Constatant une « baisse historique » de la production de logements sociaux alors que la pression des promoteurs aggrave les tensions sur le marché de l’immobilier à Toulouse, l’ObserveR, l’observatoire local du logement neuf, appelle les bailleurs sociaux et les collectivités locales à redresser la situation en 2021.
Entre la pression des promoteurs sur le marché, la flambée des prix de l’immobilier et la frilosité des banques, de plus en plus de Toulousains peinent à se loger sans avoir recours à un dispositif d’aide. Dans son bilan de l’année 2020, l’ObserveR, un observatoire local de l’immobilier, fait état de 45 000 demandes d’attribution d’un logement social en attente, sur l’ensemble du territoire de la Haute-Garonne. Un nombre de dossiers resté sans réponse en hausse constante depuis 2015.
« Il existe un décalage toujours plus marqué entre les capacités budgétaires des habitants de l’aire urbaine et l’offre de la promotion immobilière », souligne l’observatoire local du logement neuf qui s’inquiète de la convergence d’une inflation structurelle du marché de l’immobilier et d’une « baisse historique » de la production de logements sociaux, en pleine crise économique.
Dans ce contexte, l’Oserver souligne « l’importance du rôle des bailleurs sociaux pour permettre l’accès au logement et à la propriété à des catégories de population exclues par l’offre déployée par les promoteurs immobiliers du territoire ». Tout en regrettant « une baisse historique » de la production de logements sociaux.
Une chute du nombre d’agréments accordés qui s’explique par la crise sanitaire et le report des municipales (ayant provoqué de nombreux reports, retards et annulations de projets) mais qui s’inscrit toutefois dans une tendance baissière observable sur les cinq dernières années. Ainsi, ce sont seulement 3 780 agréments de logements sociaux qui ont été accordés en Haute-Garonne, en 2020, contre 5 981 en 2016.
Par ailleurs, l’ObserveR relève que Toulouse métropole est à la traîne en matière de production de logement social. Avec 2 281 logements locatifs sociaux (LLS) réalisés en 2020 au lieu des 2 790 prévus (soit 81,8 %), l’intercommunalité n’atteint pas ses objectifs. Autre mauvais élève pour le territoire de la Haute-Garonne, le Sicoval, qui plafonne à 78 % des objectifs en matière de construction de logements sociaux. Quand la communauté de commune Muretain Agglo compense au niveau départemental avec 147,9 % de LLS livrés sur l’année passée.
Cette diminution de l’offre sociale conjuguée à une baisse globale de l’activité de promotion immobilière (-45 % de ventes et -13 % de stock disponible) rend les locataires toulousains toujours plus captifs de leur logement. En effet, confrontés à une hausse des prix due à un marché « sous offreur » sur l’aire urbaine de Toulouse et à « une décorrélation entre l’offre et les budgets », de plus en plus de ménages ont du mal à changer de logement pour l’adapter à leurs besoins. Ce qui provoque également, selon l’ObserveR, une diminution du taux de rotation.
Face à cette situation, l’observatoire local du logement neuf invite les collectivités locales à poursuivre et renforcer leur effort de production de logements sociaux. Notamment en dynamisant le travail en « partenariat » avec les bailleurs sociaux afin de « redresser la situation » et « faciliter l’accès à un foncier abordable ».
Une mission d’autant plus importante est cruciale que Toulouse métropole est toujours sous la menace de l’annulation de son Plan local d’urbanisme intercommunal -habitat (PLUi-H). Ce qui pourrait retarder encore la livraison de nouveaux logements. Que ce soit sur le marché libre ou dans le cadre de l’accompagnement à l’accession au logement.
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