SATISFACTION. Convaincu que la restauration de la confiance entre police et population passe par un retour à la proximité, quel que soit son nom, l’ancien policier Jean-Pierre Havrin aborde des pistes de réorganisation de l’institution afin qu’elle puisse assurer au mieux ses missions prioritaires.
Symbole de la police de proximité qu’il a initiée en tant que conseiller technique du cabinet du ministre de l’Intérieur, puis mise en place en Haute-Garonne durant son mandat de directeur départemental de la sécurité publique, Jean-Pierre Havrin a fait des liens entre la police et la population le combat majeur de sa carrière. « Il y a deux formes de police. Celle au service du pouvoir, basée sur la culture du chiffre et où l’on choisit les missions pour qu’elles soient rentables. Ou celle au service des citoyens qui se mesure au taux d’élucidations mais aussi de satisfaction de la population, un indice très important », résume l’ancien policier. Renforcer la confiance entre la police et la population serait donc avant tout une question de philosophie et de choix politique. Et s’il constate avec regret que le mot a aujourd’hui une connotation négative, Jean-Pierre Havrin n’en démord pas, la proximité est la solution la plus à même de répondre à la défiance mutuelle.
« Il n’y a pas de secrets. Cela prend du temps mais il faut mettre les policiers au plus près des habitants. Les gens n’aiment pas les flics mais ils aiment “leur” flic. Il faut les former en ce sens, c’est la meilleure méthode pour obtenir les renseignements qui manquent actuellement ». Lassé que l’on continue d’opposer prévention et répression, celui qui assure que la police doit marcher sur ses deux jambes pour être efficace estime que des solutions sont aussi à trouver dans la répartition des tâches de la police, pour mieux remplir ses missions prioritaires. « Quand j’étais directeur départemental de la sécurité publique en Haute Garonne, j’avais un effectif de 1 500 personnes. Or, chaque jour, au moins 20 % étaient mobilisés pour la justice : aller chercher les détenus à la prison, les présenter aux magistrats, la police des audiences, les gardes à l’hôpital… Puisque la sécurité privée est un secteur en pleine expansion, autant en prendre acte même si c’est regrettable et lui confier ce genre de missions. Si l’on faisait ce basculement-là, on aurait 20 % d’agents disponibles pour d’autres tâches. »
Conscient du temps perdu pour des raisons politiques et du travail de reconquête à effectuer, Jean-Pierre Havrin reste pour autant optimiste, notamment en ce qui concerne le travail de la police dans les quartiers populaires : « Il n’y a pas de zones de non-droit, juste des endroits où l’on ne veut pas aller pour ne pas avoir d’ennuis. » Ce dernier voit donc dans le plan annoncé récemment par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, qui a promis la fin de la politique du chiffre, une bonne nouvelle. Même s’il attend de voir pour juger si la police de sécurité du quotidien annoncée par Emmanuel Macron correspond à la révolution culturelle qu’il appelle de ses vœux. « Les caméras-piétons, les tablettes numériques, tous les moyens techniques permettant d’être le plus longtemps possible sur le terrain vont dans le bon sens. Reste à savoir si l’on va enfin poser le débat de l’équilibre entre la liberté et la sécurité que nous souhaitons avoir. »
Jean-Pierre Havrin
Ancien policier, il a été de 1997 à 1999 conseiller technique du cabinet du ministre de l’Intérieur. De 1999 à 2003, il a été directeur de la sécurité publique de Haute-Garonne et a coordonné le projet-pilote de police de proximité à Toulouse. Retraité en 2007, il a été de 2008 à 2014 adjoint au maire de Toulouse en charge de la sécurité.
Dossier “Police-citoyens : En quête de confiance” :
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