomiers, auprès de ces « autres » qu’il aime tant rencontrer.
3 années phares :
2006 : première édition du festival Camino
2011 : élection au Conseil Général
2018 : il donne rendez-vous au Français pour une nouvelle assemblée constituante
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