Honorine, Jean et Naby vont, pour la première fois, admirer Toulouse d’en haut. Grâce à l’association Sportis, les trois réfugiés ont eu accès à des séances de sport gratuites, et ont pu profiter d’une randonnée sur les hauteurs de la Ville rose. Avec ces sorties, qui mêlent volontairement Toulousains et réfugiés, l’organisation souhaite contribuer à l’intégration de ces derniers en leur permettant de rencontrer des locaux.
« Quand je suis au foyer d’accueil, je stresse. Le sport me fait du bien. Cela me permet d’oublier mes problèmes et m’empêche de réfléchir », confie Jean, un Camerounais de 17 ans. Arrivé en novembre à Toulouse, il a fui son pays après avoir été gravement blessé. « Il y a beaucoup de conflits au Cameroun. On m’a coupé l’intérieur de la main sur plusieurs centimètres. J’en ai perdu une partie de son usage », raconte-t-il en touchant sa cicatrice du bout des doigts.
Même si le jeune homme va effectuer sa première randonnée sur les hauteurs de Toulouse avec Sport International Solidaire (Sportis), association de solidarité et de coopération par le sport, il est un habitué des activités organisées par l’ONG gersoise. Course, vélo, kinball (jeu collectif avec un ballon d’un diamètre de 1,22 mètre), Jean enchaîne les séances de sport depuis qu’il a rejoint Sportis en janvier dernier.
Pourtant, il n’était pas du tout sportif avant d’arriver en France. L’activité physique est devenue son exutoire. « Certes, ce n’est pas un besoin impérieux. Les réfugiés doivent en priorité s’occuper de leurs papiers, de trouver un logement, un travail… Mais, le sport répond à une problématique importante : être bien dans son corps et dans sa tête par ricochet », révèle Xavier Serry, directeur de Sportis. « Quand on fait du sport, on ne rencontre pas de difficultés. On va juste transpirer », ajoute Naby . Le jeune homme de 20 ans faisait du football, avant de devoir quitter la Guinée pour ne pas être emprisonné. Il y a quelques mois, il s’est mis à la course et au handball avec Sportis.
C’est grâce au projet “Toulouse-Sport-Réfugiés” que Jean et Naby ont pu profiter de ces séances de sport. Lancé en avril 2019 par Sportis, il a pour objectif de « permettre aux réfugiés une pratique régulière et de contribuer à leur inclusion dans la société », indique Xavier Serry. L’association leur propose ainsi différentes activités telles que la musculation, le foot à cinq et le basket.
Sportis travaille en partenariat avec plusieurs clubs de Toulouse et sa métropole. Parmi eux, Run In Toulouse, le Sporting Club Nord Toulousain, Yoga Tolosa ou encore le Toulouse Kinball Club. Pour les aider à s’intégrer, Sportis mise sur des sessions mixtes. « Nous ne faisons pas de séances en vase clos. Notre but est de mélanger les Toulousains et les réfugiés pour qu’ils puissent se rencontrer », souligne Agathe, en service civique au sein de l’association. En ce samedi matin, huit personnes sont venues faire la randonnée. Un groupe composé de trois jeunes femmes, membres de Sportis, trois réfugiés, d’une membre d’une association partenaire et d’une Toulousaine.
Pendant deux heures, les randonneurs marchent sur les hauteurs de Pech-David. Le départ est donné à Pouvourville. Chaussures de sport aux pieds, et bouteille d’eau à la main, ils se lancent dans leur périple. Naby et Jean, qui connaissent déjà les membres de l’association, semblent bien intégrés au groupe. Honorine, elle, est nouvelle. C’est la première fois qu’elle participe à une activité avec Sportis. Originaire de Centrafrique, elle a fui la guerre et est arrivée à Toulouse en août 2019. « Cela fait du bien de rencontrer des gens, surtout après le confinement », sourit-elle. Âgée de 60 ans, elle a souffert de la solitude ces derniers mois.
Pour permettre aux randonneurs d’échanger plus facilement, une pause goûter est prévue en haut de la colline de Pech-David qui surplombe Toulouse. De là-haut, le groupe a une vue imprenable sur la Ville rose. Sur une table de pique-nique, les randonneurs disposent leurs victuailles : gâteaux, chips et jus de fruits. Après l’effort, le réconfort. Loin d’être timide, Honorine profite de cet arrêt pour aller vers les autres membres du groupe. Agathe lui expose alors les multiples activités proposées par Sportis. La réfugiée est intéressée.
En tout, Sportis permet à une cinquantaine de réfugiés de bénéficier de séances de sport gratuites. Les prochains objectifs de l’association : les amener à devenir animateurs sportifs et les accompagner vers l’emploi.
Héloïse Thépaut
En attendant, des initiatives visant à faire du sport un vecteur d’insertion sociale fleurissent dans toute la France. Et ce auprès de publics très variés. Qu’il s’agisse de football en marchant pour que les personnes âgées puissent garder un lien social, de karaté pour que les femmes victimes de violence se réapproprient leur corps, ou d’athlétisme pour aider les autistes à maîtriser leurs angoisses. Un petit échantillon des nombreux projets que le JT met en exergue dans ce dossier du mois d’octobre.
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