Les élections régionales étaient le dernier scrutin avant la présidentielle de 2017. Une échéance que le chef de l’État commence déjà à préparer avec un objectif : être présent au second tour et barrer la route à Marine Le Pen. Si les Français se sont mobilisés massivement dans l’entre-deux tours, bousculant tous les pronostics, il est désormais impossible de nier la montée en puissance du Front national. Des leçons en sont à tirer pour l’ensemble de la classe politique.
Xavier Spanghero, dirigeant de PME et militant Les Républicains
Au plan national, les régionales ont confirmé le net recul du PS désormais 3e parti de France au 1er tour. Dans la perspective de 2017, l’enjeu pour Hollande est de rassembler la gauche sur sa candidature dès le 1er tour pour vaincre Marine Le Pen au 2nd.
Problème, la gauche sort de ces régionales plus divisée qu’elle n’était avant, aux désaccords sur la sécurité ou la prétendue austérité s’ajoute désormais un conflit sur la stratégie face au FN : retrait en Nord et en PACA, maintien en Alsace. Pourtant, cet enjeu est majeur, car faire barrage au FN est la seule stratégie capable de fédérer la gauche aujourd’hui.
Si avec EELV et le PRG, des concessions sur les investitures législatives pourraient aboutir à un accord et une candidature unique de 1er tour, les tractations avec Mélenchon sont mort-nées. Non seulement le Front de Gauche ne veut pas servir de caution au Président, mais son électorat n’est pas près de soutenir le chef de l’État, les efforts demandés par Bruxelles étant inconciliables avec les desiderata de l’extrême gauche.
Grignoter au centre ce qu’il ne peut prendre à sa gauche parait donc la meilleure option pour le Président : il affaiblirait la candidature Républicaine au 1er tour tout en muselant Valls, coincé entre l’Élysée et Macron. La ligne Macron a de beaux jours devant elle.
Au milieu de ces calculs politiciens où il excelle, le Président ne devra pas oublier l’essentiel : vaincre le chômage et rétablir la sécurité en espérant que la BCE garde ses taux nuls assez longtemps pour masquer que rien n’a été fait pour contenir la dette.
Et c’est bien là le problème : vu les résultats catastrophiques de Hollande en termes d’emploi et de sécurité depuis le début de son mandat, on ne voit pas bien par quel coup de baguette magique celui-ci pourrait inverser la tendance d’ici 2017, des tendances lourdes qui pourraient sonner le glas de sa présence au 2nd tour en 2017.
François Briançon, Conseiller municipal de Toulouse et Conseiller communautaire de Toulouse Métropole
Le vote du week-end dernier a montré qu’il n’y avait pas de victoire bien qu’il y ait un vainqueur. C’est la traduction logique d’un scrutin où les électeurs se sont prononcés contre à défaut d’exprimer un vote pour.
Pourtant, si nous regarde notre région, Carole Delga a porté un véritable projet, des propositions concrètes et une vision réelle de ce que doit être notre nouvelle grande région. Elle a proposé une nouvelle manière d’organiser le débat public et d’associer les habitants aux grandes décisions. Mais on le sait, de nombreux votants se sont mobilisés pour le second tour, notamment chez les jeunes, pour faire barrage au Front national.
C’était politiquement nécessaire, mais ce n’est pas suffisant. Pour la présidentielle, les données peuvent être les mêmes, mais comme Carole Delga, pour l’emporter François Hollande devra porter un véritable projet, une espérance. Les Français doivent se rassembler autour de lui et non contre une autre candidature.
Alors, comment transformer un vote d’élimination par un vote d’adhésion ? Tout d’abord dans l’action gouvernementale : François Hollande a bâti sa victoire en 2012 sur des promesses et des engagements qui doivent être respectés. Il n’est pas trop tard pour infléchir la politique économique et obtenir des résultats concrets.
Ensuite en bâtissant un projet qui ne repose pas que sur des valeurs et des propositions sociétales, mais également sur les véritables préoccupations de nos concitoyens : l’emploi, le logement, la formation, la sécurité : en clair défendre un projet pour une république sociale. Tout le reste n’est que conjoncture.
Myriam Balavoine
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