Présenté comme le nouveau fleuron de la rive gauche par son promoteur, Kaufman & Broad, le programme immobilier comprenant un hôtel et des appartements de luxe sur le site de La Grave ne fait pas rêver les habitants du quartier Saint-Cyprien. Un recours gracieux contre le permis de construire a été déposé.
Toulouse serait-elle livrée aux intérêts des promoteurs ? Après la Tour Occitanie, un nouveau projet immobilier emblématique de la ville provoque la colère d’une association de riverains. Par la voie de sa présidente Christine Torrent, le comité ”Saint Cypr’ Quartier libre” vient en effet de déposer un recours gracieux contre le permis de construire délivré à la société Kaufman & Broad pour la réalisation d’un ensemble de quatre bâtiments, rue du Pont Saint-Pierre, dans le cadre de la réhabilitation du site de la Grave.
Sur une surface totale de 25 000 m², le projet prévoit un complexe hôtelier 4 étoiles, des appartements de luxe avec vue imprenable sur le dôme de la Grave, des logements sociaux ou à prix maîtrisé, ainsi que 800 m² carré de commerces en rez-de-chaussée. Un programme estimé à 100 millions d’euros qui a convaincu le CHU de Toulouse et l’Institut Claudius Regaud, anciens copropriétaires des lieux.
Les griefs sont nombreux et concernent en premier lieu la méthode employée. « Nous avons participé aux réunions de concertation sur l’ensemble du site qui se sont bien passées dans un premier temps. Malgré la décision de vendre à Kaufman & Broad, nos propositions d’intégrer au projet une crèche, une maison de retraite alternative ainsi qu’un tiers-lieu semblaient prises en compte dans les négociations jusqu’à ce que l’on nous dise que ce n’était plus possible du fait de la situation en zone inondable des lieux », raconte Christine Torrent.
« On continue d’exclure toute une catégorie de population »
Le comité de quartier, qui fédère environ 800 membres, regrette donc que le projet présenté dans les médias, et dont la mise en vente d’appartements sur plans a déjà commencé, ne corresponde plus aux discussions toujours en cours pour l’ensemble du site. Sur le fond, les riverains dénoncent le caractère luxueux du programme dans un secteur historiquement réputé pour l’accueil des populations les plus démunies.
« Nous avons obtenu satisfaction sur le fait que les centres de soins à destination des plus précaires soient préservés et installés dans le carré de la cour de la maternité de La Grave mais nous avons des inquiétudes sur leur maintien dans l’avenir. De plus, il y a derrière ce projet clinquant, dont les prix sont exorbitants, une forte dimension symbolique. On continue d’exclure toute une catégorie de population », estime Christine Torrent.
Mais c’est surtout sur la forme que porte le recours contre le permis de construire. Démolition d’édifices récents, modification sans études préalables des rues adjacentes, fragilisation des sous-sols, impact du chantier sur le voisinage, incompatibilité des perspectives avec la réglementation des Bâtiments de France, l’association avance de nombreux arguments pour remettre en cause le projet tel qu’il est présenté et revenir aux premières négociations ainsi qu’à une appréhension globale du site. Deux journées de visite et d’information seront organisées les samedi 15 et dimanche 16 décembre pour renforcer la mobilisation. Ce programme immobilier d’envergure, dont la livraison est prévue d’ici 2022, pourrait ainsi faire l’objet d’une nouvelle bataille juridique.
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