Sans blague ! Que l’actualité s’y prête ou non, rions un peu. Cela fait un bien fou à la santé et au moral. À tel point que les médecins préconisent 10 à 15 minutes de rire quotidiennement. Pour atteindre ce quota, de plus en plus de Français recherchent activement les moyens de mettre de l’humour dans leur vie, quitte à forcer le trait. À l’occasion de la journée internationale du rire, ce dimanche 5 mai, le JT est allé titiller des neurologues, consultants et autres yogis qui ne rigolent pas avec le bien-être.
« Un véritable médecin qui sommeille en chacun de nous. » C’est ainsi que le neurologue Henri Rubinstein décrit le rire, tellement ses bienfaits sont nombreux. Le spécialiste classe ces derniers en trois catégories. Musculaires d’abord : équivalente à de la gymnastique douce, l’activité s’apparente à un massage abdominal, facilitant par exemple la digestion. Respiratoires ensuite : en évacuant l’air de réserve qui stagne dans les poumons, elle a pour effet d’augmenter les défenses immunitaires ou d’éliminer une partie du cholestérol. Et enfin neurologiques : « Le mécanisme du rire, qui se déroule dans le cerveau des émotions, plus profond que le cortex cérébral où se situent la pensée et l’intelligence, produit de nombreux neurotransmetteurs comme l’adrénaline, la sérotonine, la dopamine ou l’endorphine. Des hormones qui agissent notamment sur la douleur, la mémoire, le sommeil… », détaille le professeur, qui a consacré plusieurs ouvrages au sujet.
Ainsi, selon lui, dans les services hospitaliers qui ont recours à l’association Le rire médecin (voir page 6), les antidouleurs sont en baisse de 30 %. Surtout, en rééquilibrant le système autonome nerveux, le rire protège l’organisme contre les méfaits du stress : infarctus, ulcères, hypertension, voire certains cancers. « C’est un réflexe vital qui participe à la sauvegarde de l’espèce », résume Henri Rubinstein.
Diabolisé à une certaine époque, longtemps attribué au ”petit peuple”, le rire est donc devenu de nos jours une affaire sérieuse. Avec toutefois un paradoxe : tandis que des enquêtes démontrent régulièrement que nous nous gondolons moins qu’il y a 30 ou 50 ans, l’humour n’a jamais été autant présent sur les ondes, dans les salles de spectacles, sur les réseaux sociaux et sur Internet. Une véritable société du LOL. « C’est un besoin instinctif qui s’exprime de plus en plus fortement dans un monde de plus en plus angoissant. Une forme de résistance qui a été utilisée de tout temps pour se protéger contre la violence », analyse le médecin, qui a aussi étudié sa fonction sociale.
Si le rire est un moyen privilégié de communication, capable de souder un groupe ou de rompre l’isolement, il n’est pas uniquement déclenché par des choses plaisantes ou agréables. Comme le rappelle le sociologue David Le Breton dans son ouvrage ”Rire. Une anthropologie du rieur” (Éditions Métailié), il peut ainsi être associé à la honte, à la timidité, à la raillerie, à la surprise ou encore à l’embarras et s’avérer aussi malsain qu’enfantin. Il est en tout cas toujours définissable dans un contexte. Or pour le chercheur, l’époque est plus à la dérision qu’à la corrosion. « Un rire pommade qui occulte les injustices, les désarrois et les inégalités sociales », écrit-il. Un produit commercial aussi, que l’on consomme sur des sites spécialisés ou dans des stages de rigologie, faute de le pratiquer naturellement. « Beaucoup de personnes sont dans l’hypercontrôle d’elles-mêmes. Arriver à lâcher prise découle d’une hygiène de vie comme le sport ou la diététique », conclut Henri Rubinstein.
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