Alors que les commerces non-essentiels et les lieux de cultes viennent d’être autorisés à ouvrir à nouveau leurs portes, les salles de spectacles devront attendre le 15 décembre avant de retrouver leur public. Une inégalité de traitement que dénoncent les professionnels du spectacle vivant.
Après une première polémique sur la nature non-essentielle des produits culturels, dont la vente avait été interdite dans les rayons des supermarchés, la place de la culture dans la stratégie de lutte contre l’épidémie de Covid-19 du gouvernement est, une fois de plus, mise en question. Toujours soumis à une fermeture administrative, les théâtres, cinémas, musées ou salles d’exposition devront attendre le 15 décembre avant d’accueillir à nouveau leur public.
Ce n’est pas le prolongement de cette mesure de restriction qui fait réagir les acteurs culturels, mais la différence de traitement qu’ils constatent entre le sort réservé aux lieux de cultes et aux lieux culturels. Ces dernier ayant été autorisé à ouvrir dès le 28 novembre. « Nous comprenons l’extrême complexité de la situation et la difficulté de déterminer quels sont les secteurs qui pourront reprendre ou non leur activité. Mais nous ne comprenons pas que les lieux de cultes ouvrent avant les salles de spectacle », s’étonne Eric Vanelle, le représentant régional du Synavi, un syndicat réunissant des professionnels des arts vivants. Tout en se félicitant que les fidèles retrouvent leur liberté de pratiquer, il dénonce une logique du ”deux poids deux mesures” problématique.
En effet, cette décision lui semble contradictoire avec la nécessaire neutralité de l’État face au fait religieux. « Nous avons du mal à accepter qu’un État laïque considère prioritaire l’ouverture des lieux de cultes par rapport à celle des lieux culturels. De fait, il juge la pratique religieuse plus essentielle que celle des arts. C’est un curieux signal qu’envoie le gouvernement. Il est plus important d’aller consommer et rencontrer Dieu. C’est seulement après, si on a le temps, qu’on verra si on peut aller au spectacle. En termes de symboles, c’est incompréhensible », regrette-t-il. Comme l’ensemble des organisations syndicales du secteur, le Synavi appelle à une réouverture immédiate des salles.
D’autant que l’ensemble des lieux culturels sont prêts à mettre en place, une nouvelle fois, des protocoles sanitaires stricts. « Nous pourrions parfaitement rouvrir avec les même règles que celles établies pour les lieux de cultes. Dans les deux cas, il y a un public qui assiste à quelque chose », insiste Eric Vanelle. Celui-ci rappelle également que, depuis le début de l’épidémie, aucun cluster n’a été signalé dans une salle de spectacle.
Mais ce qui inquiète surtout le représentant syndical, c’est le manque de visibilité. « Cette alternance de confinements et cette incertitude est usante. Surtout pour les artistes et les petites compagnies. Annuler et reprogrammer des spectacles, cela peut représenter des mois de travail. Nous avons besoin de savoir où nous allons », défend Eric Vannelle qui regrette également que l’on se prive du rôle fondamental de la culture en pleine période de crise.
« Nous aurions pu saisir l’occasion pour proposer des choses symboliques et s’émanciper de l’impératif de rentabilité. Et, puisque nous n’avons plus de billetterie, offrir des spectacles gratuits à un public empêché, avec des jauges réduite au strict minimum. Cela aurait du être une priorité », propose le représentant syndical. Une façon, pour lui, de conserver la fonction sociale des lieux culturels et d’alléger le poids du confinement.
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