©Antoine Darnaud
ACTIONS. Après un an passé à la tête de la région Occitanie / Pyrénées – Méditerranée, Carole Delga revient sur les projets menés et ceux à venir, sur fond de fusion des régions. Bilan et perspectives.
Carole Delga, que retenez-vous de votre première année de mandature au Conseil régional ?
Ce fut une année passionnante. Il y a une belle envie de « faire région » sur l’ensemble des territoires. Nous avons vraiment une région positive au sens où je ressens des énergies, une volonté de faire très intéressante mais aussi une volonté de faire ensemble. Nous avons du potentiel, des atouts. La nouvelle région constitue la bonne échelle pour agir. Au bout d’un an, les fondations sont posées et elles sont solides.
J’avais annoncé : pas d’année blanche. Sitôt sa création, le 1er janvier 2016, la Région a été dans l’action quotidienne et, dans le même temps, dans l’élaboration et la mise en place de politiques à l’échelle du nouveau territoire. Je suis sur le terrain, au plus près des porteurs de projets, des élus, car je veux du sur mesure. Notre région est grande, certes, mais surtout diverse et pour être efficace, la Région doit tenir compte des spécificités de chaque bassin de vie et d’emploi. Mon rôle est de rassembler, de fédérer, de faire partager la vision d’un développement partagé.
Les faits sont là : en moins d’un an, nous avons tenu le rythme, un rythme très soutenu. Nous avons voté un budget, mis en œuvre le plan de soutien au BTP de 880 millions d’euros réalisé aujourd’hui à plus de 80%, engagé le plan 500 000 formations en un temps record, réorganisé les services de la Région, lancé deux consultations citoyennes notamment sur notre nom, lancé le plan littoral 21, annoncé notre ambitieux plan pour le rail. Nous avons aussi bâti dans la concertation la stratégie régionale pour la croissance et pour l’emploi, qui sera approuvée d’ici quelques jours.
Sur la seule métropole Toulousaine, la Région a engagé 66 millions d’euros en 2016 dans tous les domaines de la vie des habitantes et habitants, particulièrement au service de l’éducation, des transports, de la vie associative, de la formation professionnelle ou de l’emploi. Je retiens notamment la réalisation des travaux de mise en accessibilité aux personnes handicapées pour les lycées Bellevue, Lautrec et Berthelot, la réalisation du programme d’appui à l’innovation pour les PME, la participation à l’aménagement des espaces publics, ou encore le lancement des travaux des bâtiments du CEA Tech (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives). Cette plateforme régionale de transfert technologique permettra à un large spectre d’entreprises implantées sur le territoire régional de bénéficier des technologies développées par CEA Tech. La réception du premier bâtiment et l’arrivée des premières équipes se feront en septembre 2017.
La fusion des régions a-t-elle compliqué la tâche ?
A partir du moment où le cap est posé, où chacun dispose d’une feuille de route, c’est plus simple. Oui, nous avons mené un chantier immense. Nos services sont au travail chaque jour et ont fait un travail colossal. L’organisation de l’administration de la Région a été finalisée avec 30 directions au lieu de 45 précédemment. Nous sommes d’ailleurs une des Régions les plus avancées en termes d’organisation et je m’en félicite. J’ai toujours milité pour de grandes régions parce que je crois qu’une grande partie des problèmes de notre pays peut être résolu à partir de ce que j’appelle la République des Territoires. Nous avons aujourd’hui, je le répète, la bonne échelle pour investir massivement pour l’économie, soutenir nos entreprises, consolider des filières économiques traditionnelles et en lancer de nouvelles. Nous sommes naturellement bien placés dans le domaine des énergies renouvelables, de la santé. Et puis, au-delà de l’économie, il y a nos valeurs, notre identité. Il est primordial de les préserver, de les faire vivre. La politique que je mène, a un sens : une Région forte, créative, solidaire.
Concernant les principaux chantiers lancés par la région en 2016, l’emploi et la croissance ont été des sujets phares. Quelles ont été vos actions pour relancer l’un et l’autre et comment seront-elles suivies?
La Région agit sur l’emploi par stimulation de l’activité économique, particulièrement par un soutien aux petites et moyennes entreprises car elles sont celles qui créent le plus d’emplois. Près de 2 000 entreprises ont été aidées en 2016, et je veux accroître ce chiffre. A l’échelle de ce mandat, nous avons programmé un milliard d’euros d’investissements publics de plus à l’échelle du territoire que les deux anciennes régions réunies. Par de nouvelles règles de la commande publique régionale (mise en place de l’écoconditionnalité, de circuits courts…), je veux que cet investissement profite d’abord à nos entreprises. Ensuite, priorité à l’innovation et pas seulement dans le numérique ou certains secteurs dit « de pointe ». Je veux que l’innovation irrigue tous les pans de notre économie et sur tous les territoires : agriculture, viticulture, tourisme, santé… Je rappelle que 136 millions d’euros seront consacrés au budget 2017 à l’économie de proximité. C’est un message fort que nous adressons aux acteurs économiques, cela représente une augmentation de 20 % des aides aux entreprises.
Car notre priorité, c’est l’emploi. Cela passe par des jeunes mieux formés, et une formation professionnelle pour tous plus qualifiante. L’adéquation entre les formations que nous soutiendrons et le besoin réel des entreprises nous permettra de répondre à ce défi. Je constate que près de 15 000 offres d’emplois chaque année ne trouve pas preneurs. Je propose pour cela une forme de contrat avec les acteurs économiques. Enfin, je veux booster l’apprentissage. C’est une voie privilégiée qui permet aux jeunes une insertion rapide et durable sur le marché du travail. Dans notre région, 60 % des apprentis occupent un emploi 18 mois après leur sortie de formation, dont 64% en CDI. Aussi, nous viserons le cap des 40 000 apprentis d’ici 5 ans, soit 6 000 de plus. Je veux pour cela créer plus de lien avec le monde de l’entreprises, avec notamment un numéro vert qui permettra d’identifier les besoins afin de mieux y répondre. Dans ce domaine, je ne peux pas croire que tout a été essayé.
©Jean-Jacques ADER
La formation est donc une priorité pour la Région. Quid de l’éducation en général ?
L’éducation et la formation représentent près de la moitié du budget de la Région.. Elles sont nos priorités absolues. Comme je m’y suis engagée, 10 lycées neufs seront livrés d’ici la fin du mandat sans compter tous ceux que nous rénovons à Toulouse notamment, et nous lancerons la construction et la rénovation des Centres de Formation d’Apprentis et des écoles sanitaires et sociales. Mais notre mission ne s’arrête pas là : au-delà du bâti et des équipements, nous construisons une politique éducative nouvelle, ambitieuse et solidaire. Un panel d’aides est actuellement mis à la disposition des jeunes pour favoriser l’accès à l’équipement numérique avec un ordinateur, à la lecture et aux livres, aux sports, mais aussi pour les transports, l’hébergement, la restauration, l’achat d’équipements spéciaux pour les formations professionnelles, la mobilité à l’étranger… Cela permet de soulager le pouvoir d’achat des familles et surtout je veux garantir l’égalité des chances sur tout le territoire.
Quant à l’enseignement supérieur, nous souhaitons conjuguer l’excellence scientifique et la démocratisation de l’accès des étudiants à l’enseignement supérieur sur tous nos territoires. Pour relever ce défi, nous amplifions notre engagement en faveur de la rénovation, de la modernisation, de l’équipement des universités. Nous serons aux côtés des Universités de Toulouse et Montpellier et de leurs partenaires pour en faire des pôles d’excellence, placés dans les meilleurs rangs de la compétition du savoir au niveau européen et mondial : à Toulouse, la reconquête du label IDEX est clairement en marche.
Les transports sont également au cœur de l’actualité régionale. Quels sont les leviers dont vous disposez pour en assurer le développement ?
La majorité régionale en avait fait un engagement politique fort. Après une large concertation menée au titre des États généraux du rail et de l’intermodalité, j’ai présenté mi-décembre les 10 chantiers majeurs que nous allons conduire avec notamment l’amélioration du service TER, la tarification sociale, la sauvegarde des lignes ferroviaires et l’adaptation de l’offre TER, l’arrimage de la région à la Grande Vitesse avec la LGV Paris-Toulouse, la multiplication des Pôles d’échanges multimodaux… Si demain nous reculons sur la grande vitesse, j’ai la conviction qu’après-demain ce sera le déclassement de Toulouse face aux concurrences de Marseille et de Bordeaux. En tant que présidente de Région, je ne m’y résoudrai pas. Sur ce sujet, je vais être à la pointe du combat.
Parce que Toulouse et Montpellier sont un formidable atout, nous devons renforcer les liens entre les deux métropoles. Pour cela, j’ai demandé au ministre des Transports la mise en place de 2 allers-retours Intercités supplémentaires sur la ligne Bordeaux-Toulouse-Montpellier-Nîmes-Marseille dès 2018.
En ce début d’année 2017, quelles seront vos priorités pour les prochains mois ?
Promouvoir nos talents, jouer collectif et travailler avec bon sens et dans l’intérêt général. Je ne crois pas à l’homme ou la femme providentiel. Je crois au collectif. Je crois en l’intelligence collective. C’est pour cela que mon bureau, c’est le terrain, car de près on se comprend mieux. Nous avons une belle région dont la qualité de vie est enviée dans le monde entier. Restons positifs, soyons rassemblés et nous ferons de grandes choses ici, ensemble, j’en suis convaincue.
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