Fact-Checking – Des internautes se demandent sur les réseaux sociaux si la Prairie des filtres a des horaires d’ouverture et de fermeture. Sur la Toile ou par téléphone, difficile en effet de trouver une seule et même réponse. Nous avons démêlé le vrai du faux.
Sur Twitter, à Gourmandise SF, qui cite la Prairie des filtres comme un de ses lieux de pique-nique préférés, Mili Cuisine précise : « Après avoir appelé la mairie et l’office du tourisme, ce n’est pas autorisé d’y aller après 21h. » Nous nous sommes prêtés au même exercice : l’office du tourisme nous a répondu qu’ « en janvier, cela ferme à 18 heures ».
La direction des espaces verts de la ville que le lieu « est ouvert 24/24h ». L’ambiguïté est identique sur toute la Toile, où les informations sur le sujet recensées par le plus célèbre moteur de recherche ne coïncident pas avec celles de pagesjaunes.fr ou de mappy.fr par exemple.
De son côté, toulouse-tourisme.com ne donne aucune précision horaire. Et mairie-toulouse.fr sème carrément le trouble : « Les jardins, qui ne sont pas en accès libre, ouvrent tous les jours à 7h45 (…) La fermeture intervient entre 18h et 21h selon la saison. » Cette formulation, qui laisse penser que tous les espaces verts de la ville sont soumis aux mêmes règles, aura certainement trompé les plateformes en ligne, quand il s’est agi pour elles de rédiger des informations pratiques sur la Prairie des filtres.
Il leur suffisait pourtant de lire l’arrêté municipal, téléchargeable au bas de la page, pour apprendre qu’il ne concerne que « les jardins publics et parcs clos », donc disposant de portails ou de barrières. Ce qui n’est pas le cas en l’espèce dans ce coin de la rive gauche de la Garonne. « C’est la raison pour laquelle la Prairie des filtres est dans une sorte de vide juridique. Elle dépend du service des espaces verts, mais n’est pas considérée par la mairie comme un jardin public, car son accès est libre 24/24h », tranche Bernard Coquil, le président de l’association des riverains. En conséquence, elle est bien ouverte la nuit et soumise à la même réglementation que celle qui a cours sur la voie publique.
Le prédécesseur de Bernard Coquil s’était battu, il y a une douzaine d’années, pour clôturer le lieu. Au point qu’en novembre 2006, le maire délégué du quartier, feu Jean Diébold, annonçait : « La fermeture du parc la nuit n’attend plus que l’autorisation de l’architecte des Bâtiments de France. » Manifestement, il ne l’a pas donné. « Depuis, le sujet a été glissé sous le tapis », rajoute Bernard Coquil, qui rappelle, qu’au XIXe siècle, « le site était cerné de grilles ».
Les membres de son collectif, résidant alentour, sont les spectateurs, souvent malgré eux, des nombreux évènements culturels ou sportifs dont la prairie est le théâtre, en particulier quand arrivent les beaux jours. Le festival Rio Loco en juin, les festivités du 14 juillet, les retransmissions de matchs – celles de la dernière Coupe du monde de football ont attiré jusqu’à 40 000 personnes – ou Toulouse Plage, entre la fin juillet et la fin août. Pendant ces évènements, l’accès au site, placé sous surveillance, est strictement interdit passé une certaine heure. Dans ces conditions uniquement, les visiteurs nocturnes sont priés d’aller voir ailleurs.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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