Alors que les chiffres évoquent une légère amélioration de l’artisanat en Occitanie, cette reprise met à nouveau en lumière l’enjeu central que représente l’apprentissage dans l’évolution du secteur.
© PxhereBien plus modérée que celle du secteur marchand, la sortie de crise est tout de même une réalité pour l’artisanat en Occitanie, selon l’édition 2017-2018 du baromètre publié par Maaf et l’Institut supérieur des métiers. Pour l’affirmer, ce dernier s’appuie notamment sur une légère hausse de l’emploi (+1%) dans les TPE artisanales de moins de 20 salariés. Un taux supérieur à la moyenne nationale plutôt stable. Au rayon des bonnes nouvelles, Vincent Aguilera, président de la Chambre des métiers et de l’artisanat en Haute-Garonne (CMA 31) observe également une augmentation de 4,3 % du nombre d’établissements ainsi que de celui d’apprentis (+2,6%) dans le département en 2017 : « La reprise est là, c’est indéniable. En revanche, on constate que sur le nombre d’entreprises créées, 60% le sont par des micro-entrepreneurs. Or, ces derniers n’embauchent pas et ne prennent pas d’apprentis. » Le baromètre Maaf-ISM confirme la tendance, le paysage de l’artisanat se compose de plus en plus de sociétés sans salariés. « Outre les éventuels soucis de concurrence déloyale avec les sociétés classiques, comme dans le secteur des taxis, le problème des micro-entrepreneurs est leur niveau de revenu qui reste très bas. On ne peut pas se satisfaire d’une reprise qui repose sur des éléments aussi fragiles », assure Roland Delzers, président régional de Union des entreprises de proximité (l’U2P).
Les chiffres ont en effet beau faire état d’une amélioration, les grandes difficultés du secteur demeurent, notamment la non-adéquation entre le besoin de main-d’œuvre et l’emploi. « Cela se sentait moins ces dernières années car les entreprises ne pouvaient tout simplement pas embaucher mais aujourd’hui, le besoin est de retour et les problèmes de recrutement avec », analyse Roland Delzers. Les acteurs de l’artisanat suivent ainsi avec beaucoup d’attention les débats sur la future réforme de l’apprentissage préparée par le gouvernement. « La Région Occitanie avait avancé des pistes sur la valorisation des statuts de l’apprenti et du maître d’apprentissage et sur les passerelles à mettre en place entre les différents niveaux, mais je suis inquiet du fait que la loi enlève justement des compétences aux Régions dans ce domaine », commente le président de l’U2P Occitanie. Pour Vincent Aguilera en revanche, la réforme va plutôt vers le bon sens : « On va enfin s’attaquer au problème dès l’orientation. Ensuite, la collecte des taxes d’apprentissage sera désormais assurée par un organisme neutre, l’Urssaf, et sera répartie par branches selon les réels besoins des métiers. C’est une vraie évolution. » Il en va pour le président de la CMA 31 de la santé économique du pays : « La question de l’artisanat est forcément liée à la désertification des cœurs de villes. En Haute-Garonne, plus de 6 000 artisans ont plus de 55 ans. Il faut aussi penser à la cession des entreprises pour lequel l’apprentissage est donc un enjeu majeur. La prise de conscience est là ».
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