Le jour, ils se fondent dans la blanche façade de l’édifice. La nuit venue, trois anneaux entremêlés s’éclairent et affichent leurs rondeurs solidaires aux automobilistes du pont Pierre de Coubertin. Que symbolise cet étrange logo ? – Gabriel Haurillon
Des grésillements graisseux et un épais fumé de saucisse s’échappent d’une sandwicherie ambulante tandis qu’une cohorte de maillots violets rejoint l’île du Ramier. C’est soir de match au Stadium de Toulouse. Sur l’esplanade, Leïla et Jérôme trempent alternativement leurs doigts dans une barquette de frites et scrutent la façade ondulée des tribunes de presse : « Je pense que c’est trois ballons de foot pour symboliser les trois titres de l’histoire du Téfécé », explique Jérôme. « Tu crois ? Ce n’est pas des étoiles qu’on met normalement dans ces cas-là ? » lui rétorque Leïla par-dessus son écharpe bariolée.
Au-dessus, sur le pont, Abel et Sébastien observent de loin. Ils n’ont pas de places pour le match mais « viennent savourer l’ambiance », en voisins. À hauteur d’yeux, les trois anneaux ne les ont pas particulièrement interpellés. « Je pensais que c’était en référence à une marque de voitures allemande, mais c’est vrai qu’il manquerait un anneau », admet Sébastien. « Si ça se trouve, la marque devait sponsoriser le Téfécé et ça a foiré, du coup ils n’ont jamais mis le dernier anneau… » Dans ce cas, pourquoi avoir gardé le symbole lors de la rénovation pour l’Euro 2016 de football ?
Comme la plupart de ses confrères, Nicolas, journaliste sportif et habitué des travées du ‘’petit Wembley’’, cale sur la question des anneaux : « J’ai toujours cru que c’était le symbole olympique, mais que deux anneaux s’étaient cassés la gueule. » Cette interprétation est la plus fréquente du côté des supporters. Le stade municipal de Toulouse a d’ailleurs été pensé au départ comme un stade olympique. Une maquette de 1938 le montre même orné des cinq anneaux du baron de Coubertin. « Finalement, la piste d’athlétisme sera remplacée par un vélodrome et le stade ne pourra plus prétendre à l’olympisme », explique Patrick Boudreault, auteur du livre sur les “80 ans du Toulouse Football Club’’.
Les anneaux olympiques sont donc abandonnés et remplacés par trois anneaux entrelacés bleu, blanc et rouge. « Cela symbolisait juste le drapeau français, les architectes ont dû trouver ça joli », conclut Patrick Boudreault. Les images du Stadium de 1958 montrent bien les trois anneaux, mais au lieu d’être sagement alignés comme aujourd’hui, ces derniers sont agencés en triangle. « C’était le symbole du sport français à l’époque. Lors de la rénovation pour le mondial 1998, les architectes ont voulu les garder en les alignant. Donc ça ne symbolise plus rien », tranche Didier Pitorre, archiviste passionné du Téfécé. Dévoyé par le temps, ce logo devenu unique n’est-il pas, au final, tout simplement le symbole du Stadium ?
La rédaction
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