Depuis le 28 mars dernier, la Haute-Garonne éprouve les emplois francs, le nouveau dispositif de l’État visant à favoriser l’embauche des habitants des quartiers prioritaires. L’objectif est porté à plus de 640 contrats signés d’ici la fin de l’année.
Emplois francs ©DR« À diplôme, âge et parcours équivalents, il est plus difficile d’accéder à un emploi pour les habitants des quartiers prioritaires », constate-t-on à la Préfecture de Haute-Garonne. Pour lever ce frein, l’État expérimente un nouveau dispositif : les emplois francs. Il s’agit, pour les entreprises, de bénéficier d’une prime pour toute embauche en contrat à durée déterminée de plus de six mois ou indéterminée d’un demandeur d’emploi issu des quartiers prioritaires de la ville (QPV). 5 000 euros par an pendant trois ans pour un CDI et 2 500 euros pour un CDD à temps plein. « Une réelle volonté d’agir efficacement dans des territoires où les conditions de vie sont plus dures qu’ailleurs », commente Étienne Guyot, préfet de la Haute-Garonne.
Le département est le seul en Occitanie à participer à cette expérimentation, depuis le 28 mars dernier. « D’ici la fin de l’année, l’objectif est de réaliser 643 embauches », précise Christophe Lerouge, à la tête de la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte). À ce jour, une quarantaine ont déjà été contractualisés, tous secteurs confondus. Le transport, l’hôtellerie-restauration et le bâtiment étant particulièrement réceptifs au programme.
Ainsi, Transdev Occitanie, spécialisée dans le transport de personnes, est l’une des premières entreprises de Haute-Garonne à s’engager dans le dispositif. « Simple d’accès puisqu’il suffit de constituer un dossier auprès de Pôle emploi. C’est une aubaine pour nous », confie Thierry Brunel, directeur régional de Transdev Occitanie. La société, qui a embauché 108 personnes en 2018, est en recrutement permanent et a déjà validé un emploi franc. Trois autres sont actuellement en cours, en CDI.
Du côté des demandeurs d’emploi, seule condition pour être éligibles à l’expérimentation : résider dans l’un des 19 quartiers prioritaires de la ville que compte le département, et être inscrit à Pôle emploi. Critères que remplit Madi Tamimou. Originaire de Mayotte, il vit désormais à Muret, dans une zone classée QPV. « Après une période de chômage, j’ai déposé ma candidature à un emploi franc et j’ai rapidement été contacté par Transdev », témoigne-t-il. Depuis mai dernier, il est chauffeur de bus et « fier de l’être ». « J’ai retrouvé une vie sociale et je m’épanouis dans ma nouvelle profession », confie-t-il.
« De nombreuses compétences se trouvent dans les quartiers »
Une démarche de discrimination positive que saluent la préfecture et Pôle emploi à l’unisson. « Nous savons que de nombreuses compétences se trouvent dans les quartiers, mais qu’elles sont bridées par des préjugés défavorables. Notre but est d’amener ces savoir-faire et les besoins des entreprises à se rencontrer », explique Michel Caujolle, directeur territorial délégué de Pôle emploi à Toulouse. Un objectif sur lequel le gouvernement fera le point en décembre prochain, date à laquelle se termine l’expérimentation.
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