Inauguré officiellement en 1923, l’aéroport de Toulouse-Francazal n’a cessé de se transformer en 100 ans. Il va bientôt entrer dans une toute nouvelle phase avec la création d’un Campus des mobilités innovantes et décarbonées sur 38 hectares, pour le moment à l’état de friche militaire.
Lieu historique de l’aviation française, l’aéroport de Toulouse-Francazal, situé sur les communes de Portet-sur-Garonne et Cugnaux, n’a pas fini de faire parler de lui. Beaucoup de choses se préparent en effet du côté de l’aérodrome, dont l’inauguration officielle a eu lieu il y a tout juste 100 ans. Cette dernière remonte effectivement au mois de mars 1923. Francazal, premier aéroport public toulousain, était toutefois en activité dès 1911 depuis le premier vol de l’aviateur Roger Morin.
La plateforme signe une nouvelle page de son histoire quelques années plus tard. Le site accueille en effet la première base aérienne de l’armée de l’air française, nommée BA 101, en 1934. Mais avant de devenir une base militaire, l’aéroport intéressait aussi les industriels puisque la société du constructeur aéronautique Émile Dewoitine y réalise des essais de ses avions. Elle sera une des premières entreprises à investir les lieux. Aujourd’hui, les sociétés sont nombreuses à s’être établies à Francazal.
Effectivement, l’aéroport en compte aujourd’hui une trentaine spécialisées dans l’aéronautique et les nouvelles mobilités. Parmi elles : ATR, Tarmac Aerosave, Scalian, Sud Aero Formation ou Easymile, Hyperloop ou encore Aura Aero qui vient d’ailleurs d’annoncer le lancement de la création de son usine de 40 000 m2 dédié à la conception, la production et la livraison de ses avions à Francazal. Toutes ces entreprises ont fait leur arrivée au cours des dix dernières années, lorsque l’aéroport militaire se transforme en aéroport mixte et est divisé en trois.
Après la dissolution de la BA 101 en 2009, 170 hectares au centre du site deviennent un nouvel aérodrome, avec une piste accueillant de l’aviation civile et d’affaires et des hangars accueillant les entreprises. Il est géré depuis 2011 par la société d’exploitation de Toulouse-Francazal Aéroport (Sefta) et Edeis. Pour accompagner cette reconversion, 17 millions d’euros sont mobilisés. Des investissements qui ont permis de construire 1 500 m2 de nouveaux bâtiments et 1 800 m de piste. 35 000 m2 de locaux et hangars ont par ailleurs été réhabilités.
Mais ce nouvel aérodrome ne représente qu’une partie des activités de Francazal. Sur un terrain de 60 hectares au Nord du site, se trouve effectivement le premier Régiment du train parachutiste de l’armée de terre, spécialisé dans la livraison par air. Pour information, celui-ci a pour mission d’appuyer la projection et la mise en place au sol de la 11e brigade parachutiste. Il assure également le ravitaillement par voie aérienne de toutes les unités par aérolargage, aéroportage et aérotransport.
Au Sud de l’ancienne base militaire 101, sur 38 hectares acquis en janvier 2020 par Toulouse Métropole et situés à Cugnaux, se dessine le futur Campus des mobilités innovantes et décarbonées sous la forme de la création d’une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC). Des études urbaines sont en cours. La Métropole compte favoriser sur cette friche militaire « l’installation d’entreprises qui œuvrent en faveur des nouvelles mobilités terrestres et aériennes, utilisant des énergies non carbonées ».
Le Technocampus Hydrogène va notamment y voir le jour. Cet équipement a pour objectif de devenir un centre de recherche, d’essai et d’innovation technologique dédié à l’avion vert et à l’hydrogène vert. D’une surface totale de 10 000 m2, ce sera le plus grand centre européen de ce type.
Il doit notamment permettre « de soutenir les efforts de recherche d’Airbus visant à développer un avion à hydrogène décarboné et de contribuer à réduire à zéro les émissions nettes de carbone de l’aviation internationale d’ici à 2050 », précise la Région Occitanie. Ce technocampus sera financé à hauteur de 35 millions d’euros par la Région Occitanie et verra le jour en 2025 à Francazal.
Si l’aéroport Toulouse-Francazal a bien changé en un siècle, sa mue est donc encore loin d’être terminée. Le maire de Cugnaux se réjouit de ces changements. « Nous y voyons plus clair sur l’avenir de Francazal ces trois dernières années, après quelques périodes d’aléas depuis 2011. Beaucoup de projets n’ont pas abouti, là nous sommes dans le factuel », souligne Albert Sanchez. Il ajoute : « Il y a aujourd’hui un véritable projet économique entre la concession d’Edeis et la future ZAC ».
Selon l’élu, la transformation de l’aéroport est « une chance pour sa commune » qui compte « 2000 chômeurs ». En effet, il est prévu la création de 2500 emplois sur le site à l’horizon 2030. « Cela va créer de l’emploi indirect, dans la restauration et les services, notamment. Tout un écosystème autour de Francazal va se développer. Et nous sentons que ça commence déjà puisque des restaurants et moyennes surfaces ouvrent et des activités de loisir cherchent du foncier », note Albert Sanchez.
En plus du technocampus, la ZAC de Francazal devrait accueillir un parc sportif au Sud. « Cinq hectares sont réservés pour l’installation d’équipements publics, notamment sportifs. Ces structures seront ouvertes aux habitants de la ville et aux personnes sur le campus », annonce le maire de Cugnaux qui portera la création de ces équipements. Le projet prévoit aussi l’ouverture de sa commune sur l’aéroport. « Il n’y aura plus de barrières entre la ville et le site de Francazal », annonce-t-il.
Tout un chacun pourra ainsi se balader dans le campus, notamment sur la place d’armes où des restaurants pourront s’installer. Les travaux d’aménagement de l’aménagement public de ce campus ne sont pas prévus avant 2025 et devraient durer jusqu’en 2030. Il en est de même pour les premières commercialisations. Pour le moment, une concertation préalable vient d’être ouverte. Elle l’est jusqu’au 31 octobre 2023. Une enquête publique sera ensuite réalisée en 2024.
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