Directrice du Centre europรฉen de recherche et de formation avancรฉe en calcul scientifique (Cerfacs), Catherine Lambert accumule les diplรดmes avec la mรชme facilitรฉ qu’elle rรฉalise des opรฉrations incommensurables. Sa vie comme son parcours professionnel s’articulent autour d’une variable exponentielle de questions et d’une constante : l’arithmรฉtique.
Diplรดmรฉe de lโInstitut polytechnique de Toulouse (รcole Enseeiht), puis chef du service animation technique et prรฉparation du futur au Cnes, l’agence spatiale franรงaise, Christine Lambert est aujourd’hui ร la tรชte du Centre europรฉen de recherche et de formation avancรฉe en calcul scientifique (Cerfacs). Elle est รฉgalement coprรฉsidente de lโassociation internationale Women in Aerospace Europe Toulouse. Spรฉcialiste des calculs lourds et nรฉcessitant de trรจs gros moyens logiciels, celle-ci n’a pas mis longtemps ร trouver le dรฉnominateur commun ร ses รฉtudes et son parcours professionnel. ยซ Ce sont les maths ! C’est toujours quelque chose dans lequel je me suis sentie bien ยป, confie cette fille de viticulteur, qui a expรฉdiรฉ toute sa scolaritรฉ avec deux ans d’avance. ยซ Mon pรจre, qui avait รฉtudiรฉ la chimie, nous a transmis, ร mon frรจre et moi, le goรปt des sciences et de la technique. Quand les cours se passent bien, on arrive trรจs vite ร math sup-math spรฉ. ยป
C’est peut-รชtre, selon elle, cette prรฉcocitรฉ qui explique son penchant pour l’algรจbre et l’innovation. ยซ Les mathรฉmatiques sont certainement une matiรจre plus accessible avec ce dรฉcalage liรฉ ร l’รขge. Pas besoin de maturitรฉ pour apprรฉhender les nombres. รtre trรจs jeune par rapport aux autres oblige ร dรฉvelopper une grande capacitรฉ d’adaptation et engendre une faรงon de voir diffรฉrente ยป, analyse la mathรฉmaticienne. ยซ Je me suis toujours beaucoup interrogรฉe. Dรฉjร , petite, je nโarrรชtais pas. Je voulais tout comprendre ยป, ajoute-t-elle avant de raconter son soulagement le jour oรน un professeur lui fait part de l’รฉnigmatique rapport Q/R. ยซ C’est le ratio entre le nombre de questions que l’on se pose et de rรฉponses que l’on obtient. C’est intรฉressant pour les personnes qui sont dans l’innovation. ยป
ยซ Ce qui mโintรฉresse c’est l’articulation formation-recherche-industrie. ยป
Aprรจs son diplรดme d’ingรฉnieur, cette toute jeune bordelaise venue faire ses รฉtudes ร Toulouse, passe un doctorat de traitement du signal et des images dans le domaine de l’aรฉronautique. Elle intรจgre ensuite le Cnes oรน elle conรงoit des logiciels de compression d’images pour des satellites. Au bout de 15 ans, on lui propose de gรฉrer une รฉquipe. ยซ ร ce moment, je me rends compte que ma carriรจre s’oriente vers le management. Et je dรฉcide donc de me former ร la direction d’entreprise, au sein de la Toulouse Business School. D’un cรดtรฉ, je m’รฉloignais de l’expertise technique, mais de l’autre, cela me permettait de m’รฉpanouir dans l’action collective, le travail en rรฉseau. ยป Dรจs sa sortie de l’รฉcole, elle est nommรฉe ร la direction du Cerfacs. ยซ Ce qui mโintรฉresse c’est l’articulation formation-recherche-industrie. Je suis persuadรฉe que c’est ce triptyque qui est source d’innovation ยป, conclut cette fรฉrue des nombres.
Le Cerfacs est un centre de recherche mutualisรฉ qui rรฉalise des calculs ร haute performance pour des entreprises privรฉes comme Airbus et par des organismes publics comme le Cnes, Mรฉtรฉo France ou lโOffice national d’รฉtudes et de recherches aรฉrospatiales. Des mathรฉmaticiens et des informaticiens y travaillent conjointement sur des supercalculateurs pouvant atteindre 240 teraflops. Des machines plusieurs centaines de milliers de fois plus puissantes qu’un ordinateur.
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