Le 27 janvier dernier, l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira annonçait sa démission du gouvernement de François Hollande. Un coup d’éclat politique qui a laissé place à des explications sur son désaccord avec l’inscription de la déchéance de nationalité dans la Constitution. Réactions.
Guillaume Brouquières
Référent des Jeunes avec Juppé de Haute-Garonne
Membre du comité de la 4e circonscription des Républicains
« « Parfois résister c’est rester, parfois résister c’est partir ». C’est sur ces mots que l’ancienne Garde des Sceaux a quitté le gouvernement. Défendre une idéologie politique, c’est ce qu’a fait Christiane Taubira, c’est si rare dans le monde politique français. Au début du quinquennat, c’était une force, mais cette force a progressivement dégénéré en faiblesse…
Reconnaissons qu’elle a eu du courage et une certaine retenue, indispensable, lorsqu’on incarne un ministère régalien. Rappelons les attaques qu’elle avait subies en marge de l’adoption du « mariage pour tous ». Lors de son passage place Vendôme, elle n’a pas cédé aux sirènes de l’émotion entourant certains faits divers sordides et elle a bien compris que la Justice exige sérénité et constance.
Son action ne correspond pas à celle dépeinte par certains qui, faisant preuve d’une mauvaise foi et d’une incompétence incroyable, ont pris en otage la justice pour faire parler d’eux. À croire qu’en politique, plus c’est gros plus cela passe : Taubira vide les prisons, Taubira généralise les aménagements de peine, et j’en passe et des meilleures…
Ces caricatures ont occulté les vrais points noirs de l’action de l’ancienne ministre. On peut penser à l’échec sur le traitement de la récidive, au refus dogmatique de la construction de prisons, ou encore, à la tentative – heureusement avortée – de ponctionner les avocats pour financer les missions de service public.
Sur le fond, si Christiane Taubira a voulu résister, c’était contre la volonté populaire qui souhaite majoritairement déplacer le curseur vers plus de sécurité. Ses positions ancrées à gauche n’étaient alors plus compatibles avec les orientations de l’exécutif.
Le Président de la République, qui n’est pas à une contradiction près, dirige son action vers le centre-gauche, avec 2017 en ligne de mire… Le départ de Christiane Taubira lui permet d’avoir les coudées franches. »
Nicolas Tissot,
militant du PS 31
« Démission vous avez dit démission ?
Quelles ne furent pas ma déception et ma colère quand, ce matin du 27 janvier, j’ai appris la démission de Christiane Taubira.
Oui déception ! Oui colère ! Non pas pour Taubira, les destins individuels n’ont jamais été pour moi un déterminant politique. Déçu et en colère parce que cette démission en révèle une autre, bien plus profonde, bien plus grave : celle du Président!
Oui, de renoncement en renoncement, la politique de François Hollande confine à la démission ! Renoncement sur le rééquilibrage européen d’abord avec la ratification du TSCG sans renégociation, renoncement ensuite sur la politique économique avec l’abandon de la réforme fiscale et le pacte de responsabilité, renoncement encore sur le Code du travail, renoncement enfin sur les valeurs face à un Front national plus fort que jamais.
Ce départ, c’est le dernier symbole de gauche qui tombe, la conclusion d’un long processus qui commence avec Duflot, puis avec Hamon, Filipetti et Montebourg et qui finit avec Taubira pourtant prête à tant de contritions pour pouvoir terminer les réformes engagées. Plus une tête ne doit dépasser ! Ou alors celles des Macron et consorts. Les libéraux sont lâchés, les tabous abolis. On plaint l’entrepreneur à la vie souvent plus difficile que l’ouvrier, on condamne les syndicalistes de GoodYear, on prône la dégressivité des allocations chômage et demain ? Je n’ose imaginer !
Basta ! Non Christiane, tu n’as pas démissionné, tu as juste eu raison ! Tout comme des millions de Français n’ont pas démissionné de l’idéal auquel ils aspiraient par leur vote de mai 2012. Pour beaucoup, ils continuent, militants ou non, à croire et à agir sur leurs territoires, dans leurs associations, leurs coopératives, leurs entreprises en faveur d’un monde plus juste, plus fraternel et plus démocratique. La gauche est toujours là, bien vivante, consciente et active, et elle ne lâche rien. Il ne faut pas se fier aux apparences : N’a pas démissionné qui on croit ! »
Myriam Balavoine
Commentaires
Phlippe Dubois le 10/12/2024 à 17:54
Bravo Nicolas Tissot pour ce point de vue sur le départ de Christiane Taubira.
On peut voir que tous les représentants du PS ne collent pas à la direction prise par le gouvernement.
La stratégie actuelle, qui consiste à diviser les partis adverse, peut se retourner contre lui, lorsque les frondeurs comme vous décideront que la voie libérale prise est insupportable.