GOURDIN – Cachée dans sa petite niche, à hauteur d’yeux, la statue n’est pas la plus majestueuse du paysage toulousain. La sculpture de pierre d’une cinquantaine de centimètres semble représenter un petit homme avec un objet mystérieux à la main. – Gabriel Haurillon
Pour observer la sculpture, il faut d’abord la trouver. La rue de l’Homme-Armé est une dérivation de celle des Moulins, celle qui relie la rue de la Fonderie à l’avenue Maurice Hauriou. Benjamin passe justement à proximité pour aller déjeuner : « La rue de l’Homme-Armé porte ce nom à cause du bourreau qui vivait là, la statue doit le représenter », affirme-t-il d’un ton assuré. Quelques pas suffisent en effet pour se retrouver rue de la Hache.
L’hypothèse tient jusqu’à l’apparition de Macéo. Le garçonnet gambade et devance de quelques mètres Marie, sa mère. Habitants de la rue, ils s’arrêtent quelques minutes pour observer la statuette : « C’est un enfant qui porte un bout de bois. Il va faire “boum” sur le tambour ! », s’enthousiasme Macéo. Il est vrai qu’en y regardant mieux, l’accessoire ressemble à un bâton, qu’un bourreau aurait été bien cruel et besogneux d’utiliser pour une exécution.
« La statue ? Je ne peux pas vous en parler. » Clément travaille dans un bar de la rue et la question semble le gêner. « Spontanément, j’aurais pensé à quelque chose de phallique. » Effectivement, le personnage a bien trop de barbe pour être un enfant. La manière dont il tient son ustensile a également quelque chose d’équivoque. De petits objets comme un fer à cheval ou un porte-clefs ont été déposés dans la niche. Autant de choses que certains auraient pu laisser dans l’espoir d’obtenir une vigueur semblable…
L’indice décisif se trouve juste en face de la sculpture. Sous le panneau de rue francophone, son double Occitan conserve l’ancien toponyme : “Carriera del Salvatge”. La traduction est le précédent nom de la rue de l’Homme-Armé “La rue du Sauvage”. L’appellation est donnée à la voie au XVIe siècle du nom d’une auberge qui occupe les numéros 16 et 18 de la rue. « Cette auberge était tenue par Peyronet Delfau (…) qui fit sculpter comme enseigne, à l’angle de sa maison, la statuette d’un sauvage, armé d’une massue, malheureusement détériorée aujourd’hui par un amas de peinture. On sait qu’à la fin du XVe siècle, à la suite des découvertes du Nouveau Monde, ces figurations de sauvage se multiplièrent », explique Jules Chalande dans son ouvrage “Histoire des rues de Toulouse”.
Pas de bourreau donc, ni de lien avec la rue de la Hache, toute proche. Cela dit, avec la fonderie longtemps avoisinante, le sauvage aurait pu mieux choisir ses munitions. D’autant que la voie portera un temps, au XVIIIe siècle, le nom de rue de la Roquette.
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Commentaires
ADIN Gérard le 03/10/2024 à 20:43
Bonjour,
Ne manque-t-il pas quelques mots et êtes-vous sûrs de la date ? Il ne devait rester guère de "sauvages" à Toulouse en 1976...
« Cette auberge était en 1976 par Peyronet Delfau (…) qui fit sculpter comme enseigne, à l’angle de sa maison, la statuette d’un sauvage, armé d’une massue, malheureusement détériorée aujourd’hui par un amas de peinture. On sait qu’à la fin du XVe siècle, à la suite des découvertes du Nouveau Monde, ces figurations de sauvage se multiplièrent »
Cordialement,
Gérard ADIN