Les militants opposés à l’abattage des platanes à Blagnac, sur le chantier d’un terminus partiel sur la ligne de tram, demandent la plantation d’un millier d’arbres pour évacuer le chantier.
Depuis maintenant dix jours, deux grimpeurs du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA), une association écologiste, sont perchés dans des platanes à Blagnac, près de Toulouse. Ces derniers se sont installés dans les branches de deux des quatorze arbres qui devaient être abattus afin de permettre la création d’un terminus provisoire sur la ligne 1 du Tram toulousain, au niveau de la station Odyssud. Malgré la présence des militants, 12 d’entre eux ont déjà été abattus.
« Nous ne sommes pas là pour embêter le monde. Nous n’avons rien contre le Tram et les mobilités douces, au contraire. Mais on ne peut pas développer ces modes de transport au détriment de ces arbres qui sont protégé par la loi. Nous sommes là pour faire entendre leur voix », justifie Thomas Brail, le fondateur du GNSA France. « Le soucis, c’est que les décisions relatives à ce chantier ont été prises dans le secret des cabinets, sans consultation ni concertation avec la population. En plus d’une plus grande considération des arbres et du droit à respirer un air sain, nous demandons aussi plus de transparence et de démocratie », ajoute Thérèse Garnier, présidente de l’association Les amis de Blaganc écosol. C’est cette association, proche de groupe d’opposition Blagnac citoyenne écologiste et solidaire, au sein du conseil municipal, qui a alerté le GNSA sur la situation.
Le chantier qui démarre sur la station Odyssud de la ligne 1 du Tram vise à renforcer l’offre de transports sur une portion de la ligne, le temps d’acquérir plus de rames et en attendant l’ouverture de la troisième ligne de métro. En effet, la création d’un terminus partiel permettrait le ”retournement” d’une partie des rames et, en raccourcissant leur trajet, d’augmenter la fréquence sur une partie de la ligne. « C’est une étape qui peut permettre d’accélérer le déploiement de l’offre et de limiter à quatre minutes trente le temps maximal d’attente. C’était ça ou rester en l’état avec une fréquence insuffisante », défend Jean-Michel Lattes, président de Tisséo, le syndicat mixte en charge des transports en commun pour Toulouse métropole.
Une volonté de gagner du temps que comprennent les militants mais qui ne justifiait pas, selon eux, de sacrifier 14 arbres. « Il existait des solutions alternatives. Il était notamment possible de faire ce terminus une ou deux stations plus loin et, ainsi, d’épargner ces platanes », avance Thomas Brail, le fondateur du Groupe national de sauvegarde des arbres. « Repousser le terminus partiel le long de la ligne aurait un impact immédiat sur l’efficacité de ce terminus de l’ordre de 11 à 22 %. Et nous ne pourrions plus, alors, tenir le délais de quatre minutes trente », oppose Jean-Michel Lattes. « Tisséo à fait le choix de sacrifier ces arbres sur l’autel de la vitesse. C’est justement cette logique et ce besoin de vitesse qui nous mène droit dans le mur », regrette le militant écologiste.
Pour défendre leur action, les militants écologiste se basent sur l’article L350-3 du code de l’environnement qui protège les « allées d’arbre » et leur confère un statut de « patrimoine culturel et une source d’aménités, en plus de leur rôle pour la préservation de la biodiversité ». À ce titre, des dérogations spécifiques sont nécessaires pour permettre leur destruction. Des autorisations d’abattage qui ont bien été accordées par la préfecture mais dont les membres du GNSA contestent la légitimité. « Ces dérogations sont accordées dans le cadre d’une construction et non d’un aménagement. Ce qui est le cas ici », explique Thomas Brail dans une vidéo postée sur Facebook. Une interprétation de la situation que conteste formellement la mairie de Blagnac qui rappelle qu’il s’agit bien d’une ”construction” d’un terminus.
Par ailleurs, dès le début du chantier, la mairie de Blagnac s’était engagé à replanter 28 arbres. Soit le double du nombre de platanes devant être abattus. Une mesure de compensation insuffisante pour Thomas Brail. « Deux des sujets abattus avaient plus de 40 ans. Pour obtenir la même masse de feuilles et avoir la même efficacité de captation de CO2, il faudrait replanter 150 jeunes. Avec ce niveau de remplacement, il faudra attendre 20 ans pour atteindre l’équivalence. Mais nous n’avons plus ce temps là. Le dernier rapport du GIEC vient de nous le rappeler », alerte-t-il.
Suite à une réunion avec la mairie de Blagnac et des représentants de Tisséo, qui s’est tenue ce mardi 17 août, les militants ont décidé de faire une contre proposition à la mairie de Blagnac. En se basant sur le Barème d’évaluation de la valeur d’un arbre (Beva), un outil utilisé par les collectivités, ces deniers ont estimé à 37 000 euros le montant correspondant à la valeur marchande des arbres abattus. Dans un courrier envoyé à Joseph Carles, le maire de la ville, les associations demandent que la commune s’engage par écrit à replanter, dès l’automne 2021, des arbres pour une somme équivalente. « Si l’on se base sur une moyenne de 40 euros l’arbre tige, cela fait environ un millier d’arbres », estime Thomas Braille. C’est à cette condition que les grimpeurs du GNSA, toujours perchés dans les deux platanes restant, accepteront de redescendre sur le plancher des vaches, et de laisser le chantier redémarrer.
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