Dans le cadre de la commission de dénomination de voies qui se déroule aujourd’hui, les élus toulousains devraient adopter plusieurs noms de rues féminins. Celui d’Hassan Jandoubi, victime de l’explosion d’AZF, est également proposé par les conseillers municipaux d’opposition.
Il y a près de huit mois, les élus Archipel Citoyen François Piquemal et Hélène Magdo rappelaient que moins de 5 % des rues de Toulouse portent des noms de femmes. Leur objectif ? Faire en sorte que les trois quarts des noms proposés aux commissions de dénomination de voies de la mairie soient féminins. Une réunion se déroule ce mercredi 17 novembre et les conseillers municipaux du groupe d’opposition poursuivent leur ambition. Ainsi, cinq propositions devraient être validées aujourd’hui :
Dans un communiqué, François Piquemal et Hélène Magdo confient vouloir proposer quatre autres noms de personnalités qui ont marqué l’histoire de Toulouse et de la France.
Archipel Citoyen évoque le nom de Jeanine Messerli-Morisse. Née à Auch en 1921, elle est devenue résistante suite à l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 sous le nom de “Niquou”. Membre du réseau Prunus, elle est dénoncée en 1943 et forcée à se cacher dans plusieurs villages du Gers. La résistante est finalement arrêtée par la Gestapo, emprisonnée à Toulouse puis à Fresnes, avant d’être déportée dans le camp de Ravensbrück en Allemagne. Pendant de nombreuses années, Jeanine Messerli a livré son témoignage aux élèves en visite au Musée départemental de la Résistance et de la Déportation.
Le nom d’Antoinette Duclaire est également proposé. Elle était une activiste politique, militante féministe et journaliste haïtienne. Née en 1987, elle fut assassinée dans la nuit du 29 juin 2021 à Port-au-Prince. La journaliste a travaillé comme consultante dans plusieurs institutions et collaborait à la Radio Télé Pacific. Elle était également animatrice de l’émission “Ti Bat Bouch” sur la Radio Sans Frontière (RSF) et a co-fondé le média en ligne “La Repiblik Magazine”.
« Nous ne savons rien d’elles, à part leurs prénoms », expliquent les élus d’Archipel Citoyens. Ces trois femmes étaient des esclaves qui ont été utilisées comme cobayes, torturées et mutilées par l’un des “pères” de la gynécologie : l’américain James Marion Sims (1813-1883). « Ce chirurgien est resté dans l’histoire. Il a eu des statues à son effigie. Il était riche et célèbre, son nom est associé à un outil de gynécologie », s’indigne François Piquemal : « Ses victimes, ses cobayes, elles, n’ont jamais eu droit à la moindre reconnaissance ». C’est pourquoi leurs prénoms seront cités lors de la commission de dénomination de voies à Toulouse aujourd’hui.
Enfin, les élus d’Archipel Citoyen mentionnent “Hassan Jandoubi”, l’une des 31 victimes de l’explosion d’AZF le 21 septembre 2001. « Il a été accusé de manière injuste par certains protagonistes d’AZF, dont les avocats de Total, d’être responsable de l’explosion et assimilé à un terroriste islamiste », explique le conseiller municipal : « De par ses origines et sa religion présupposée, certains ont tenté d’en faire un bouc-émissaire ». Une « double peine » selon les élus qui souhaitent aujourd’hui lui rendre hommage.
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