Depuis le 15 mars et pour une période indéfinie, de drôles de clichés habillent les murs de la librairie L’Exemplaire, à Plaisance-du-Touch. Ces « liseurs de journaux » comme les surnomme Sylvain Mauger, leur photographe, viennent du continent asiatique pour illustrer une habitude qui se perd : l’information.
Bangladesh, 2014. Des affiches propagandistes envahissent les boulevards et avenues de ce pays d’Asie du Sud. Les visages d’hommes politiques placardent les murs des quartiers de Dhaka. Caché derrière une stèle, au coin d’un trottoir, un jeune garçon lit pourtant paisiblement le journal. Cette scène de vie, immortalisée par Sylvain Mauger, photographe amateur, fait partie des 14 autres œuvres exposées à la librairie l’Exemplaire, à Plaisance-du-Touch.Pris en Thaïlande, à Singapour, en Inde ou en Asie du Sud, chaque cliché illustre la même scène. Des hommes et des femmes qui s’informent, feuillettent les journaux. « J’ai eu envie d’immortaliser ce moment qui se perd peu à peu », explique Sylvain Mauger. Muni de son Lumix, un appareil photo numérique, il saisit sur le vif cet instant « précieux ».
Ce n’est que la deuxième fois qu’il expose ses clichés : « J’aime les garder pour moi. Il n’y a rien d’égoïste, c’est plutôt intime. Je prends ces photos pour ma propre richesse, mon confort », explique le photographe amateur. Interpellé par la propriétaire de la librairie, une amie, il a pour une fois accepté de dévoiler ses photos qui, selon lui, « sont en lien direct avec l’essence du lieu où elles sont exposées », souligne-t-il. Un clin d’œil aux bibliophiles plongés, eux aussi, dans leur lecture au 26, rue des Pyrénées à Plaisance-du-Touch.
Aujourd’hui âgé de 52 ans, Sylvain Mauger a parcouru l’Asie, visitant une quarantaine de pays. C’est en 1993 qu’il prend son sac, charge son appareil et s’envole pour l’Inde. « Une fois arrivé là-bas, je me suis pris une énorme claque », se remémore-t-il. Quelques minutes après avoir posé le pied sur le continent, le photographe amateur est « abasourdi » par le paysage.
Crédit Sylvain MaugerPendant trois semaines, le jeune voyageur visite l’imposante mosquée Jama Masjid à Delhi, arpente l’emblématique mausolée du Taj Mahal, découvre les eaux du Gange à Bénarès. « Je ne pouvais pas passer à côté de tout ça », détaille-t-il. À peine rentré en France, il programme un autre voyage. Cette fois, il part un an. « J’ai alors été pris dans une boucle infernale de voyages incessants. Je partais un an, rentrais l’année qui suivait afin d’économiser et repartais encore », révèle l’ancien globe-trotteur.
« Ce rythme de vie, aussi enrichissant soit-il, reste très dur et fatigant », reconnaît le photographe amateur. Après 15 ans d’excursions, de petits jobs et grands voyages, Sylvain Mauger décide d’établir son nid à Toulouse. « C’est dans la Ville rose que nombre d’entreprises acceptaient de me reprendre entre mes voyages. Il était évident et plus facile d’y revenir quand j’ai décidé d’arrêter de globe-trotter », précise-t-il.
Aujourd’hui commerçant au Grand marché toulousain, il adopte un rythme de vie plus paisible. « Après avoir photographié l’architecture de Singapour, les paysages de l’Himalaya, la culture du riz et bien d’autres scènes, j’ai voulu prendre ma retraite », assure le voyageur du monde aujourd’hui Toulousain.
Salomé Dubart
Commentaires