Vingt ans après la dramatique explosion de l’usine AZF à Toulouse, l’incendie de l’usine Fibre Excellence de Saint-Gaudens, classée SEVESO seuil haut, ce samedi 15 mai, ravive les inquiétudes sur la gestion de ces sites industriels présentant des risques d’accidents majeurs. Voici la liste des usines concernées par des plans de protection des risques, à Toulouse et en Haute-Garonne, parfois installées à proximité de zone d’habitation.
L’incendie de l’usine Fibre Excellence de Saint-Gaudens, classée SEVESO seuil haut, a immanquablement réveillé le souvenir de l’explosion dramatique de l’usine AZF à Toulouse. L’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium, le 21 septembre 2001, avait entraîné la mort de trente et une personnes, fait deux mille cinq cents blessés et provoqué d’importants dégâts matériels dans la Ville rose. Aujourd’hui, en Haute-Garonne, 10 sites industriels présentant des risques d’accident majeurs sont classé SEVESO de seuil haut et soumis à un plan particulier d’intervention visant à protéger les personnes, l’environnement et les biens. Voici la liste détaillée des usines concernées.
Le site industriel Ariane Group (ex Herakles / ex SNPE), implanté sur l’île d’Empalot, l’une des îles du Ramier, au cœur de Toulouse, produit notamment des carburants pour des satellites ainsi que des composant du propergol, un mélange de comburants qui propulse les missiles balistiques et la fusée Ariane 5. Deux types de scénario d’accident majeur ont été identifiés : des rejets toxiques dans l’atmosphère, notamment d’ammoniac ou d’acide chlorhydrique, ainsi que l’éclatement du four, suite à la décomposition de perchlorate d’ammonium.
Téléchargez ici les consignes à suivre en cas d’accident.
Depuis 1963, la société Esso SAF exploite un dépôt d’hydocarbures liquides sur la zone industrielle de Fondeyre. Les différents carburants (essence, gazole et fioul domestique) sont livrés par train avant d’être stockés dans huit bacs dédiés en attendant d’être livrés dans les stations-service de la région par camions-citernes. Les risques d’accident industriel sont liés au caractère inflammable et explosif des hydrocarbures. Les effets les plus graves résulteraient de l’explosion d’un nuage de vapeur d’essence pouvant faire courir un risque à la population dans un rayon de 150 mètres et briser des vitres à 300 mètres à la ronde.
Spécialisée dans le recyclage des batteries au plomb, l’usine de la Société de traitement chimique des métaux (STCM) de Toulouse a été classée Seveso de seuil haut en raison des risques constitués par le stockage, entre autres, de près de 2,5 tonnes de batteries et de 1 550 tonnes de pâte de plomb en vrac. Les produits ainsi conservées sont constituées de matières inflammables pouvant être à l’origine d’incendies et de fumées toxiques. Le seul accident représentant un risque pour les populations, selon le plan de prévention des risques, serait l’émission de fumées toxiques produites par l’incendie de l’aire de stockage des batteries. Depuis la décembre l’année 2020, ce site à cessé ses activités de recyclage, notamment le broyage des batteries. Actuellement, la STCM a engagé des travaux de démantèlement et de dépollution du site qui devrait prendre fin d’ici la fin de l’année 2022.
Le Centre emplisseur Antargaz situé sur la commune de Boussens, reçoit, stocke et distribue du Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) utilisé, sous forme de propane ou de butane, pour le chauffage ou la cuisine. Cette usine ne réalise aucune transformation chimique et ne fait que du transfert et du conditionnement (mise en bouteille). Le stockage de gaz implique notamment des risques d’explosion et d’incendie (fuite de gaz enflammé). Afin d’accroître le niveau de sécurité, le centre est équipé d’un dispositif de détection des gaz et de feu et des chantiers de modernisation des installations sont périodiquement réalisés. Tout comme des exercices avec les sapeurs-pompiers et les services de l’État afin de tester les plans d’urgence destinés à maîtriser les conséquences d’un éventuel incident ou accident.
L’usine d’Estarac de la société BASF HCP à Boussens produit des matières premières intervenant dans l’industrie de la cosmétique et de la détergence, ainsi que dans d’autres secteurs d’activités : lubrifiants, peintures, additifs pour les transports, industrie du bâtiment, industrie du papier pour emballages alimentaires, encres et vernis… Ce site industriel est classé Seveso de seuil haut en raison de la fabrication en quantité importante de substances toxiques pour l’homme et les organismes aquatiques. Ces substances inflammables impliquent des risques d’accidents majeurs : explosion, incendie et fuites toxiques avec un impact majeur sur les populations et l’environnement.
La société Gaches Chimie, installée à Escalquens depuis 1967, est spécialisée dans la production de composés et solutions chimiques tels que des peintures aéronautiques, résines, colles, produits pour les piscines, silicones, etc. Le site d’Escalquens, est exclusivement destiné au stockage et au conditionnement de produits chimiques dits « de base » (que l’on retrouve dans les placards des consommateurs) dont certains, comme la javel, des acides ou des solvants, sont considérés comme dangereux. Notamment pour leur caractère inflammable, toxique, cancérigène ou nocif pour l’environnement. Il n’y a donc pas de transformation et de réactions chimiques sur ce site de 80 hectares qui est organisé selon un principe de fractionnement et d’éloignement des risques.
Les bons reflexes à adopter en cas d’accident à télécharger ici.
Le site Total de Lespinasse est un dépôt relais de produits pétroliers qui réceptionne, par wagons-citernes, des carburants qui sont stockés avant d’être redistribués par camions-citernes aux stations-service de la région ainsi qu’à celles de l’aéroport Toulouse-Blagnac. Même si l’activité du dépôt consiste en un simple transfert de produit, sans mise en œuvre de réaction chimique, le stockage d’hydrocarbures peut entraîner des risques d’explosion, d’incendie et de pollution des sols, des sous-sols et des eaux de surface comme souterraines.
Télécharger ici les consignes à suivre en cas d’accident.
Le site de Portet-sur-Garonne, actuellement sous la responsabilité de la société Linde France, est exploité depuis 1967 afin de produire et de conditionner différents gaz présents dans l’air. Le procédé de production de ces gaz consiste à fractionner, par distillation, les composants de l’air liquéfié. Les gaz spécifiques obtenus comme l’azote, présent à 78 % dans l’air, l’oxygène (21%) ou l’argon sont ensuite utilisés dans des domaines très variés comme l’épuration de l’eau, le traitement thermique ou la surgélation. Ces gaz sont ensuite conditionnés purs ou en mélange. D’autres gaz, tels que l’hydrogène ou l’acétylène sont quant à eux uniquement stockés sur le site. L’établissement est classé SEVESO seuil haut pour sa forte capacité de stockage d’oxygène (supérieure à 2 000 tonnes) incluant des risques de fuites massives pouvant entraîner un nuage, des risques d’incendie et d’explosion, d’asphyxie ou de dispersion toxique.
L’usine, implantée à Saint-Gaudens en 1959 sous le nom de « la Cellulose d’Aquitaine » et reconstruite en 1992 appartient, depuis mai 2010, au groupe Paper Excellence. Ce site industriel, qui vient de connaître un incendie ce samedi 15 mai, produit de la pâte à papier kraft blanchie. L’utilisation et le stockage de chlorate de sodium ainsi que de bioxyde de chlore justifie la classification Seveso seuil haut de ce site. Trois types de risques principaux ont été identifiés : la rupture d’un stockage de bioxyde de chlore, l’incendie complet du parc à bois et l’explosion d’un wagon de chlorate de sodium. Les études de dangers envisagent comme scénario majeur l’émission gazeuse d’une nappe de bioxyde de chlore. Par ailleurs, des résultats montrent que la dispersion d’un nuage toxique pourrait avoir des effets irréversibles sur la santé des habitants dans un rayon maximum qui fut tout d’abord estimé à 3500 mètres avant d’être réduit à 1380 mètres, suite à un plan d’investissements de sécurité.
Télécharger ici les consignes à suivre en cas d’accident.
La société Etienne Lacroix, implantée à Sainte-Foy de Peyrolières, est spécialisée dans la production de matériel destinés aux spectacles pyrotechniques. Le site, qui dispose d’un laboratoire destiné à la qualification des pièces d’artifice, ainsi que d’un centre de formation d’artificiers, peut fabriquer et stocker plus de 10 tonnes de produits explosifs. L’évaluation des risques inhérent à cette activité font état de scénarios, très peu probables, d’explosion d’un dépôt sans conséquence toxicologiques pour les populations. Une telle explosion pourrait néanmoins entraîner des blessures par projection de débris ou par simple effet de souffle (onde de pression). Pour éviter de potentiels effets dominos et des explosions en masse, les stockages d’explosifs sont fractionnés et séparés entre eux par des distances d’isolement conséquentes.
Commentaires
SOZZA Daniel le 12/02/2025 à 11:40
Je prends connaissance avec intérêt des informations que vous publiez. Je profite de la possibilité de laisser un commentaire pour dénoncer le projet amené par les tenants du projet fou de LGV du GPSO, de commencer les travaux d'aménagement de ses futures voies, à proximité du site SEVESO de Lespinasse, en totale ignorance de la règlementation sur le sujet.
Ref: Plan du projet sur le site GPSO
Textes règlementaires: Site INERIS AIDA
Association "Alternative LGV Midi Pyrénées"