Alors que le froid s’installe, si l’on mettait un peu de soleil dans nos assiettes ? Mais attention, pas question de relâcher la vigilance en se gavant de patates douces péruviennes, de grenades turques ou de kiwis chinois. Ces produits, comme d’autres venus d’ailleurs, sont désormais cultivés chez nous. On ne les trouve pas encore sur tous les étals de la région, mais ils offrent aux agriculteurs une alternative pour vivre mieux de leur travail. Certains aventuriers se lancent même dans des plantations jusque-là impensables sous nos latitudes, comme le thé. Le JT a tâté le terrain avec ces défricheurs de saveurs.
©PixabayLe Larousse définit comme exotique ce qui vient d’un pays étranger. C’est dire si la notion est large. Ainsi, beaucoup des fruits et légumes que nous consommons étaient-ils exotiques, avant d’être produits sur notre sol. L’olive est originaire d’Asie, tout comme la plupart des agrumes. La figue est née au Moyen-Orient. La pomme de terre ou la tomate en Amérique du Sud. Et peut-être que, bientôt, nous ne qualifierons plus d’exotique le kiwi, tant il pousse en France.
Première région agricole, l’Occitanie veille au grain. On y récolte plus d’un million de tonnes de fruits et légumes par an sur 60 400 hectares de vergers et de jardins. Et ce ne sont pas que des pommes, des melons, des courgettes ou de l’ail. « Les exploitants se diversifient pour dégager des sources de revenus supplémentaires qui leur permettent de vivre de leur métier. Ils s’orientent notamment vers le kaki, la grenade ou la patate douce. Il s’agit de marchés de niche qui peuvent s’avérer très rentables », constate Vincent Labarthe, vice-président de la Région en charge de l’agriculture. « Des groupements de producteurs se sont constitués afin de lancer ces nouvelles filières. Des filières d’avenir. Elles nécessitent souvent un matériel très spécifique, pour l’achat duquel nous apportons notre soutien. » L’Occitanie propose en effet un dispositif de financement des investissements des exploitants qui souhaitent développer leur activité.
Augmenter le nombre des espèces et des variétés est aussi une façon, pour les agriculteurs, de préparer l’avenir. Car toutes ne supporteront pas de la même manière les conséquences du réchauffement climatique, canicules ou prolifération d’insectes ou de champignons ravageurs… En la matière, les végétaux tropicaux sont parmi les plus résistants. Et ils ont la cote.
Le bureau d’études Kantar Worldpannel indique que chaque Français en consomme plus de 6 kilos par an, et que le budget qu’ils y consacrent a bondi de moitié entre 2011 à 2016. Certains aliments devenant très tendance : « Depuis cinq ans, la mangue et l’avocat connaissent une progression de plus de 25 % », remarque par exemple Interfel, qui fédère l’ensemble des métiers de la filière fruits et légumes frais. Selon cet organisme, c’est le résultat d’une nouvelle segmentation du marché et de l’arrivée de systèmes logistiques assurant aux produits d’être ‘’mûrs à point’’.
Des goûts qui ont parcouru du chemin : plus de 60 % des fruits frais consommés en France sont importés, indiquent les Douanes françaises. D’où l’intérêt de les introduire dans nos terres, insiste Vincent Labarthe, car « les Occitans expriment clairement leur désir de manger du local. Plus cela vient de loin, plus le doute est permis. » Mais, quel que soit le virage pris, la région ne deviendra pas pour autant un jardin de Babylone : 35 à 40 % des fruits et légumes que nous consommons ne peuvent pas être cultivés sous nos latitudes.
Exergues : « Des marchés de niche qui peuvent s’avérer très rentables »
« Les Occitans veulent manger du local »
Sources : Kantar Worldpanel 2016, Douanes françaises
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