Les récents événements en France ont incité le gouvernement à renforcer les mesures de sécurité du pays. Renfort des pouvoirs de police, évolution de la réglementation sur les perquisitions… Le projet de loi Taubira de lutte contre le crime organisé et le terrorisme devrait être examiné en Conseil des ministres courant février.
Christophe Borgel
Député de la 9ème circonscription de Haute-Garonne
« Disons-le d’emblée nettement : il faut assurer la sécurité des Français et je l’assume sans aucune hésitation. La menace est réelle, la France doit faire face à un danger terroriste sans précédent. Dans ce contexte, l’effort pour la sécurité du pays est incontournable. Rappelons qu’entre 2007 et 2012, la police et la gendarmerie ont perdu plus de 9000 postes, l’indépendance de la justice a été mise à mal et la sécurité intérieure bouleversée par la disparition des renseignements généraux. Il fallait donc inverser le processus en créant sur le quinquennat 10 000 postes supplémentaires dans la police et la gendarmerie ainsi que 2500 postes pour la justice. Il fallait renforcer à l’efficacité de l’action de nos services, c’est ainsi que la Direction générale de la sécurité intérieure a été créée en 2014, que deux lois renforçant les moyens de lutte contre le terrorisme ont été adoptées.
Assurer la sécurité doit rimer avec l’État de droit, c’est ainsi que le pays trouve sa force. Quand le Parlement est l’autorité de contrôle pendant toute la durée de l’état d’urgence, semaine après semaine, quand l’indépendance du parquet est renforcée depuis 2012 et quand l’augmentation des pouvoirs mis à la disposition de l’autorité judiciaire peut-on sérieusement défendre que l’état de droit recule ?
Alors pas de méprise, il n’y a nul tournant sécuritaire, mais une claire conscience des risques qui pèsent sur notre pays. La gauche n’a pas à s’excuser d’assumer cette responsabilité. Elle doit le faire en portant l’unité nationale face au terrorisme. Elle doit le faire aussi en continuant le combat contre les inégalités, la précarité. Le parti socialiste vient de formuler des propositions publiques sur ce sujet et il a demandé une inflexion au gouvernement sur ces questions.
La gauche démontre depuis 2012 que l’on peut agir pour la sécurité sans jouer avec la peur, dans le respect de l’État de droit et des libertés publiques. »
Véronique Vinet
Secrétaire Régionale EELV Midi-Pyrénées
« Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, les Français avaient déjà eu droit au grand débat sur l’identité nationale. Au lendemain des attentats de janvier 2015, les musulmans vivant en France étaient sommés de s’exprimer pour condamner les terroristes comme s’ils avaient tous à prouver qu’ils étaient bien en phase avec les valeurs de la république. La fracture était consommée.
Depuis les terribles événements de novembre, nous sommes tous en état de sidération et nous avons bien compris que la menace pesait sur chacun d’entre nous. Cependant, qu’a exprimé la majorité des français depuis un an en disant « nous sommes Charlie, nous sommes juifs, policiers, etc » ? Un grand besoin d’unité et de fraternité.
Que renvoie aujourd’hui le projet d’inscription dans la constitution de l’extension de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés français ? Une rupture grave du principe d’égalité, l’instauration d’une hiérarchie dans la population, le constat définitif d’une société à deux vitesses.
Au-delà de l’inefficacité de la mesure – à ce niveau de radicalité, que peut-elle bien représenter pour les candidats au martyr ? –, c’est la stigmatisation d’une frange de la population qui est entérinée et pour le coup, c’est l’un des principes de la république qui est attaqué.
Avions-nous besoin de ce débat, de cette nouvelle crispation ? Sûrement pas. Autant il est nécessaire d’avoir des outils efficaces pour combattre le terrorisme, autant il est scandaleux de réintroduire à cette occasion le concept de « français de souche ».
À la faveur de l’organisation de la COP21, des militants écologistes ont été injustement assignés à résidence. Cette semaine, c’est la criminalisation de syndicalistes qui est mise en scène. Jusqu’où ira-t-on dans les dérives sécuritaires ? Que se passera-t-il si le pouvoir demain tombe en de mauvaises mains ?
Pour moi, c’est NON. »
Myriam Balavoine
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