Après les critiques virulentes de la Cour régionale des comptes, la majorité présentait une nouvelle étude de soutenabilité financière de la troisième ligne de métro ce jeudi 14 février en conseil métropolitain. Une réévaluation qui n’a pas dissipé les craintes de l’opposition.
Suite au rapport accablant de la Chambre régionale des comptes sur la gestion de la troisième ligne de métro toulousain, la majorité de Jean-Luc Moudenc a sorti les grands moyens pour démontrer la viabilité du projet TAE (Toulouse Aerospace Express). Dès le lendemain, Tisséo remettait au préfet une étude de soutenabilité financière afin qu’elle soit intégrée au dossier d’enquête publique qui démarrera dans quelques mois. Un nouveau de plan de financement qui a été au centre des débats ce jeudi 14 février lors du conseil métropolitain.
Présenté par Sacha Briand, vice-président de la Métropole en charge des finances, le document mise entre autres sur des recettes commerciales supplémentaires bien plus importantes que celles estimées dans le dossier d’enquête publique de 2016 (35 millions contre 23 millions). Notamment une hausse des tarifs de transport et de l’exploitation d’espaces publicitaires. Autre levier d’action : le versement transport, une taxe acquitée par des entreprises desservies par les transports de l’agglomération. « Étant donné la croissance économique et démographique et le phénomène de métropolisation de l’emploi, nous avons réévalué à la hausse ce versement », ajoute Sacha Briand. L’élu compte encore sur de nouvelles et hypothétiques subventions ainsi que sur une possible loi de financement, sur le modèle du Grand Paris.
Une présentation appuyée par le Conseil scientifique de Tisséo, organe créé en 2017 sur les préconisations de la Commission nationale du débat public (CNDP). Conviés au conseil métropolitain, Émile Quinet, son président et Robert Marconis, un de ses membres, ont donné un avis positif sur la rentabilité socio-économique de la nouvelle ligne, située « dans le bon premier tiers des projets comparables à l’échelle nationale », selon le premier.
L’étude est pourtant loin d’avoir convaincu l’opposition, qui pointe du doigt de nombreuses incertitudes et des hypothèses largement surévaluées. « Ce plan, qui s’appuie sur des recettes imaginaires et des spéculations fantaisistes, n’a qu’un but : faire passer les élections de 2020 pour attendre de revoir sérieusement les choses », a notamment lancé le socialiste Claude Raynal tandis que Marc Péré, pour le groupe Métropole Citoyenne, a réclamé un audit externe indépendant. « Personne ne remet en cause une troisième ligne de métro, mais nous alertons sur les risques liés à la dimension prise par le projet. Nous craignons un scénario à la LGV avec des incertitudes de financement qui retardent les autres investissements véritablement nécessaires au désencombrement de l’agglomération », a estimé l’élu écologiste Régis Godec.
Acceptant les critiques sur une interprétation de chiffres à propos desquels « il ne faut jamais être péremptoire », Sacha Briand assure que l’étude de soutenabilité « sera en permanence remise à jour afin de repositionner la ligne sur la trajectoire dès qu’il y aura des dérives ». Le maire de Toulouse et président de la Métropole, Jean-Luc Moudenc a, quant à lui, conclu les débats par un tacle appuyé à la Cour régionale des comptes, « bien moins compétente en matière de transports que le Conseil scientifique de Tisséo ». Tout en renvoyant sèchement les partisans du développement du ferroviaire vers la Région, « seule compétente en la matière ».
Commentaires
Max le 15/01/2025 à 19:18
Le métro de Toulouse est sous-dimensionné ! les voitures ne sont pas suffisamment larges. Les responsables en sont conscients, de très contraignants travaux afin de doubler la longueur des quais sont en cours. Ils devraient permettre de doubler la longueur des rames. C'est lamentable pour un équipement récent. Comment il est lamentable que la 3ème ligne ne s'arrêtera pas à l'aéroport. La ville de Malaga en Espagne dispose d'un métro correctement dimensionné alors que sa population est moindre que celle de Toulouse. Notre pays semble spécialiste des "ratages" coûteux. Résultat de l'incompétence de nos décideurs...