GPS. Difficile de payer un loyer, lorsque l’on est jeune et fauché. Habitat Jeunes ô Toulouse du quartier de Jolimont, offre aux 16-25 ans un logement à loyer accessible. Un point de départ sur la route de l’autonomie.
«Est-ce que vous êtes prêt ?» lance une jeune femme à une vingtaine de jeunes réunis dans un coin de la salle de détente. Ce soir-là, à la résidence Habitat Jeune Ô Toulouse, une locataire prend l’animation en main, sous le regard bienveillant de trois intervenants socio-éducatif. Au programme : blind-test musical. L’ambiance rappelle celle des colonies de vacances, joviale et gentiment moqueuse. La musique démarre. Le groupe de résidents se concentre, se concerte. Soudain, l’un d’entre eux se lance : «Céline Dion, I’m Alive », dit-il fièrement. «Un point pour ton équipe», lui répond la maîtresse des jeux avec assurance. Les rires et les blagues fusent dans la salle.
Certains sont salariés, d’autres demandeurs d’emploi, viennent de quitter une cohabitation et sont sans logement, ou encore sont étudiants en rupture avec leur famille. S’ils ont une histoire et un profil différent, ils sont tous en voie d’insertion sociale et professionnelle. «Ici, 70% des jeunes gagnent moins de 700 euros», explique Estelle Valette, intervenante socio-éducative. Après avoir pris connaissance de leurs ressources financières et de leur situation professionnelle, cette structure partenaire d’Habitat Toulouse leur ouvre donc la porte d’un hébergement de transition.
«Je suis venue ici car je me suis fait virer de chez moi», explique Mélanie, 23 ans, qui rentre dans la salle de détente alors que La Javanaise de Serge Gainsbourg donne du fil à retorde aux participants du jeu. Depuis un peu plus d’un an maintenant, elle garde des enfants et fait des ménages pour payer les 173 euros de son loyer (Aide personnalisée au logement comprise). Aujourd’hui, elle se prépare à déménager vers un logement social. La jeune femme dresse le bilan de son séjour à la résidence et parle surtout d’une aventure humaine : «Avant d’arriver ici, j’étais une gamine, je comptais sur les autres. Ici, j’ai appris à me débrouiller par moi-même, mais aussi à partager.»
«Pour cela, à son arrivée, chaque personne doit remplir ce que l’on appelle un projet d’insertion», raconte Estelle Valette, qui travaille ici depuis 11 ans. Les jeunes s’engagent ainsi à remplir une série d’objectifs, établie au cas par cas. Cette feuille de route peut impliquer de passer le permis, de trouver du travail, de suivre des soins, ou comme ce soir, de participer à la vie collective. L’équipe d’encadrants organise ensuite un suivi régulier pour vérifier que tout se déroule comme prévu et pour réajuster les objectifs si besoin. «S’il échoue, on ne s’arrête pas là, et l’on se pose ensemble la question : qu’est-ce qu’il peut mettre en place pour que ça reparte ?» explique l’intervenante socio-éducative.
Sébastien, 22 ans, quitte la salle pour faire visiter sa chambre. Une pièce de 12 m² avec un lit simple, un réfrigérateur, un bureau et une salle d’eau. «Je me sens chez moi ici», raconte celui qui s’est installé dans les lieux en juin dernier. «Quand je suis arrivée, j’étais agent d’entretien et comme cela faisait un petit moment que je voulais changer de travail, les intervenants m’ont filé un coup de main pour trouver une formation.» Aujourd’hui, il est auxiliaire-ambulancier et gagne le Smic. «Sans cette résidence, je serais toujours bloqué chez mes parents à Lavaur», confie-t-il en refermant la porte de sa chambre pour rejoindre la salle de détente. «Cette résidence, c’est un tremplin pour les jeunes», conclut Estelle Valette.
Dans le dossier de cette semaine :
Les solutions pour aider les jeunes en situation de précarité
Trois aides pour les jeunes en difficulté
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