Pour aller convaincre les électeurs, les militants continuent de pratiquer le porte-à-porte. Dépoussiérée, la méthode bénéficie aujourd’hui de l’apport d’outils statistiques.
Vieille comme le monde, la méthode du porte-à-porte a été remise au goût du jour à l’occasion de la course à la présidence de Barack Obama, en 2008. D’abord, avec un méticuleux ciblage des habitants : « Grâce à l’achat de bases de données, les militants avaient accès à tous les renseignements nécessaires sur les personnes qu’ils allaient voir », explique Romain Belkacem, coauteur de ‘’Frapper aux portes pour gagner les élections ?’’ (Politix, édition de Boeck).
Une façon de faire dont s’est inspirée l’équipe de campagne de François Hollande pour 2012, puis celle d’Emmanuel Macron pour 2017. « Avec une différence de taille : en France, les informations disponibles sont bien moins précises, basées uniquement sur les orientations du bureau de vote le plus proche », précise Romain Belkacem.
Sur le terrain, les volontaires sont équipés : tracts, accroche-portes — qu’ils laisseront à la poignée de ceux qui ne l’ouvre pas — écharpes ou vestes siglés aux couleurs du candidat. Ils fonctionnent en binôme, avec des profils variés pour maximiser leur pouvoir de séduction. « La conversation s’engage souvent avec des questions simples : “Vous vous plaisez dans votre secteur ?”. Pour embrayer ensuite sur des éléments de programme. L’interaction cesse dès que le document de campagne a été remis », rapporte le chercheur en sciences politiques.
Il ne sert à rien de s’attarder avec les individus acquis à sa cause ou qui ne le sont pas : ceux qu’il faut convaincre, ce sont les indécis ou les abstentionnistes. Si l’influence des opérations de porte-à-porte sur les résultats électoraux reste à démontrer, elles garantissent au moins que ceux qui ont eu le tract en main connaissent le candidat. Et elles assurent la cohésion des militants : « C’est un vecteur fort de mobilisation, un moment fondateur de la vie d’une section ou d’un parti. »
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
Voir les publications de l'auteur
Commentaires