Sac sur le dos et caméra au poing, deux jeunes Toulousains sillonnent l’Amérique latine afin d’y réaliser une série de reportages, dans le cadre de leur projet Rêv’Earth. Leur objectif ? Promouvoir des projets qui mettent en œuvre des alternatives écologiques concrètes.
Quand le monde court à sa perte, il faut peut-être accepter de revenir sur ses pas. Pour Alexandrine Cabarbaye et Firmin Jondot, un jeune couple de globe-trotteurs-vidéastes engagés, c’est une évidence. « Sans tout balayer et sombrer dans la caricature du modèle Amish, nous devons revenir à un mode de vie plus sobre. Il y a beaucoup d’enseignements à tirer des pratiques de nos grands-parents qui avaient une grande connaissance de la terre et de leur environnement. Pour changer, il faut parfois regarder en arrière et trouver les moyens d’agir à notre échelle », justifie Alexandrine Cabarbaye, une Toulousaine de 25 ans, à l’origine du projet Rêv’Earth.
Portés par la philosophie des petits pas, ces routards du changement ont donc entrepris un grand voyage en Amérique latine pour aller à la rencontre de ceux qui, à leur mesure, tournent le dos au modèle de surexploitation systématique qui menace notre planète. Sac sur le dos et caméra au poing, ces documentaristes autodidactes se sont lancés dans la réalisation d’une trentaine de petits reportages sur des projets alternatifs et écologistes inspirants. « La plupart des gens que nous rencontrons participent à une quête de réhabilitation de ces savoirs », complète Firmin Jondot, qui a été brièvement ingénieur en aéronautique avant de chausser ses bottes de randonnée.
L’ensemble de leur périple, qui les conduira de la Colombie à l’Argentine, fera également l’objet de trois moyens métrages documentaires réunissant des extraits des reportages. Ils y mettront en scène leurs rencontres avec les autres, leurs engagements et leurs cultures. « A la base, nous devions partir en avril 2020, mais nous avons dû reporter notre départ à cause de la pandémie », précise Alexandrine Cabarbaye qui, elle, était spécialisée dans le marketing produit. « Nous ressentions une dissonance entre notre mode de vie orienté vers la décroissance, le zéro déchet et nos carrières professionnelles », ajoute-t-elle. Ce délai imposé, le couple le met alors à profit, non seulement pour se former à la prise de vue et au travail journalistique, mais aussi pour écrire un petit manuel intitulé “Un an pour changer nos habitudes”. Et c’est en décembre dernier qu’ils se retrouvent enfin dans l’avion.
Coopératives, fermes biologiques ou ressourceries, Alexandrine Cabarbaye et Firmin Jondot espèrent balayer un large champ de pratiques alternatives. Ainsi, dans chacun des 10 pays traversés, ils prennent contact avec des associations et des structures dans lesquelles ils retrouvent leurs valeurs. Comme la Finca Don Elias, une plantation de café familiale, en Colombie, qui promeut une agriculture à « taille humaine, respectueuse de la biodiversité et de l’Homme ». Dans un court film de huit minutes, le premier de la série, on découvre le processus de fabrication de l’une des boissons les plus consommées au monde. Mais également comment les paysans locaux s’appuient sur les ressources de leur écosystème pour réguler leur consommation d’eau ou fertiliser leurs sols.
Sans entrer dans des détails techniques ou scientifiques, le reportage donne plutôt un aperçu de la richesse et du pouvoir de la nature. « Nous ne sommes pas des scientifiques. Notre intention est surtout nous démarquer des documentaires culpabilisants pour proposer, plutôt, des clés concrètes, accessibles. Afin de donner les moyens aux gens d’agir au quotidien. Que ce soit à l’échelle individuelle ou dans l’engagement collectif », précise Firmin Jondot qui aspire à promouvoir une écologie raisonnée. « Nous voulons éviter l’écologie de comptoir. Notre objectif est de montrer des choses qui fonctionnent », ajoute ce toulousain d’adoption. Une démarche légitimée par deux parrains de choix. En effet, le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du GIEC et prix Nobel de la paix, ainsi que le parlementaire européen Pierre Larrouturou, ont accepté d’associer leur nom à leur aventure. « Ce fut une surprise incroyable de voir ces deux personnalités, pour qui nous avons énormément d’admiration, soutenir notre association », s’enthousiasme-t-il.
Et, afin d’exploiter la petite étincelle qu’ils espèrent provoquer, les deux écolos-trotteurs ont prévu, à leur retour, de collaborer avec d’autres associations de défense de l’environnement pour diffuser leurs films lors d’événements de sensibilisation. Youth for Climate, Choisis ta planète ou Little Citizen for Climate, entre autres, se sont déjà prêtés au jeu du partenariat. « Nos films pourront ainsi servir d’introduction à des débats et des ateliers menés par des intervenants plus spécialisés. De même, cela permettra de mettre les spectateurs directement en contact avec des structures militantes pour prolonger leur engagement », précise Alexandrine Cabrabaye. Parti il y a maintenant plus de deux mois, le couple sera encore sur les routes américaines jusqu’en février 2022.
Infos pratiques
Le lien vers la chaîne YouTube du projet Rêv’Earth
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