Pour la CGT, la loi doit รชtre renforcรฉe et des moyens financiers dรฉbloquรฉs pour lutter plus efficacement contre les violences sexistes au travail.
Dans le code du travail, les agissements et violences sexistes nโapparaissent pas dans la liste des sujets de nรฉgociation obligatoires entre employeurs et reprรฉsentants des salariรฉs. Cโest une des premiรจres revendications de la CGT, qui met ร la disposition de ses membres un accord-type sur ce thรจme. ยซย Ils peuvent ainsi arriver avec leurs propres propositions et non celles du patronat. Cela permet de mettre en placeย un rรฉel plan de prรฉvention et de protection des victimes dans lโentrepriseย ยป, explique Sophie Binet, en charge de lโรฉgalitรฉ professionnelle au sein du syndicat.
Selon ce dernier, la prรฉvention commence dรจs que lโon arrive au travail. Dโoรน la proposition dโintรฉgrer au rรจglement intรฉrieur les dรฉfinitions des violences sexistes, sexuelles et des discrimination, ainsi que la politique de lโentreprise en la matiรจre. Ensuite, la sensibilisation doit concerner tous les รฉtages. Avec, une fois par an, des sessions auprรจs de tous les salariรฉs. Comme celles, dโune demi-journรฉe, mises en place par la CGT, au sein de la sociรฉtรฉ Eiffel et de la Cnaf. ยซ Cela permet aux collaborateurs de savoir de quoi lโon parle exactement et de se rendre compte que tel ou tel acte est puni par la loi. Quโune main aux fesses nโest pas un geste dรฉplacรฉ mais une agression sexuelle. Ou quโil ne faut pas accepter une proposition de dรฎner en lien avec une รฉventuelle รฉvolution de carriรจre ยป, rappelle Sophie Binet. Autre mesure prรฉventive, le dispositif de signalement des auteurs dโactes ou de violences sexistes devrait garantir la confidentialitรฉ, avec la mise en place dโadresses mails, de numรฉros de tรฉlรฉphone et de locaux dรฉdiรฉs.
ยซ Il faut mettre en place des mesures immรฉdiates de protection de la victime. Sans que celle-ci ne quitte son poste de travail, ce qui arrive souvent et reprรฉsente une sorte de double peine ยป, considรจre la reprรฉsentante. Une victime qui ne devrait pas pouvoir รชtre licenciรฉe, ยซ au moins pendant six mois, comme pour les femmes enceintes ยป. Parallรจlement, la CGT veut que lโagresseur soit suspendu sitรดt la commission des faits rรฉvรฉlรฉe. ยซ Une mesure de prรฉvention qui garantirait, en outre, lโimpartialitรฉ de lโenquรชte ยป. Celle-ci devrait รชtre menรฉe, selon le syndicat, en association avec les reprรฉsentants du personnel, ce qui nโest pas obligatoire en lโรฉtat actuel du droit du travail. Des efforts doivent รฉgalement รชtre faits pour lโaccompagnement des victimes. Elles doivent pouvoir bรฉnรฉficier dโune formation pour changer de poste, dโamรฉnagement de leur temps de travail, ou de la possibilitรฉ de rompre leur contrat de travail, sans prรฉavis et en conservant des indemnitรฉs de rupture.
La responsable de lโรฉgalitรฉ professionnelle de la CGT pointe les difficultรฉs rencontrรฉes par les aides ร domicile, dont le client est aussi lโemployeur. ยซ Comment voulez-vous quโelles dรฉnoncent un acte de violence ? Au prรฉtexte de la dรฉpendance ou de la sรฉnilitรฉ de la personne dont elles sโoccupent, elles acceptent beaucoup de choses. Et quand elles nโen peuvent plus, elles dรฉmissionnent ยป. Sโagissant des 35 % dโemployรฉs qui nโont pas de reprรฉsentant du personnel (dans les entreprises de moins de 11 salariรฉs), la CGT souhaite renforcer le dispositif des โโconseillers des salariรฉsโโ. Ceux-ci sont nommรฉs par les organisations syndicales pour assurer un accompagnement dans les procรฉdures de licenciement. ยซ Ils devraient pouvoir aussi intervenir en cas harcรจlement sexuel ยป, juge Sophie Binet.
ยซ Aujourdโhui, trop peu de moyens sont mobilisรฉs pour lโaccompagnement des victimes ยป, estime Sophie Binet. Elle regrette la suppression des Comitรฉs dโhygiรจne et de sรฉcuritรฉ au travail (CHSCT), ainsi que celle des dรฉlรฉgations uniques du personnel (DUP) dans les entreprises de 50 ร 299 salariรฉs. ยซ Nous avons perdus deux instances de proximitรฉ. Les reprรฉsentants sont ร la fois moins nombreux et plus รฉloignรฉs du terrain ยป, constate la syndicaliste. De mรชme, la prรฉsence dโau moins un rรฉfรฉrent harcรจlement par Comitรฉ social et รฉconomique (CSE) nโest pas suffisante ร ses yeux. Elle donne ยซ lโexemple de Cap Gemini, qui ne compte quโun seul rรฉfรฉrent pour 6000 salariรฉs. ยป Enfin, la CGT rรฉclame que ces rรฉfรฉrents harcรจlement sexuel et les membres du CSE, personnels des ressources humaines et dโencadrement reรงoivent une formation obligatoire.
Pour aller plus loin : le guide de la CGT pour “Combattre les violences sexistes et sexuelles”
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