Tenace. Conseillère départementale du canton Toulouse 6, elle appréhende sa fonction comme la continuité de ses engagements citoyens. L’humanisme, l’ouverture aux autres et la solidarité sont ses maîtres mots. Pourtant rien ne la prédestinait à faire de la politique…
En commission toute la journée, c’est par téléphone que Zohra El Kouacheri a accepté de se confier et de parler de sa vision de la politique. Pour elle, « la politique, c’est l’action ! » Aujourd’hui plus que jamais, elle est consciente de ce besoin des citoyens et lance un appel à tous les partis républicains : « il faut écouter le message que les électeurs ont envoyé, mais il faut maintenant agir. Les paroles doivent se traduire par des actes », lance-t-elle comme une supplication. Et c’est pour honorer sa volonté d’action qu’elle s’est précisément investie en politique il y a vingt ans, l’aboutissement d’un cheminement et d’engagements sociaux. Membre actif de plusieurs associations, notamment de défense des femmes et de prévention auprès des jeunes, Zohra El Kouacheri prône l’ouverture des quartiers vers l’extérieur. Pour elle qui habite le quartier Reynerie-Bellefontaine, « le vivre ensemble n’est pas qu’un slogan, c’est un véritable état d’esprit. En m’investissant dans les associations, je souhaitais faire évoluer les choses pour les gens de mon quartier ! » Aujourd’hui, cet investissement a pris une autre forme, tout simplement : « il me semblait logique de devenir une force de proposition. » C’est alors qu’elle assiste aux réunions du PS, « section du Mirail. » Un an et demi plus tard, convaincue de partager les valeurs du Parti socialiste, elle s’encarte. Zohra El Kouacheri milite, elle s’investit pleinement et devient même secrétaire de section en 2011. Car elle a un atout qui lui permet d’être écoutée : « je vis dans ce quartier, dans un HLM, je sais quelles sont les préoccupations des habitants parce que j’avais les mêmes. »
« J’ai épousé les valeurs de la France ! »
Née en Algérie, elle s’installe en France suite au décès de ses parents, puis à Toulouse en 1985. Elle enchaîne les petits boulots et reprend ses études à l’âge de 26 ans : « J’ai été jusqu’au collège en Algérie puis j’avais dû renoncer », mais pour un temps seulement. De nature tenace, elle parvient à rattraper son retard, jusqu’à obtenir un DUST, pour ensuite s’inscrire en licence de santé publique et en sophrologie… mais le coût des études a raison de ses ambitions, elle doit subvenir à ses besoins. En 2001, elle décroche un poste de secrétaire au Conseil général : « Oui, avant d’en être élue, j’en ai été la secrétaire ! » constate-t-elle en riant.
Suite à la démission de Claude Touchefeu, élue à la mairie de Toulouse, elle brigue alors le mandat de conseillère générale après avoir été désignée par les militants de sa section. « À l’époque », comme elle le rappelle, « ce canton était réservé aux femmes, la parité n’ayant pas encore été mise en place ! J’ai épousé les valeurs de la France ! » Mais, la responsabilité s’est accompagnée de doutes : « Vais-je être à la hauteur de ce que l’on attend de moi ? » Question que son statut de ‘’femme issue de l’immigration’’ n’a pas aidé à minimiser. Elle a d’abord porté cette étiquette avec fierté étant la première femme maghrébine à entrer au Conseil général, mais elle souhaite aujourd’hui s’en éloigner, modestement : « Je sais qui je suis et d’où je viens. Je ne rejette pas ce terme de ‘’diversité’’, car sans elle, je suis consciente que je ne serais pas là. En revanche, je ne veux pas être résumé à cela ! » explique-t-elle. Loin d’être en poste pour faire de la figuration, Zohra El Kouacheri se pose aujourd’hui en femme d’action, consciente de ses responsabilités et bien décidée à les assumer.
3 dates :
– 2002 : Le FN est au 1er tour des élections présidentielles.
– 2011 : Son élection au Conseil général.
– 2015 : Dernières élections régionales où « le visage de la France a changé ».
Commentaires