SUIVEZ LE GUIDE – Quand elle se résume à observer une série d’œuvres et de longs textes d’explication, la visite d’un musée peut en rebuter plus d’un. Les musées toulousains l’ont bien compris et font preuve d’ingéniosité pour faire participer le public.
Enquêtes, chasses au trésor, visites théâtralisées ou nocturnes… Depuis plusieurs années, les musées de Toulouse débordent d’idées pour attirer les curieux. L’objectif est double. « Casser les codes, ne pas hésiter à mélanger les genres et les époques, ce sont des directives que j’ai voulu donner à mon arrivée en 2014», lance Pierre Espuglas, adjoint au maire en charge des musées. Mais aussi, encourager les familles toulousaines à (re)découvrir leur patrimoine à une période où la plupart des touristes étrangers sont repartis.
Aux Augustins, pour attiser la curiosité des visiteurs, les responsables de la programmation vont jusqu’à leur faire mener une chasse aux revenants dans le dédale des collections. Pour la soirée d’Halloween, le public sera plongé dans le noir : armé d’une lampe de poche, chacun devra résoudre des énigmes pour retrouver la trace de fantômes. Depuis plusieurs années, l’équipe fait notamment appel à l’association Culture en mouvements pour mettre en valeur son patrimoine à travers les arts du cirque et le théâtre. «La mise en scène et en lumière sont pensées pour dialoguer avec les collections et mettre en avant des détails historiques», explique-t-on aux Augustins. Des événements qui depuis deux ou trois ans font toujours le plein.
« Quand j’étais petite, le musée était un peu la sortie punition pour moi », lance Béatrice Forêt, comédienne. Devenue actrice, cette Toulousaine propose désormais aux adultes et aux enfants de prendre plaisir à se plonger dans l’histoire de la Ville rose. Au musée Paul Dupuy, elle enfile le costume de Miss Tinquiète pour amener les visiteurs sur les traces d’Antide Janvier. Cet horloger-astronome du XVIIIe siècle parti de rien qui réussit à devenir horloger du roi Louis XVI. «Je fais découvrir les collections à travers ces deux personnages, j’ai une valise avec des objets que l’on peut toucher, j’évoque des chansons qui parlent du temps, je fais aussi jouer les spectateurs au Roi et à la Reine, le but est d’avoir une approche interactive.» De quoi apprendre sans en avoir l’air les dates importantes des inventions techniques liées au temps.
Le temps d’un week-end, des codeurs, des bricoleurs, des guides, des communicants, ou de simples visiteurs vont transformer le musée Saint-Raymond en véritable laboratoire à l’occasion de Museomix. Lors de cet événement international, des équipes de bénévoles imaginent le musée du futur. Cette année, le musée Saint-Raymond représente Toulouse pour la première fois. Une quarantaine de hackers aura trois jours et deux nuits pour imaginer sept prototypes d’objets afin de faire découvrir les œuvres autrement. «Nous mettons tout à leur disposition, du matériel de bricolage, une imprimante 3D, un découpe laser, des legos, des gommettes, un casque de réalité virtuelle, des tablettes pour coder… Ils n’auront aucune limite à part celle du temps», s’enthousiasme Évelyne Ugaglia, conservatrice. «La période de l’Antiquité est souvent appréciée par les personnes âgées, le but est donc de l’ouvrir à d’autres publics». Tout au long du week-end, les amateurs pourront assister à ce marathon d’innovation. Et, le dimanche, venir tester gratuitement les prototypes qui en sortiront.
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