Fusion. Alors que la campagne pour les élections régionales est sur le point de commencer, il reste de nombreux doutes et réticences quant à la future grande région… Sur ce sujet crucial, votre hebdo a choisi de collaborer avec le Journal Catalan pour avoir une vue d’ensemble de la situation. Nous publierons la semaine prochaine, la deuxième partie réalisée par ce journal du Languedoc-Roussillon.
Par Thomas Simonian et Coralie Bombail
Didier Cujives, conseiller régional PS de Midi-Pyrénées
Etiez-vous favorable à la fusion avant qu’elle ne soit entérinée ?
La fusion avec le Languedoc-Roussillon me semble naturelle, compte tenu des liens historiques que nous partageons depuis la nuit des temps : le catharisme, la lutte des protestants, l’Occitanie… C’est une unité territoriale logique et cohérente, une terre de résistance, une terre de gauche. Au niveau économique, nous sommes déjà en situation de collaborer dans le cadre de l’euro région.
Ces deux régions vous paraissent-elles complémentaires ?
Demain, nous allons devenir le premier vignoble du monde. Le développement touristique va également être un atout de poids, notamment grâce aux sites exceptionnels de Carcassonne et d’Albi, inscrits au patrimoine mondial de l’Humanité. Economiquement, nous allons être une région de trafic, de passage et de logistique. Un nœud stratégique dans le paysage économique européen. La recherche est un autre secteur porteur, entre l’université de médecine de Montpellier et l’Oncopole. Sans oublier le pôle de compétitivité de l’eau ou encore les domaines de l’informatique et de l’électronique.
Quels seront, selon vous, les grands thèmes de la future campagne régionale ?
Il ne faut pas se tromper d’élection, ce n’est pas un référendum pour ou contre François Hollande. Le débat doit se centrer sur les corrélations entre les deux régions, sur le positionnement stratégique de la future entité et sur l’organisation des différentes structures affiliées aux régions. Il reste encore beaucoup d’interrogations, mais au moment où la campagne va véritablement commencer –en septembre- nous saurons quelles seront les compétences de la future région.
Jacques Thouroude, président du groupe d’opposition de la droite et du centre en Midi-Pyrénées
Etiez-vous favorable à la fusion avant qu’elle ne soit entérinée ?
Nous avions soulevé dès le début que Midi-Pyrénées avait des liens avec Aquitaine, notamment au niveau de l’aéronautique et de l’agroalimentaire, et nous avions proposé qu’une partie du Languedoc-Roussillon fusionne avec notre région et Aquitaine. Laissant un droit de décrochage aux départements plus proches de PACA, comme le Gard. On aurait aimé une certaine concertation sur ce découpage mais il n’y en a pas eue.
Ces deux régions vous paraissent-elles complémentaires ?
Nous serons la sixième région de France en termes de PIB. Mais ce qui nous inquiète, c’est les encours de dette. La dette du Languedoc-Roussillon atteint 1 milliard d’euros et celle de Midi-Pyrénées, 260 millions. Il va falloir absorber ce passif, ce qui va se répercuter sur tous les habitants de la future région. Bien sûr, les secteurs de la viticulture et du tourisme sont importants. La marque ‘‘Sud de France’’ est très forte, mais que va devenir la marque ‘‘Sud-Ouest’’ créée avec Aquitaine ? Il y a encore beaucoup de points sur lesquels il faut réfléchir. Je regrette que les élus d’opposition ne soient pas associés aux réflexions en cours.
Quels seront, selon vous, les grands thèmes de la future campagne régionale ?
Les problèmes de l’économie, de la formation et de l’emploi sont au cœur du dispositif. Il faut soutenir l’ensemble des entreprises et des PME de cette future région et favoriser leur développement à l’export. Aider les entreprises à prospérer pour pérenniser les emplois, c’est un cercle vertueux. Il faudra également travailler au développement de la filière touristique et à l’aménagement du territoire.
Serge Crabié
Président de la Chambre régionale de Métiers et de l’Artisanat
Avoir deux métropoles : Atout ou inconvénient ?
Cela ne peut pas être un inconvénient. Deux métropoles, avec un tel poids économique, c’est forcément un plus pour cette grande région. D’ailleurs les maires de Toulouse et Montpellier ont bien compris tout l’intérêt d’une réelle collaboration … Ils discutent déjà.
Nos deux régions sont-elles complémentaires ou concurrentielles ?
Il faut travailler à trouver une vraie complémentarité entre ces deux territoires, et elle existe déjà dans certains domaines, tels l’universitaire ou la recherche. Il va falloir prendre ce qu’il y a de bon d’un côté et le faire évoluer. Et vice versa. Ne démarrons pas cette fusion par une concurrence, cela s’avèrerait contreproductif. Cela aurait été sans doute tout de même mieux de créer une immense région Sud en additionnant Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon … Vous savez, il n’est pas exclu que d’ici quelques années cela devienne possible.
Quels sont les atouts économiques qu’il va falloir mettre en avant ?
Il y a incontestablement des domaines comme l’aéronautique, la médecine, le tourisme ou la viticulture que nous allons mettre en avant. Au niveau des artisans, nous sommes actuellement en train de faire un état des lieux afin de mettre en place des pôles de compétences en commun. Nous restons, avec toutes les autres PME, le premier employeur de cette nouvelle grande région … Notre capacité à nous développer devra faire partie intégrante de l’attractivité de ce nouveau territoire.
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