En un an, les volumes de transactions et les prix de l’immobilier se sont envolés, notamment à Toulouse et en Haute-Garonne. Les notaires pensent que 2021 sera une année record.
« Nous sommes en souffrance, complètement débordés… Je n’ai pas vu cela depuis au moins 15 ans ! » confie Philippe Pailhès, notaire à Toulouse et vice-président de la Chambre interdépartementale des notaires. « Paradoxalement, la crise ne touche pas du tout l’immobilier. Après le premier confinement, nous étions loin de nous imaginer que le marché redémarrerait aussi fortement ». Portés par des taux d’intérêt toujours bas, les acquéreurs s’arrachent des biens, dont la vente ne dure en général pas plus d’un mois. « Seuls les très grosses ventes, au dessus de 800 000 euros, ne décollent pas », nuance Philippe Pailhès.
« Il n’y a pas de pause sur les prix. Au contraire, la hausse s’accélère… On peut parler de flambée », concède Philippe Pailhès. En, effet, à Toulouse, le prix médian des appartements anciens fait un bond de 8,4%, à 3 130 euros le m², et de 3,8% dans le neuf, à 4 350 euros le m². Dans le département, la hausse est de 6% dans l’ancien et de près de 3% dans le neuf. Quant au prix des maisons anciennes, il a reculé d’autant à Toulouse (-3.1%). Mais il progresse de près de 4,5% en Haute-Garonne. Le prix des terrains à bâtir, eux, grimpent de près de 10%. « Cette augmentation des prix déclenche des ventes. Et, de plus en plus, après moins de cinq ans de détention des biens. Cela pourrait créer une bulle spéculative, où l’on achète et l’on revend à court terme… Si cela dure pendant deux ou trois ans, le marché explosera », prévient le notaire.
On retrouve la même tendance à la hausse des prix sur l’ensemble du territoire national. Pour preuve, le classement immobilier des 16 premières villes du pays demeure strictement inchangé par rapport à celui de l’année dernière, Toulouse occupant toujours la 7e place. « Lorsqu’en 2019 nous avions dépassé pour la première fois le million de transactions en France, nous pensions que cela ne se reproduirait pas de sitôt. Pourtant, cette année, les ventes pourraient atteindre 1,25 millions ». Les chiffres définitifs seront dévoilés en mars prochain.
Les professionnels de l’immobilier constatent une nette « modification comportementale », un phénomène d’exode « semi-rural » chez certains acquéreurs, directement lié à la crise sanitaire. « À cause des confinements, beaucoup de gens ont recomposé leur vie et leur activité professionnelle. Ils ont vendu leur appartement pour acheter une maison. Et ils ont souvent quitté la ville pour la première ou la deuxième couronne, ou bien pour des départements limitrophes à la Haute-Garonne », détaille Philippe Pailhès. Ainsi, dans le Tarn, le Tarn-et-Garonne ou le Gers, « il ne s’est jamais vendu autant de biens ».
Selon les notaires, l’année 2022 devrait être marquée par un ralentissement des ventes, notamment à l’approche de l’élection présidentielle. « En période électorale, on observe toujours un certain attentisme chez les acheteurs », rappelle Philippe Pailhès. La politique monétaire de l’Union européenne sera également déterminante. « Avec la reprise économique, les taux pourraient remonter et bloquer l’accession à la propriété à ceux dont le budget est limité. Les transactions seront donc moins nombreuses. Mais, quoi qu’il en soit, il n’y aura pas de baisse des prix à court et moyen terme », conclut le vice-président de la chambre des notaires.
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