À la veille du départ du Tour de France 2019, de nombreux fans de la Grande Boucle se préparent à suivre cette épreuve sportive si particulière. Réviser le parcours, étudier la liste des coureurs sélectionnés, faire son pronostic, prévoir une journée sur le bord des routes… au cours des prochaines semaines, le Journal Toulousain vous dit tout ce qu’il faut savoir pour vivre le départ de Bruxelles depuis votre canapé, dans les bars de la ville ou sur le tracé.
©Yannick CarerQu’on le veuille ou non, nous sommes de nombreux addicts au Tour de France. Qu’y a-t-il de si jouissif ou de si important dans cette compétition extrême pour nous transformer, pendant trois semaines, en consommateurs de spectacle télévisuel ? Sans l’ombre d’un doute, plusieurs d’entre nous seront dans la foule du 17 juillet prochain pour accueillir l’arrivée du Tour à Compans-Cafarelli.
Pour Nelly, 34 ans, assistante maternelle, c’est le spectacle de la foule qui fait l’intérêt du tour : « Je serai avec les enfants à l’entrée de la caravane dans Toulouse. J’ai repéré un endroit près de la Cité de l’Espace où nous pourrons voir les coureurs sans trop de bousculade pour les enfants. Si je pouvais, ce serait sur les “Boulevards” que je voudrais être, au plus près du sprint ! »
La nostalgie que procure ce rendez-vous rituel explique aussi cette fascination. Pour Jean-François Portarrieu, député de Haute-Garonne, c’est une madeleine de Proust : « La première fois, c’était en 1979 au départ de Fleurance. J’étais avec mon oncle, un ancien coureur qui avait été le coéquipier de Jacques Anquetil… Nous avions dormi à la belle étoile et il m’avait raconté, toute la soirée, des histoires du peloton ! Et depuis, presque chaque année, en famille ou avec des copains, je suis sur le bord de la route du Tour. Le plus souvent possible dans un col des Pyrénées ! »
L’empathie que nous ressentons est un autre attrait de cette course. Aucun progrès technique ou médical, légal ou non, n’a diminué l’intensité dramatique de l’effort que produisent ces êtres humains sur leur machine. Est-ce du sadisme que de vibrer face au risque de chute ? Combien de questionnements philosophiques peut-on faire à partir du Tour de France ? Le coureur-philosophe Guillaume Martin en donne de beaux exemples dans “Socrate à vélo”, paru en février chez Grasset.
Toutes ces raisons de suivre le Tour sont charmantes, mais passent à côté de la plus excitante pour Jean-Pierre, un ancien salarié de France-Télécom. Pour lui, c’est le suspens et les paris. Depuis toujours, il suit le Tour. Mais depuis qu’il est à la retraite, c’est devenu le moment le plus important de l’année : « Essayez de pronostiquer au fil des minutes, au fil des jours, les coureurs qui vont remporter la victoire, et vous aurez très vite l’impression de devenir un expert en stratégie cycliste. » Ce mélange inextricable entre causes, conséquences et chance est une vraie leçon de vie. Pourtant, Jean-Pierre ne nous donnera pas son pronostic. « À cause des paris », confie-t-il.
Jean-François Portarrieu lui, s’y est risqué : « Ergan Bernal, un jeune Colombien qui peut créer la surprise. Mais surtout un coureur français sur le podium ! » Et si un coureur local était de la fête ? Le dernier Toulousain porteur d’un maillot jaune était Frédéric Moncassin en 1996. Même si les plus âgés d’entre nous s’en souviennent avec émotion, il serait temps de renouveler l’exploit, pour le plaisir de transmettre la passion.
Benjamin Cayrecastel
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