Complémentarité. Jobijoba, leader de la recherche d’emploi sur internet, vient de publier le premier baromètre de l’emploi de la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (LRMP). L’occasion d’une analyse inédite du marché actuel avec Anne-Julie Leserviget, spécialiste de l’emploi et RH au sein de Jobijoba.
Anne-Julie Leserviget, quelle est l’information principale à retenir de ce baromètre ?
Sur les offres d’emploi proposées, soit environ 100 000 au cours de l’année 2015, près de 61% étaient situées en Midi-Pyrénées contre 40% en Languedoc-Roussillon. Nous notons donc un écart conséquent entre les deux régions. Nous pouvons l’expliquer par des éléments démographiques et le taux de chômage relevé dans chacun des deux territoires : Midi-Pyrénées reste attractive, notamment sur les emplois-cadres, grâce à l’industrie aéronautique et spatiale, mais aussi le secteur de la santé tandis que Languedoc-Roussillon présente une démographie forte, mais aussi un taux de chômage très élevé, avec des emplois souvent saisonniers.
Ainsi, Languedoc-Roussillon fait-elle chuter les statistiques de Midi-Pyrénées en termes de création d’emploi ?
À ce jour, nous pouvons établir une photographie de la situation de l’emploi qui met en évidence un écart entre les deux régions, mais pas établir des relations directes de l’impact d’une région sur l’autre.
Lorsque l’on observe les bassins d’emplois, ou les grandes villes, nous nous apercevons que sur les 18 villes qui proposent le plus d’offres d’emploi, cinq se situent en Languedoc-Roussillon (Montpellier, Nîmes, Béziers, Perpignan et Alès) et cinq en Midi-Pyrénées (Toulouse, Montauban, Rodez, Albi et Tarbes). À cette échelle, la répartition est donc plutôt équilibrée.
C’est au niveau quantitatif que se fait la différence parce que les deux régions n’ont pas la même typologie. En Languedoc-Roussillon, nous retrouvons beaucoup d’offres qui concernent l’hôtellerie, la restauration, le tourisme et beaucoup d’emplois saisonniers. Plus précisément sur Montpellier, le commerce et la vente ainsi que la santé représentent les principales cibles des recruteurs. En Midi-Pyrénées, en revanche, l’articulation est différente puisque ce sont l’industrie, la Recherche et développement et les nouvelles technologies qui constituent la majorité des recherches.
En résumé, les deux régions peuvent être complémentaires, tout dépendant des politiques à venir.
« Tout dépend des politiques à venir »
D’après l’étude de Jobijoba, il semblerait que les villes de Languedoc-Roussillon soient plus pourvoyeuses d’emploi que celles de Midi-Pyrénées…
Le bassin toulousain regroupe à lui seul plus de 10 000 offres d’emploi quand Montauban, qui arrive juste dernière, n’en concentre pourtant que moins de 2 000. Tarbes, Albi ou Rodez sont loin derrière avec moins de 1 000 annonces. Le territoire est très déséquilibré en Midi-Pyrénées. Par contre, en Languedoc-Roussillon, si le bassin montpelliérain reste le premier pourvoyeur d’emploi (de 2 500 à 5 000), Nîmes se place juste derrière (2 000 à 2 500), suivie de près par Béziers et Perpignan (de 1 000 à 2 000). À eux deux, Béziers et Perpignan sont l’équivalent de Montauban. Ainsi, la répartition des offres par bassin d’emploi est plus régulière en Languedoc-Roussillon.
Cela tient à la nature même des emplois, car Toulouse qui recrute beaucoup dans l’industrie et la santé, a regroupé ses structures et donc concentré les postes sur un même site là où Montpellier et Nîmes embauchent dans des entreprises disséminées sur leur territoire.
Sur la région LRMP, plus généralement, quels secteurs recrutent le plus ?
Sur les offres en ligne en tout cas, c’est le commerce-vente (commercial, technico-commercial et vendeur) qui décroche la palme avec près de 17% des offres, puis vient la santé (médecin, infirmier et chirurgien) en deuxième position avec 16% des recherches ce qui peut s’expliquer par la présence du pôle de compétitivité Cancer-Bio-Santé à Toulouse. Pour finir, l’industrie (technicien de maintenance, technicien de maintenance aéronautique et assembleur-monteur) clôt le Top3 avec 14.5% des offres régionales. Là également, les particularités toulousaines influent sur les statistiques. Les métiers en tension sont ceux de la production, mais les estimations montrent que la R&D devrait reprendre le dessus en 2016.
Ce baromètre affiche des statistiques sur l’année 2015, donc avant la fusion effective des deux régions. Pensez-vous que le regroupement concret modifie ces données ?
Le commerce et la vente sont communs aux deux régions, mais l’industrie par exemple est plus représentée en Midi-Pyrénées qu’en Languedoc-Roussillon et démontre le déséquilibre des forces entrepreneuriales. La nouvelle distribution de la grande région va dépendre des politiques qui seront mises en place en matière d’emploi et de formations, mais aussi de l’attractivité économique qui sera développée. Des synergies pourront peut-être se créer sur le tissu industriel grâce à une gestion unique et cohérente permettant une répartition plus homogène.
Photographie de la répartition des offres d’emploi le 25/01/2016
Languedoc- Roussillon :
Commerce-Vente : 12%
Social, services à la personne 7%
Santé : 5.5%
BTP : 4.6%
Industrie : 4.5%
Midi-Pyrénées :
Commerce-Vente : 12%
Industrie 7.6%
Social-Services à la personne 6.8%
BTP : 3.9%
Informatique : 3.9%
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