Alors que les rapports sur la pollution sont alarmants et que les plans pour le climat se multiplient, ATMO Occitanie livre le bilan de 10 années d’observation de la qualité de l’air dans la région. Nos émissions de gaz a effet de serre et autres polluants atmosphériques ont-elles baissé, conformément aux objectifs fixés par les pouvoirs publics ?
Pour maintenir une hausse du réchauffement planétaire à moins de 2°C, il faut parvenir à des émissions nettes de CO2 nulles d’ici 2050 et réduire drastiquement les émissions des autres gaz à effet de serre (GES). Le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est sans appel : l’avenir de la planète est intimement lié à la capacité des populations à réduire leurs émissions de polluants atmosphériques. Afin de répondre à cet enjeu, de nombreux plans locaux, nationaux ou internationaux se fixent des objectifs en la matière, plus ou moins ambitieux ou réalistes.
Mais qu’en est-il concrètement sur le terrain, en Occitanie ? Après 10 ans d’observations et de collectes de données sur près de 35 polluants, l’association Atmo Occitanie, chargée de la surveillance de la qualité de l’air dans la région, livre un bilan sur l’évolution des émissions régionales de quatre polluants d’intérêt : les oxydes d’azote (NOx), les particules fines (PM2,5), les gaz à effet de serre (CO2, etc.) ainsi que l’ammoniac (NH3).
« L’impact de la pollution de l’air sur la santé coûte 101 milliards d’euros par an »
Outre l’impact des gaz à effet de serre sur le climat, les polluants atmosphériques ont une forte influence sur notre environnement, la biodiversité et notre santé. « En matière de santé, le coût de la pollution avoisine les 101 milliards d’euros chaque année. Avec 40 000 décès annuels, c’est la seconde cause de mortalité en France après le tabac et devant l’alcool », met en perspective Agnès Langevine, la présidente d’Atmo Occitanie. Une réalité qui a incité l’Etat à mettre en œuvre un Plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PREPA) et la Région Occitanie à s’engager dans une démarche de Région à énergie positive (REPOS). Les objectifs définis par ces deux textes sont-ils tenus au niveau régional ?
En Occitanie, le bilan de la réduction des polluants atmosphérique est plutôt mitigé. En effet, avec une baisse de près de 30 % des émissions d’oxyde d’azote et de particules fines entre 2008 et 2018 (autour de -8% sur les quatre dernières années), la région se maintient sur la trajectoire définie par le plan national et devrait atteindre les objectifs fixés pour 2050. « Ces avancées sont dues au renouvellement et la modernisation des dispositifs de chauffage (notamment ceux fonctionnant au bois ou au fuel) ainsi qu’a des pratiques plus vertueuses en matière de chauffage et, enfin, à la modernisation du parc automobile », explique Dominique Tilak, la directrice générale d’Atmo Occitanie.
En revanche, la région est loin de présenter d’aussi bons résultats en matière d’émissions de gaz à effet de serre et d’ammoniac. Alors que la stratégie nationale bas carbone devait permettre une baisse de 21 % des émissions de GES entre 1990 et 2018, les émissions régionales n’ont diminué que de 9 % et on même rebondi en 2014 (+2% entre 2014 et 2018). « L’évolution des émissions des gaz à effet de serre n’est pas linéaire. Il y a des variations et des pics qui sont liés aux années où l’hiver est particulièrement rigoureux », relève Dominique Tilak. Par ailleurs, les émissions d’ammoniac (issus des engrais azotés utilisés dans l’agriculture) ont légèrement baissé entre 2008 et 2014 (-2%) avant d’augmenter significativement (+9%) jusqu’en 2018.
Difficile toutefois de savoir si la région fait figure de mauvais élève en la matière, faute d’éléments de référence. « Ces chiffres ne peuvent pas être comparés à ceux d’autres régions ou même à l’échelle nationale car nous ne disposons pas de données équivalentes », regrette Agnès Langevine.
Responsable de 63 % des émissions d’oxyde d’azote et de 42% de gaz à effet de serre, le trafic routier est la principale source de ces pollutions atmosphériques. Pour sa part, le chauffage du secteur résidentiel et tertiaire pèse pour 52% dans le volume total de particules fines PM2,5 émises dans la région. Deux secteurs ou la modernisation du parc (automobile et de chauffage) à eu un impact important et où des pratiques vertueuses peuvent encore améliorer la situation. « Baisser son chauffage de 20 à 19 °C permet de réduire de 7 % sa consommation énergétique et, donc, le volume de polluants émis », conseille Dominique Tilak.
« Les ZFE produisent un changement de mobilité favorable »
Sur le plan du trafic, Agnès Langevine rappelle l’importance de privilégier les modes de déplacement actifs (marche et vélo) sur les déplacements de moins de cinq kilomètres, et les transports en commun. Par ailleurs, celle-ci défend la mise en œuvre des Zones à faible émissions (ZFE), comme c’est le projet à Toulouse.
« S’il est vrai que la réduction à 30 km/h en ville augmente la pollution individuelle des véhicules, dont le régime moteur est optimisé pour rouler à 70 km/h, cette baisse drastique produit un changement de comportement favorable. Cela donne de l’espace et du confort aux piétons et cyclistes et, grâce à l’augmentation du temps de trajet, rend plus intéressant ces modes de déplacement. Cela implique donc un report modal dont l’impact demeure favorable », explique la présidente d’Atmo Occitanie.
Une mesure jugée positive qui gagnerait encore en efficacité si l’industrie automobile développait des véhicules plus adaptés à la circulation urbaine. Que ce soit par des régimes moteurs optimisés en conséquence ou en réduisant le poids moyen des véhicules qui a augmenté, selon l’Ademe, de 30 % depuis les années 1990.
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