L’Occitanie regorge de sites méconnus qui témoignent pourtant de la richesse patrimoniale locale. Le Journal Toulousain vous emmène, hors des sentiers battus, à la découverte d’endroits caractéristiques de la région, qui figurent rarement dans les guides touristiques. Aujourd’hui, rendez-vous en Aveyron pour découvrir l’église romane de Saint-Jean-Le-Froid.
Nichée au cœur de la campagne nord-aveyronnaise, l’église de Saint-Jean-Le-Froid reste encore méconnue à l’échelle régionale. Pourtant, elle offre une vue magnifique sur les villages du Vallon, situés entre Rodez et Decazeville. On se trouve alors à 566 mètres d’altitude, sur un piton qui offre un panorama dégagé à 360 degrés. L’édifice est situé dans le village éponyme de Saint-Jean-Le-Froid. Aux yeux des locaux, c’est un véritable trésor. Le monument est autant une étape pour les sportifs qu’un haut lieu historique de pèlerinage.
Cette église, qui s’appelait autrefois Montbel, a toujours été un lieu de culte. Elle a d’ailleurs été construite à l’emplacement d’un autel païen où il était coutume de venir allumer des feux aux équinoxes d’été et d’hiver. L’édifice a été ensuite un lieu de pèlerinage où 500 à 600 personnes se rassemblaient le 24 juin, à l’occasion de la fête de Saint-Jean-Baptiste. Autre date importante pour le lieu, le 29 août, jour de la mort de Saint-Jean-Baptiste par décapitation. On venait alors solliciter les guérisons des dépressions, des maux de tête et des autres maladies. Aujourd’hui encore, cette tradition perdure.
En remontant le temps, on retrouve des traces de l’église dans les textes pour la première fois à la fin du XIe et au début du XIIe siècle. C’est à cette période que Pierre, évêque de Rodez, selon le livre “Al Canton Marcillac” de Christian-Pierre Bedel et les habitants de Marcillac, serait intervenu entre 1059 et 1071 pour la donation de cette propriété laïque à l’abbaye de Conques. Changement de mains, mais aussi changement de forme. L’église a continué à être façonnée au travers des années, une partie a été remaniée au XVIe siècle, pour conserver l’édifice en état. Puis, au siècle dernier, un clocher qui prolonge son chevet a été ajouté. De l’extérieur, elle présente un style roman simple. Mais l’intérieur est moins facilement visible puisque la plupart du temps, l’édifice est fermé.
Mais ceux qui ont la chance d’y pénétrer pourront découvrir une vierge de Pitié du début du XVIe siècle. Aussi appelée Pietà, celle-ci est dans l’art religieux, une représentation de Marie. Elle tient sur ses genoux Jésus-Christ au moment de la descente de croix, un épisode entre la crucifixion et la mise au tombeau. Au fond de l’église, on aperçoit une voûte en berceau, c’est ici le chœur de l’édifice. Dans ce décor sobre, on retrouve aussi un retable, placé derrière l’autel, daté de 1681. Il s’agit d’une construction verticale qui porte des décors sculptés, parfois peints. À cet endroit du mur, côté Sud, une fenêtre permet d’observer le paysage en direction de Marcillac.
Ce lieu méconnu du grand public est à la croisée de plusieurs villages, Marcillac, Mouret, Pruines et Nauviale, ce qui en fait un lieu de rendez-vous pour les habitants. L’église de Saint-Jean-Le-Froid est aujourd’hui fréquentée par les randonneurs. Elle peut être atteinte en 3h15 à pied depuis le cimetière de Marcillac. Elle est aussi accessible en voiture en une petite dizaine de minutes, depuis le même point de départ, en passant par Bramarigues et Gipoulou. Placé en hauteur, l’emplacement de l’église offre un dénivelé intéressant pour les sportifs. Le cadre est également agréable pour les autres visiteurs : les abords de l’église sont aménagés avec des arbres, de la verdure et des tables de pique-nique. Les habitués viennent ainsi entre amis ou en famille aux beaux jours pour profiter du lieu. Attention toutefois, l’édifice est rarement ouvert. Le 26 juillet, sauf si ce jour tombe un dimanche, une messe est célébrée vers 6h30 dans la chapelle qui ouvre donc ses portes. Pour découvrir et visiter l’intérieur, l’église de Saint-Jean-Le-Froid est ouverte à l’occasion des Journées du patrimoine.
Louise Viatgé
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