Très présente à Toulouse, la pratique du forró est mise en lumière depuis quatre ans par un festival hautement chaleureux, le Printemps du forró. Cette nouvelle édition qui se tient du 30 mai au 3 juin dans les quartiers Saint-Cyprien et Pont-des-Demoiselles, invite les novices aussi bien que les puristes du genre à se plonger dans cette riche culture venue du Brésil.
®Celine LajeunieIl suffit d’éplucher les programmations des cafés associatifs, des centres culturels ou des MJC pour s’en rendre compte. Depuis quelques années, un terme prend de plus en plus de place en ville : le forró. Une vague de fond qui a débouché, il y a quatre ans, sur la création d’un festival consacré à cette culture millénaire héritée des Indiens d’Amérique, miroir d’un Brésil plus authentique et plus traditionnel que celui incarné par la samba. « Même au Brésil, le forró n’est pas très reconnu. Pourtant, c’est une culture très riche qui englobe musique, chant et danse, ce qui est très rare. C’est pour montrer cet univers large que le festival est né », assène Carlos Valverde, artiste brésilien à l’origine de la manifestation.
Démarré à la MJC du Pont-des-Demoiselles, où Carlos Valverde officie en tant qu’intervenant, le Printemps du forró est soutenu depuis sa troisième édition par l’association Simbora et conquiert patiemment le public en répandant de la bonne humeur partout où il s’installe. « Le forró prend de l’ampleur car c’est une musique festive qui parle directement au corps. Dans un monde où chacun a tendance à vivre de son côté, cela permet de se rencontrer. D’ailleurs, en Europe, le succès est surtout basé sur l’aspect danse de couple. Notre but est de montrer que le forró est bien plus que cela, même si Toulouse est déjà très ouverte à cette diversité. C’est un terreau fertile pour la discipline avec une dizaine de groupes », analyse Lise, cofondatrice de l’association Simbora.
Il faut dire que le terrain avait été labouré il y a de cela une trentaine d’années. Dans les années 1980, les Fabulous Trobadors s’emparaient déjà des rythmes et des instruments du forró pour dresser des ponts entre la culture occitane et celle de la région du nordeste au Brésil, dont il est originaire. Un passage directement emprunté depuis par Carlos Valverde, venu à Toulouse pour étudier la musique traditionnelle occitane : « Des thèmes abordés aux instruments utilisés, les liens sont nombreux entre ces deux cultures populaires. Le forró a agi sur moi comme une découverte de mes racines. Il m’a permis de rencontrer mon pays, ma culture. J’ai envie de transmettre ça à mon tour ».
Chaque année, un instrument est mis à l’honneur par le festival. Après la rabeca (violon) et la pifada (flûte en bambou), place à l’accordéon ”oitos baixos”, bien connu dans nos contrées sous le nom d’accordéon diatonique, avec la présence du maître brésilien Heleno. En tout, 60 artistes sont conviés et une vingtaine de stages proposés. « Chaque journée est conçue pour montrer les diverses formes de cette culture. Mais aussi pour que chacun puisse participer. Que ce soit par le chant ou par la danse, on peut entrer très facilement dans le forró », ajoute Lise. L’origine du mot serait d’ailleurs dérivée de l’inscription ”For all” qui trônait sur les panneaux des bals forró au Brésil dans les années 1940. Et à la fin du bal, il est toujours de coutume que les musiciens quittent la scène pour se mêler au public. « C’est peut-être juste pour ce moment magique qu’on organise tout ça », glisse Carlos Valverde.
Infos pratiques : Du 30 mai au 3 juin, printempsduforro.festik.net
Un festival à taille humaine
Pour perpétuer l’ambiance conviviale du forró, des ateliers jeunes publics sont organisés afin que toute la famille puisse danser ensemble. Un ”forrómaton” permettra créer des souvenirs et l’association Simborra prévoit également des cours de portugais déambulatoires, adaptés à chaque lieu (bar, restauration, musique…).
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