Contre toute attente, les prix de l’immobilier à Toulouse et dans la Haute-Garonne ont fortement progressé en 2020, avec un volume de ventes quasi-record. Pour la Chambre des notaires, il est encore temps d’acheter.
« Surprenant, spectaculaire, incroyable ! » Philippe Pailhès ne tarit pas de superlatifs pour décrire l’évolution du marché de l’immobilier à Toulouse et en Haute-Garonne en 2020. Le vice-président de la chambre des notaires du département annonce d’abord de très importants volumes de ventes. Plus de 31 000 biens se sont en effet écoulés en 2020 en Haute-Garonne, soit le deuxième meilleur score de la décennie, après 2019. « Nous nous attendions à une baisse drastique, compte tenu des deux confinements. Mais en réalité, beaucoup de gens ont décidé de changer de cadre de vie et ont mis à profit ces périodes pour rechercher un nouveau bien », analyse Philippe Pailhès. La deuxième explication de ce fort niveau d’échanges tient, lui, à la crise : « L’immobilier est une valeur refuge et les investisseurs hauts-garonnais l’ont préféré aux actions en bourse. » Un phénomène qui se vérifie dans toutes les grandes villes françaises, à l’exception notable de Paris.
Encore plus impressionnant est le bond du prix de la pierre dans le département, tant dans l’ancien que dans le neuf, qu’il s’agisse d’appartements ou de maisons. À Toulouse, la valeur médiane est passée pour la première fois au-dessus de 3 000 euros le mètre-carré. « Il y a eu des augmentations à deux chiffres dans les trois quarts des quartiers. Cela fait plus de 15 ans que cela n’était pas arrivé », note Philippe Pailhès. Par exemple, dans le secteur le plus cher, celui de Saint-Étienne, le prix médian du mètre carré a progressé de plus de 16% l’an dernier, à 5 540 euros. « Le seul élément qui nous fait encore dire que Toulouse est plus abordable que la plupart des autres grandes villes, c’est le niveau des taux d’intérêt, qui a été divisé par trois en dix ans », explique le vice-président de la Chambre des notaires. La tendance haussière se confirme dans la plupart des communes hauts-garonnaises, à l’ exception de Castanet-Tolosan. Les prix de l’immobilier à L’Union et Balma étant encore plus élevés que dans la Ville rose.
Le spectre d’une bulle spéculative rode. En effet, la grande majorité des biens vendus en 2020 avaient été achetés il y a moins de cinq ans. « On garde moins longtemps, on vend plus vite : cela peut entraîner des effets pervers », prévient Philippe Pailhès. Selon lui, l’augmentation des prix pourraient s’assagir en 2021, mais ils ne baisseront pas. « Car les Toulousains ne semblent pas avoir peur de la crise. Ils prennent le risque de s’endetter sur 10 ou 15 ans, alors même que tout indique que les tissus industriel et social se dégradent. Peut-être sont-ils dans le déni », commente-t-il. Et si les échanges ont ralenti à la fin de l’année 2020, le vice-président constate qu’ils sont repartis à la hausse au cours du mois de février, qui est pourtant une période réputée calme en la matière. « Il est encore temps d’entrer sur ce marché. Avant que les taux d’emprunt ne remontent, à la faveur d’une reprise économique. Vu les prix actuels, la rencontre entre acheteurs et vendeurs sera alors très difficile. »
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