ESPOIR. Depuis 2004, la maison médicale de garde du quartier de La Faourette accueille les patients qui n’ont nulle part où se faire soigner. Une solution pour améliorer un système de santé qui ne répond plus aux attentes. Pourtant, les médecins volontaires qui y travaillent doivent se battre pour ne pas mettre la clé sous la porte.
« Docteur, docteur, tu ne vas pas me faire la piqûre ? », s’inquiète Janna, 4 ans, 16 kg, allongée sur le lit de la salle de consultation. Ce qui se passe ici ressemble à s’y méprendre aux activités d’un cabinet médical classique. Les malades arrivent au premier étage d’un petit immeuble du quartier de La Faourette, se présentent à Yasmina, la secrétaire, et attendent que l’unique médecin en service soit disponible. La différence est que nous sommes en plein week-end. Ce samedi, c’est le docteur Faure qui est de service et tente de faire ouvrir la bouche à Janna pour l’ausculter. Sa maman raconte : « Je viens la faire soigner ici car j’habite à Castanet et il n’y a pas de professionnel de garde là-bas ». Et quand on interroge les différents patients, tous ont la même réponse : impossible d’obtenir une consultation ailleurs. « À 19 heures, les généralistes toulousains branchent leur répondeur avec un message invitant les malades à se rendre aux urgences ou à appeler SOS médecins, et rentrent chez eux retrouver leur famille », explique Philip Persil, un généraliste du quartier Ancely qui est aussi responsable des lieux. La maison de garde est donc là pour repeupler ces moments de déserts médicaux. Pour cela, une petite vingtaine de docteurs volontaires s’organisent pour assurer une permanence de consultation les soirs de semaines et les week-ends. Un système qui devrait permettre aussi de désengorger les urgences. « J’y suis déjà allée, c’était de la folie, il faut compter deux ou trois heures d’attente même si vous venez pour quelque chose qui n’a pas l’air grave», raconte Rachel qui patiente sur une des chaises en plastique de la petite salle d’accueil. La jeune trentenaire confie que, sans la maison médicale de garde, elle aurait dû reporter sa visite chez un médecin à lundi, au risque que son état de santé empire.
« Nous voulons faire notre devoir de citoyen et de professionnel »
Pourtant, les gens ne se bousculent pas dans la salle d’attente de l’établissement : « Il y a des soirs où nous n’avons pas de patient », explique Philip Persil, frustré. « Nous voulons faire notre devoir de citoyen et de professionnel et pourtant nous sommes sous-utilisés. » Pour le responsable, les solutions sont évidentes : « Déjà, le service des urgences pourrait renvoyer davantage de malades chez nous, ceux qui remplissent les couloirs de l’hôpital et qui n’ont rien à y faire. » Parce que certaines personnes ont réellement besoin de ce service, celles qui ont seulement « une douleur ponctuelle et bénigne » seraient mieux reçues à la maison médicale.
Le médecin montre le radiateur mural tombé sur le sol de la salle et parle de la plaque d’informations cassée à l’entrée du bâtiment : «Nous avons besoin que l’Agence régionale de santé (ARS) nous donne plus d’argent», lâche-t-il à la fois las et combatif. « Nous sommes en sursis, si nous n’avons pas plus de moyens financiers, dans un an, nous fermons. » Le docteur Persil a donc établi un plan de bataille. Le mois dernier, il a fondé une association avec d’autres professionnels assurant la permanence des soins de la région. PDSA d’OC (Permanence de soin ambulatoire d’Occitanie) a pour but d’être «plus costaud face à l’ARS», leur principal financeur. Le responsable a bon espoir : « La maison médicale de garde de Lézignan avait les mêmes problèmes que nous et allait fermer. Ils ont gueulé et ont obtenu des fonds. Tous ensemble, on peut peser », confie-t-il en souriant.
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