Étape 1 – Le diagnostic
« Ce n’est pas que tu n’en fais jamais, mais il faut te tendre la perche ». Voilà le constat cinglant que me fait un proche quand je lui parle de ma mission. Mais selon Kevin Chassangre, psychologue à Toulouse, je ne suis pas la seule. « Cela dépend des individus, mais c’est aussi culturel. Contrairement aux États-Unis, en France on a du mal avec la réussite. Notamment dans le travail. On a tendance à considérer que complimenter va conduire à du relâchement ». Il me donne un premier conseil : « Si on s’inclut dans la formulation en disant ‘’ j’apprécie l’effort que tu as fait ’’ par exemple, on permet à l’autre de l’accepter comme tel».
Étape 2 – Dans la rue
Pour me lancer, je décide de faire un premier test avec des inconnus. Direction la sortie du métro Jean-Jaurès. Je me poste avec un panneau ‘’Compliment gratuit’’. Non sans appréhension. Je m’attends à des réactions d’indifférence mais récolte en fait de grands sourires. N’ayant pas compris le concept, deux passantes me lancent : « Vous êtes très belle !», « Vous avez une super coupe de cheveux ! ». Une dame vient finalement chercher un compliment. Je lui dis : « Vous êtes souriante, je trouve très agréable de croiser des gens comme vous ». Elle me remercie et file sourire aux lèvres. Je pars reboostée pour la journée.
Étape 3 – Au travail
Comment m’y mettre avec mes collègues ? Pour m’aider, je contacte Abdessamad Bennani, fondateur de l’entreprise d’informatique AGX. Il a fait des compliments la clé de voûte de son management. Il conseille : « quand on fait un retour sur un travail ou un comportement il faut toujours relever les aspects positifs avant les négatifs ». J’essaye en adressant un mail à des collègues journalistes. « Je ne sais pas à qui tu écris mais tu as un grand sourire aux lèvres », me fait remarquer ma voisine de bureau. Signe que ces ondes positives font d’abord du bien à celui qui les envoie.
Étape 4 – Apprendre à recevoir
Après quelques jours de test, je remarque que j’ai plus de facilité à l’écrit qu’à l’oral. « Pour être à l’aise, il faut aussi apprendre à les recevoir » indique Kevin Chassangre. C’est aussi la conclusion d’Art-mella, auteur de BD de philosophie, qui a testé les vertus des compliments. « J’ai commencé par m’en faire à moi-même en me disant ‘’Tu es courageuse’’. Pour construire son estime de soi, il faut se donner de la reconnaissance », explique-t-elle. Abdessamad Bennani conseille aussi d’ouvrir dans sa boite mail, un dossier dédié aux compliments. « J’y range les messages où l’on me remercie pour mon travail. Et j’y reviens régulièrement. » Écoutant son conseil, j’y glisse un premier message reçu ce mardi.
Ce qu’il faut retenir
Après une semaine de test, j’aborde certaines relations de façon plus positive. Faire des compliments pousse à se focaliser sur la richesse de ceux que l’on côtoie plutôt que sur leurs défauts. Selon Abdessamad Bennani, c’est là que réside leur vertu. « Nous sommes les premiers à entendre ces paroles positives. C’est donc se faire du bien à soi-même ». D’après lui, on récolte les fruits au bout de quelques mois, je vais ainsi continuer sur ma lancée. Même si l’on ne change pas sa façon de fonctionner en quelques jours, c’est un comportement à la portée de tous, y compris des plus pudiques. Alors pour vous y mettre, pas besoin d’attendre la journée internationale du compliment, le 1er mars.
Commentaires