“Fenêtres sur le paysage” propose une démarche artistique à ciel ouvert sur les chemins de Compostelle avec la création d’œuvres d’art dans lesquelles il est possible de faire une halte ; cette collection d’œuvres-refuges a commencé en Occitanie, dans le Lot et l’Aveyron.
Ces œuvres singulières sont exposées non dans une galerie mais en pleine nature. Il est même possible de s’y faufiler, de s’y allonger, voire d’y passer une nuit. Car il s’agit d’œuvres-refuges, un concept qui prend tout son sens sur les chemins de Compostelle.
À la manœuvre, l’association aveyronnaise “Derrière le Hublot” et l’agence des “Chemins de Compostelle” basée à Toulouse. La collection a commencé à Gréalou, dans le parc naturel régional des Causses du Quercy. En surplomb des falaises, la colline de Pech Laglayre attire les Hommes depuis toujours. En témoignent les dolmens environnants. Ils ont désormais pour voisin Super Cayrou, un imposant abri de berger composé de deux “tentes” de pierre. Chacun peut venir s’y reposer et admirer la vue par le “fenestrou”. D’où le nom du projet : “Fenêtres sur le paysage”.
« L’enjeu pour nous est de réveiller et de révéler ces paysages pour créer des lieux d’étonnement. L’artiste propose un autre regard », explique Fred Sancère, directeur de Derrière le Hublot, scène conventionnée d’intérêt national. « Il s’agit d’inviter des artistes là où l’on ne les attend pas. Ce qui m’intéresse c’est que l’on puisse proposer à des pointures de créer sur un territoire rural comme le nôtre », ajoute-t-il. Ainsi le Collectif “Encore heureux” a-t-il créé “Super Cayrou” alors qu’il était au pavillon français à la Biennale de Venise.
Golinhac, petit village aveyronnais où passe le GR®65, est désormais marqué de l’empreinte d’Abraham Poincheval, connu pour ses performances d’enfermement, comme dans une boule granitique au Palais de Tokyo, à Paris. Il propose cette fois aux autres d’entrer dans une roche creuse qu’il a construite dans le petit bois en contrebas de l’église de Golinhac. « Être à l’intérieur est une expérience magique », dit-il, en tapissant les murs à la feuille d’or.
Chacun respecte un cahier des charges : l’œuvre doit être pérenne, offrir deux à quatre couchages et s’inspirer de matériaux ou de savoir-faire locaux. Ainsi à Livinhac-le-Haut, en Aveyron, Elias Guenoun a réalisé sa cabane en matériaux de réemploi. À Limogne-en-Quercy, dans le Lot, Sara de Gouy a opté pour une composante symbolique sur le Camino : la coquille Saint-Jacques.
D’autres refuges sont à venir sur le GR®65 : à La Romieu dans le Gers et à Saint-Alban sur Limagnol en Lozère. « Il y a la volonté que ça ne s’arrête pas là », assure Nils Brunet, directeur de l’agence des Chemins de Compostelle.
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