ON-OFF – 700 familles de l’agglomération toulousaine se sont lancées un challenge : faire attention à leur consommation d’énergie, d’électricité et d’eau pendant cinq mois. À travers le défi “Familles à énergie positive”, elles ont réalisé des économies substantielles sans aucun investissement financier.
Éteindre la lumière en sortant d’une pièce. Penser à ne pas laisser couler inutilement l’eau du robinet. Ne pas surchauffer son logement. Tous ces gestes semblent tomber sous le sens tant ils nous sont répétés. Chacun croit les respecter dans son quotidien. Et pourtant.
« Il y a une conscience des enjeux écologiques mais elle est assez abstraite. On note par ailleurs une augmentation constante de la consommation d’électricité de la part des foyers français, signe qu’il y a toujours pas mal d’ignorance sur les bons gestes pour la limiter », analyse Mathieu Oulmont, conseiller à l’Espace info énergie de Toulouse Métropole.
Cette structure a proposé à plusieurs foyers de l’agglomération de se lancer dans le défi Familles à énergie positive. Créé à l’échelle nationale en 2008 par l’association Prioriterre, le challenge s’est décliné à Toulouse sur trois éditions, jusqu’en 2017.
« Le but est de permettre aux participants de réaliser des économies d’énergie sur la base du volontariat et du jeu », explique Mathieu Oulmont. Pendant 5 mois, de décembre 2016 à mai 2017, des familles se sont regroupées en équipe. Objectif : devenir celle qui baissera le plus ses factures d’eau, de chauffage ou d’électricité.
Pour les accompagner dans leur démarche, l’Espace info énergie leur a distribué un kit comprenant des mousseurs à installer sur les robinets, des joints pour isoler portes et fenêtres, une ampoule LED. Mais aussi un wattmètre afin de mesurer la consommation d’électricité de chaque appareil ménager et du compteur général de l’habitation.
À cela s’ajoute un guide listant une centaine d’écogestes à mettre en place. Et qui balaye au passage certaines idées reçues. « Par exemple, à la cuisine, ce n’est pas forcément sur le four que l’on réalisera le plus d’économies », indique Mathieu Oulmont. « Le frigidaire est un des leviers les plus importants. Il est souvent réglé trop froid. On peut aussi l’optimiser en y rangeant les aliments que l’on souhaite décongeler, le frigo profite ainsi de la fraîcheur dégagée. Il faut également penser à le dégivrer deux fois par an ». Avec 4 à 5 mm de glace, la consommation du réfrigérateur est effectivement augmentée de 30%.
« On connaît de nombreux écogestes et pourtant on ne s’y met pas forcément », concède Séverine, 39 ans. Pour changer ses habitudes, cette habitante de Cugnaux a participé au challenge l’an dernier avec ses deux enfants et l’équipe “Jean et ses écogirls” formée par sept familles cugnalaises. Équipe qui a remporté le défi à l’échelle de Toulouse Métropole.
Séverine a notamment dit adieu à ses chauffages d’appoint et a même éteint celui des chambres. Elle a pris le réflexe d’aérer et d’ouvrir les volets dès le matin, installer un épais rideau devant sa porte d’entrée, brancher ses appareils électriques sur des multiprises à interrupteur pour ne pas les laisser en veille, ajouter une bouteille dans la cuve des toilettes pour limiter l’eau utilisée à chaque chasse tirée, dégivrer son réfrigérateur… « On chronométrait aussi le temps passé sous la douche. Le but était d’y rester cinq minutes. Mon fils voyait ça comme un jeu. Pour ma fille, ça a été plus compliqué, mais on s’y est tenus », sourit-elle. Autant de gestes qui, mis bout à bout, lui ont permis de réaliser 200 € d’économies sur sa facture d’électricité et 40 € sur celle de l’eau.
Pour ne pas que la motivation des premières semaines s’étiole, Amélie Delaire, animatrice au centre social de Cugnaux, a accompagné l’équipe tout au long du défi. Chaque mois, elle notait sur le site de l’Espace info énergie les consommations et progrès de chaque foyer. Elle a aussi coordonné des ateliers pour fabriquer des objets utiles. « Nous avons confectionné des boudins de porte avec des vêtements et des chaussettes usés ou des bouillottes garnies de grains de riz pour réchauffer le lit », détaille Amélie Delaire.
Au final, l’équipe de ‘’Jean et ses écogirls’’ a réalisé 31 % d’économies d’énergie. L’ensemble des équipes toulousaines, soit 170 familles, ont quant à elles économisé l’équivalent de la consommation énergétique annuelle de 60 foyers français (323 000 kWh) et l’équivalent de 30 357 douches (2125 m³ d’eau).
Malgré ces résultats encourageants, le défi famille à énergie positive est en suspens. L’association Prioriterre qui coordonnait cette action au niveau national s’est en effet vue retirer en 2017 une grande partie de ses subventions par le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.
À Toulouse, l’avenir du défi est aussi incertain. De leur côté, les familles cugnalaises participantes ont désormais des habitudes bien ancrées. « Aujourd’hui, c’est devenu un réflexe, on n’a même plus de besoins de réfléchir », lance Séverine, enthousiaste. « On a l’impression que ces petits gestes ne peuvent pas changer les choses, mais si tout le monde s’y met, cela produit des résultats importants », conclut Amélie Delaire.
Pour retrouver le guide des 100 écogestes mis en œuvre par les familles, rendez-vous sur :
toulouse-metropole.familles-a-energie-positive.fr
Dossier ” Comment réduire sa consommation d’énergie ? ” :
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