ELAN. Le tri sélectif ne suffit plus pour endiguer une production de déchets ménagers de plus en plus importants. Que peuvent faire les collectivités pour être plus efficaces ?
«Le tri sélectif est déjà sur de bons rails : il est connu du grand public et 67% de nos emballages ménagers sont déjà recyclés», explique Franck Chatelain, coordinateur réseau à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie d’Occitanie (Ademe). Mais si une partie de la population banalise de plus en plus ces gestes, dans la poubelle, il y a encore du boulot. «Il y a toujours un tas de déchets que l’on ne peut pas traiter. Aucun centre de traitement ne peut, par exemple, recycler le plastique fin que l’on trouve autour des packs de bouteilles d’eau. » Autre argument qui montre que le tri ne suffit plus, le poids de nos ordures ménagers a doublé en 40 ans. Nous consommons de plus en plus. Résultats : «Les matières premières s’épuisent, cela coûte de plus en plus cher au contribuable de faire gérer ses déchets, et les centres de stockage et lieux de traitement sont saturés.» Face à ce constat, l’organisme affilié au ministère de l’Environnement a donc décidé de changer de stratégie : le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Toulouse métropole, comme d’autres collectivités, s’est engagée par contrat avec l’Ademe en actant un programme local de prévention des déchets. Le but étant de réduire de 7% la production en cinq ans. Pour cela, la collectivité a plusieurs champs d’action possible. D’abord, elle peut agir sur ses propres locaux, effectifs et moyens, en minimisant leur production de détritus : «C’est le principe de l’éco-exemplarité », note l’expert. Elle peut aussi motiver les usagers, qu’ils soient professionnels ou particuliers à être plus vigilants via des campagnes d’affichage. La ville de Toulouse encourage ainsi les gestes du quotidien.
Depuis janvier dernier, le Sicoval a décidé quant à lui, de passer à la vitesse supérieure. L’agglomération du Sud-Est toulousain a donc mis en place un système de redevance incitative, encore très peu utilisé en France. En résumé, cela permet aux usagers du service public de collecte de déchets ménagers, c’est-à-dire les particuliers, les professionnels mais aussi les établissements publics, d’ajuster les coûts en fonction de leurs usages. Pour cela, la redevance est basée sur le nombre de fois où le bac des ordures ménagères est présenté à la collecte. Une manière pour la collectivité de répondre aux exigences du Grenelle de l’environnement et à la nouvelle loi sur la transition énergétique. «Au départ, ce n’était pas une mesure très populaire, mais cela a permis aux citoyens déjà motivés par le sujet, d’aller un peu plus loin et à ceux qui étaient réticents de passer le pas», explique Élodie Delmas, responsable du pôle déchet au Sicoval. Après quasiment un an de service, les résultats sont là «Les usagers sortent leur poubelle moins d’une fois tous les 15 jours et les projections annoncent une baisse de 20kg de la production d’ordures ménagères par habitant», se réjouit-elle. Si Elodie Delmas ne nie pas que la mise en place de la redevance incitative a été extrêmement complexe et a demandé beaucoup d’énergie et un travail d’équipe important, elle assure que cette solution est applicable partout « à condition d’un engagement politique fort. Avant de lancer, comme un appel du pied « c’est l’avenir, il faut que Toulouse s’y mette ».
A lire aussi :
Commentaires